Le groupe français Ipsen a décidé de créer, en partenariat avec Isly Holding (un investisseur financier algérien), une société mixte spécialisée en oncologie. Cette usine dont la première pierre devrait être posée dès 2018 produira, en première phase, un produit traitant le cancer de la prostate, dès 2021. C'est ce qu'a affirmé hier Benoît Hennion, vice-président exécutif d'Ipsen, lors d'une conférence de presse tenue au Centre international des conférences à Club des pins à Alger. Cette décision de créer une société mixte franco-algérienne, en vertu d'un accord signé le 16 octobre 2017 avec Isly Holding et Ipsen, a été paraphée à l'issue des travaux de la 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), coprésidé jeudi dernier, à Paris, par les Premiers ministres des deux pays, Ahmed Ouyahia et Edouard Philipe. Ce projet, qui devrait être lancé dès 2018, est l'un parmi les onze accords de coopération signés entre l'Algérie et la France, touchant divers secteurs, à l'issue des récents travaux du CIHN. Mais a priori, et selon Lyes Boudiaf, fondateur et président d'Isly Holding, cet accord ou ce projet en voie de concrétisation est le seul accord «privé-privé». Et de préciser que ce projet dont l'investissement est évalué «entre 20 et 25 millions d'euros» a été décidé conformément à la règle 49/51 régissant l'investissement. La fabrication locale du traitement Decapeptyl® (Triptoreline) permettra une meilleure prise en charge des malades atteints du cancer de la prostate. C'est plutôt «assurer la disponibilité de ce traitement en continuité sans aucune rupture pour les malades», a précisé le Dr Abdelkader Belaïdi, président de l'Association algérienne d'urologie. En indiquant qu'il est vrai que ce traitement est administré gratuitement aux malades, par le fait qu'il est totalement remboursé par les services de la CNAS, mais parfois, dit-il, «le malade se trouve confronté à des ruptures éphémères, souvent pour des raisons techniques, ce qui ne permet pas une prise en charge efficace de la maladie». Il dira que si le prix du médicament importé ou produit localement sera le même, l'Algérie va tout de même gagner en matière de transfert de technologie et de prise en charge de la maladie. Sachant que le cancer de la prostate est le premier cancer de l'homme de plus de 50 ans et il est au deuxième rang de la mortalité par cancer des hommes de cette tranche d'âge. L'incidence du cancer de la prostate augmente d'une manière très nette, ces dernières années, en raison du vieillissement de la population et de l'augmentation de l'espérance de vie. La prévalence est de 14 cas sur 100.000 hommes. Selon les initiateurs du projet, ce nouveau partenariat répondra ainsi à une demande croissante de produits traitant le cancer de la prostate, la puberté précoce, les fibromes utérins et l'infertilité féminine. La construction de la première usine en Afrique pour la production de forme peptidique retard avec des procédés spécifiques et complexes sera d'un grand apport pour le développement de l'industrie pharmaceutique et devrait générer des retombées économiques significatives. Notamment dans cette conjoncture cruciale, au moment où l'Algérie cherche impérativement à diversifier sa production, dira Lyes Boudiaf, fondateur et président d'Isly Holding. Et de préciser que cette nouvelle société devrait à terme employer plus de 150 personnes directement et permettra la création d'emplois indirects. Et d'affirmer, par ailleurs, qu'Ipsen évalue la possibilité de vendre ses médicaments fabriqués localement en Afrique subsaharienne. M. Hennion a affirmé, pour sa part, qu'au-delà de cet investissement, des discussions sont en cours avec des sous-traitants locaux, dotés de capacités de production et répondant aux normes internationales, en vue de fabriquer dans un futur proche d'autres produits pour le marché algérien.