Le Conseil de sécurité votera ce jour un projet de résolution présenté par l'Egypte visant à rejeter la décision unilatérale américaine de reconnaître El Qods comme capitale de l'Etat d'Israël et à réaffirmer que «toute décision ou action visant à altérer le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville n'a pas force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée». L'on se doute bien que les Etats-Unis mettront leur veto au texte égyptien. Cela étant, la séance d'aujourd'hui du Conseil de sécurité donnera lieu à des passes d'armes qui confirmeront l'isolement diplomatique que vaut à l'Amérique l'initiative irréfléchie de son président sur El Qods. Elle sera également l'occasion de vérifier si la France et la Grande-Bretagne exprimeront en l'occurrence un vote conforme aux positions critiques qui ont été les leurs à l'annonce de la décision américaine pour être cohérents avec l'attitude officielle qui est la leur sur l'initiative de Donald Trump. Ces deux membres permanents du Conseil de sécurité n'ont d'autre choix que d'émettre un vote favorable sur un projet de résolution dont les rédacteurs égyptiens n'ont fait que reprendre l'argumentaire qu'ils ont eux-mêmes formulé contre la décision américaine. Toute autre attitude de leur part, y compris un refuge dans l'abstention, les disqualifierait en tant que défenseurs de la légalité internationale, rôle qu'ils prétendent assumer même quand le viol de celle-ci est commis par un pays ami et allié. Les Palestiniens sont bien entendu sans illusion sur l'issue du vote du Conseil de sécurité de l'ONU mais ils y gagneront la certitude que la communauté internationale est de leur côté dans la résistance qu'ils opposent à la politique du fait accompli que la Maison Blanche et l'Etat sioniste s'évertuent à vouloir leur imposer. En contraignant les Etats-Unis à user de leur droit de veto, les autres membres du Conseil de sécurité feront la démonstration qu'ils reconnaissent le bien-fondé et la légitimité de la révolte qui secoue les territoires palestiniens occupés et qu'ils s'inscrivent contre les allégations israéliennes la présentant comme fomentées par des factions palestiniennes vouées à la destruction d'Israël. Leur prise de position conforterait Mahmoud Abbas dans la poursuite de l'offensive diplomatique qu'il mène pour faire reconnaître à l'Autorité qu'il dirige le statut d'Etat membre à part entière au sein de l'ONU ayant pour frontière celle de 1967 et pour capitale Jérusalem Est, a charge pour lui de ne pas se laisser circonvenir par les «amicales» offres de médiation qui, présentées de la sorte, ne seront que tentative de briser l'esprit de résistance dont fait montre le peuple palestinien et dont il fait preuve chaque jour depuis l'annonce de la décision américaine. Le statut d'El Qods est une ligne rouge dont la transgression est inacceptable pour ce peuple, fût-ce par la plus grande puissance du monde. Il ne cessera pas sa résistance quand bien même il sait que son combat l'expose à de cruels sacrifices tant l'ennemi auquel il se confronte dispose d'un arsenal répressif face auquel il est désarmé. Mahmoud Abbas se déconsidérerait devant l'histoire s'il entrait dans des compromis qui étoufferaient l'héroïque refus de son peuple d'une paix ayant pour condition sa soumission et l'acceptation de toutes les exigences de l'ennemi sioniste et de son inconditionnel allié américain.