Les pourparlers de paix entre la Palestine et Israël, brièvement relancés en septembre, puis suspendus depuis l'expiration d'un moratoire israélien sur les nouvelles constructions dans les colonies, sont sérieusement remis en cause après le veto américain au projet de résolution contre la colonisation juive. Les 14 membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de ce projet de résolution. Ce texte appelle Israël à mettre un terme à la construction de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés, y compris à El Qods-Est. La résolution, si elle avait été adoptée, aurait pu «encourager les parties à demeurer en dehors des négociations» se défendait l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice. Les observateurs qui ne s'attendaient pas à une autre position des Etats-Unis estiment que ce veto risque de ternir leur image dans le monde arabe, en direction duquel le président américain Barak Obama ne cesse de se montrer en donneur de leçons. Les dernières réactions d'Obama par rapport aux mouvements de révolte qui secouent les pays arabes témoigne du rôle de gendarme du monde que veulent toujours jouer les Américains. Néanmoins, la réaction palestinienne ne s'est pas fait attendre. Saeb Erekat, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), parle d'«une décision regrettable et injustifiée» , affirmant que «la Palestine poursuivra ses démarches diplomatiques, politiques et populaires contre cette colonisation». Pour Nabil Abou Rdineh, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, le veto américain allait encore compliquer la situation au Moyen-Orient, et qu'il allait inciter Israël à fuir ses obligations pour la paix. Le président Abbas a rappelé, peu avant le vote au Conseil de sécurité dans un discours au siège de la présidence palestinienne à Ramallah, que «le peuple palestinien veut la fin de la colonisation et de l'occupation». «La colonisation est inacceptable car elle a commencé illégalement sur notre terre», a-t-il ajouté. Il est question pour Yasser Abd Rabbo, secrétaire général du comité exécutif de l'OLP et un des principaux négociateurs palestiniens, de tout revoir. «Nous allons réexaminer notre évaluation de tout le processus des négociations» israélo-palestiniennes, a-t-il déclaré en qualifiant de «malheureuse et déséquilibrée» cette décision qui affecte la crédibilité de l'administration américaine. Cette dernière a tenté de faire pression sur la direction palestinienne en lui suggérant de renoncer au projet de résolution en échange d'efforts plus importants de sa part dans la relance des pourparlers de paix. Une proposition rejetée par les Palestiniens. Profitant de cette énième aubaine, l'entité sioniste a appelé, vendredi, à la reprise immédiate des négociations directes avec les Palestiniens. En ce sens, le porte-parole des Affaires étrangères israélien Yigal Palmor estime que les Palestiniens doivent retourner à la table des négociations sans préconditions. «Ce n'est pas en saisissant le Conseil de sécurité qu'il sera possible de faire avancer le processus de paix pour le bénéfice des deux parties et servir la cause de la paix et de la sécurité à travers la région», explique Palmor dans un communiqué.