Le phénomène de la harga étant devenu ce qu'il est aujourd'hui, l'Etat est obligé de se tourner vers l'aspect religieux pour essayer d'endiguer le flot incessant des Algériens qui tentent chaque jour de traverser clandestinement la Méditerranée, en direction de l'Espagne ou de l'Italie. Après les tribunaux, les mosquées, puisque la harga est devenue «illicite» après avoir été un délit passible de poursuites judiciaires. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, vient de l'affermir, jeudi dernier, en annonçant que «le Haut Conseil islamique, la plus haute instance d'El Iftaa en Algérie, a décrété le caractère illicite de ce phénomène». Dans une déclaration à la presse, en marge d'une séance plénière à l'APN consacrée aux questions orales adressées à des membres du gouvernement, Mohamed Aïssa a indiqué que la lutte contre l'émigration clandestine était de «la responsabilité de tout un chacun», rappelant le rôle de sensibilisation des imams «au niveau des mosquées», à travers des prêches et des rencontres avec les jeunes à l'étranger «pour leur redonner espoir et les exhorter à retourner au pays». Le ministre indiquera également qu'entre autres solutions, son «département propose le financement des projets des jeunes par le Fonds des wakfs», en parallèle «des opportunités d'emploi offertes dans le cadre du filet social et les mécanismes proposés par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale». Qualifiant les harraga de «victimes», il imputera la responsabilité de ce phénomène à «l'impact négatif des réseaux sociaux» ainsi qu'un certain discours politicien qui influerait, selon le ministre, sur leur moral. Mohamed Aïssa estimera aussi que «l'absence de communication avec les autorités locales de leurs régions de résidence» fait partie des causes exogènes qui encouragent ce phénomène. Par ailleurs, et sur le plan de la lutte contre l'immigration clandestine, les garde-côtes de Béni Saf, dans la wilaya de Aïn Témouchent, ont secouru, jeudi, 48 migrants africains qui tentaient de rejoindre clandestinement les rives espagnoles à bord d'une embarcation pneumatique. Cette opération en mer s'est déroulée suite à l'intervention d'une patrouille de plongeurs à 25 miles au nord de la plage de Béni Saf. Les plongeurs ont découvert un zodiac avec à son bord 48 migrants de nationalités malienne, sénégalaise, guinéenne et ivoirienne dont 9 femmes et 3 mineurs, parmi eux une fillette de 3 ans. Selon les témoignages de plusieurs de ces rescapés, leur voyage en mer a débuté à partir des côtes marocaines. Ils se trouvaient en mer depuis quatre jours jusqu'à leur secours jeudi par les garde-côtes algériens. En outre, et à 48 miles au nord des côtes mostaganémoises, dix harraga ont été secourus, mercredi soir, par le car-ferry Djazaïr II qui assurait la liaison Marseille-Oran. Cette opération de sauvetage a été menée conjointement avec les unités des garde-côtes d'Oran. Ces candidats à l'émigration clandestine, originaires de la wilaya de Mostaganem pour la plupart d'entre eux, ont tenté de rallier les côtes espagnoles à bord d'une embarcation qui a chaviré. Le débarquement des 10 harraga s'est effectué, mercredi, à 21h, au port d'Oran avant qu'ils ne soient remis à la police des frontières, conformément à la réglementation en vigueur.