La loi sur les hydrocarbures, adoptée en 2005 et amendée en 2013, est-elle devenue obsolète ? L'actuel gouvernement en est convaincu, puisque le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, vient de confirmer les déclarations d'Ahmed Ouyahia, qui avait, dès son (retour) au Premier ministère, annoncé sa volonté de réviser cette loi. Devant les membres de la Commission des finances de l'APN, Mustapha Guitouni a confirmé jeudi que pour le gouvernement, il est devenu aujourd'hui vital de revoir cette loi et de l'adapter au nouveau contexte économique national et international. 'La loi actuelle sur les hydrocarbures a été élaborée au moment où les cours de pétrole étaient élevés et de ce fait la fiscalité pétrolière a été élaborée sur la base de ces prix, mais avec le recul des prix, il est temps de revoir cette loi en vue d'attirer les investisseurs étrangers dans le but de renforcer les réserves nationales en pétrole, notamment après l'augmentation de la demande locale en énergie», a expliqué M. Guitouni. De plus, 'Sonatrach ne dispose pas des moyens de prospection, d'exploration, de forage, d'exploitation et d'exportation et le groupe n'est pas en mesure de faire face, tout seul, à l'augmentation de la demande locale en énergie'', a-t-il dit. 'La loi actuelle n'encourage pas les investisseurs étrangers à établir des partenariats avec le groupe à l'instar de ce qui se fait dans les grands pays exportateurs de pétrole», ajoute le ministre devant les membres de la Commission des finances de la chambre basse du Parlement. D'autant que la consommation locale de pétrole a évolué, passant de 210.000 barils en 2010 à 420.000 barils en 2017. Dès lors, une enveloppe de 78 milliards de dollars sera consacrée à l'investissement dans les hydrocarbures durant la période 2017-2021, la majorité de ces investissements étant destinés à la prospection et à l'exploration, selon le ministre. Par ailleurs, les recettes pétrolières se sont établies à 24 milliards de dollars à fin septembre 2017, en hausse de 23% par rapport à la même période de 2016. Cette hausse des recettes des exportations d'hydrocarbures est le résultat de l'augmentation du prix du pétrole algérien, qui s'est établi autour de 51 dollars le baril à la fin de septembre 2017, contre 43 dollars/baril durant la même période en 2016, soit une hausse de quelque 20%. A fin septembre dernier, les recettes fiscales provenant des hydrocarbures s'élevaient à 2.600 milliards de dinars contre 2.332 milliards de dinars durant la même période de l'année 2016, soit une hausse de 21%. A fin septembre 2017, Sonatrach avait réalisé 26 découvertes d'hydrocarbures contre 28 découvertes à la même période en 2016, indique le ministre. La production d'hydrocarbures commercialisée a augmenté d'autre part de 1,8% au cours des sept premiers mois de 2017 pour atteindre 122 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep), une progression réalisée grâce à l'augmentation de la production de gaz naturel, qui a couvert la baisse des autres produits, dont le brut, en application de l'accord de l'OPEP relatif à la réduction de la production de pétrole, explique le ministre de l'Energie. Pour rappel, l'Algérie s'était engagée, en vertu de cet accord, de diminuer sa production de quelque 50.000 barils/jour. Par ailleurs, la demande locale sur les carburants a été freinée par les dernières hausses des prix, a indiqué le ministre de l'Energie, selon lequel la consommation locale de produits pétroliers avait reculé de 2,9%, après l'augmentation du prix des carburants et la baisse des importations de véhicules. La consommation nationale d'énergie a connu une certaine stabilité par rapport aux années précédentes, atteignant 44 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep) à fin septembre 2017 contre 43 millions de Tep à la même période de 2016 (+0,7%). Pour le gaz naturel, la demande nationale a enregistré une légère hausse au cours des neuf premiers mois de 2017, la consommation ayant atteint 31 milliards de mètres cubes, en hausse de 3% par rapport à la même période de 2016, a précisé le ministre. Quant à l'énergie électrique, le secteur a enregistré une hausse de la demande, avec une consommation, qui a atteint 44 térawatts-heure à fin septembre 2017 (+8%) du fait de l'augmentation de la demande des ménages, alors que la production a atteint 54 térawatts-heure à fin septembre 2017 (+7%) par rapport à la même période de 2016. Le secteur poursuivra également ses efforts d'alimentation en électricité à travers l'ensemble du territoire national, et compte augmenter le taux de raccordement au gaz de ville de 56% à 65% à l'horizon 2019, poursuit le ministre. Autre sujet sensible abordé par M. Guitouni lors de cette séance, l'exploitation des gaz et pétrole de schiste. Le représentant du gouvernement a expliqué que le projet est en cours d'étude et que plusieurs études relatives à ce type d'énergie demandent des années de travail. Par conséquent, l'exploitation ne sera pas entamée à court terme, alors que le travail de sensibilisation pour ce type d'énergies fossiles est important, vu «la polémique» autour des gaz de schiste. Pour le gouvernement, l'exploitation des gaz de schiste 'assure l'avenir des générations futures'', alors que les technologies employées ont évolué avec moins de risques pour l'environnement, selon le ministre de l'Energie. Sur le dossier des énergies renouvelables, il a souligné que le programme de développement de l'énergie solaire se poursuivra avec la réalisation de 4.000 mégawatts à l'horizon 2021, et le secteur poursuivra le développement des capacités de production d'électricité, avec l'entrée en service de nouvelles stations à l'horizon 2021, dont la capacité totale est de 12.400 mégawatts, selon M. Guitouni. Quant aux hausses des prix des carburants contenues dans le projet de loi de Finances 2018, le représentant du gouvernement, s'agissant de leur effet sur le pouvoir d'achat des citoyens et les risques inflationnistes, a souligné que 'ces légères augmentations n'auraient pas un grand impact sur l'inflation ou sur le pouvoir d'achat du citoyen'', alors que la différence de prix dans le secteur agricole sera prise en charge par le fonds de soutien à l'agriculture. Pour lui, l'utilisation du Sirghaz, une énergie propre, est une des solutions pour les automobilistes de réduire leur budget. Le ministre a également plaidé pour une réduction de la consommation de carburants. L'Algérie produit près de 11,5 millions de tonnes de carburants par an (essence, gasoil et kérosène) alors que la consommation est de 15 millions de tonnes, soit un gap de 3,5 millions de tonnes, couvert par des importations avec une facture d'un milliard de dollars.