Non instruits par les déboires qu'ils récoltent en travestissant la vérité sur les échecs diplomatiques qu'additionne leur pays sur la question du Sahara occidental, les impénitents médias du Makhzen ont à nouveau été pris en flagrant délit de mensonge et de désinformation. Ils se sont en effet empressés de crier «victoire» à l'annonce que le Maroc a été élu au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine et de la présenter comme actant le «désengagement» de celle-ci du problème du Sahara occidental. Leur fantasmagorique interprétation de cette élection a été on ne peut plus clairement démentie par le texte relatif au conflit du Sahara occidental adopté par consensus par les chefs d'Etat et de gouvernement participant au 30ème sommet de l'organisation panafricaine. Dans ce texte qui a émané justement du CPS où les médias marocains ont pensé que leur pays est désormais en terrain conquis et acquis à sa position sur le Sahara occidental, il a été explicitement rappelé que l'Union africaine s'en tient à la sienne qui est qu'elle est pour une solution au conflit qui ouvre droit à la tenue d'un référendum libre et juste pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. S'inscrivant en faux quant au prétendu désengagement de l'UA sur le dossier du Sahara occidental que la diplomatie et les médias marocains ont tenté de présenter comme chose acquise avec l'adhésion de leur pays à l'organisation et son élection au CPS, la résolution adoptée par consensus par les chefs d'Etat et de gouvernement réaffirme la détermination de l'Union africaine à s'impliquer davantage et par des initiatives fortes pour la résolution du conflit sur la base de ses résolutions antérieures sur le sujet. Et pour mieux convaincre le Maroc qu'il fait fausse route sur la question d'un désengagement de l'Union africaine, les chefs d'Etat et de gouvernement l'ont sans équivoque pressé de coopérer pleinement avec son haut représentant pour le Sahara occidental l'ancien président mozambicain Joaquim A. Chissano dont la nomination et la mission ont fait enrager le Palais royal et le Makhzen. Le texte du sommet d'Addis-Abeba ne s'est pas limité à cette seule demande puisqu'il y est aussi consigné que le Maroc en tant qu'Etat membre de l'UA doit permettre le retour de la mission d'observation de l'organisation à Laayoune au Sahara occidental et de permettre également un suivi indépendant des droits de l'homme dans le territoire. Et pour enfoncer le clou, il comporte un appel à tous les Etats membres, les organisations de la société civile africaine et autres à s'abstenir aux réunions du Forum de Crans Montana dans la ville occupée de Dakhla au Sahara occidental qui sont une tentative de légitimer l'occupation par le Maroc de ce territoire. Avant de crier victoire et de fabuler sur le «succès» diplomatique qu'aurait été pour le Maroc son entrée au CPS, les médias du Makhzen se devaient de prendre en compte l'éclairage apporté par le commissaire pour la paix et la sécurité, Smail Chergui, sur l'élection de leur pays à l'instance africaine qu'il dirige qu'il a présentée comme «en parfaite ligne par rapport à son retour dans l'Union africaine et par conséquent le Maroc autant que les autres pays doit avoir les mêmes droits et devoirs». Le devoir premier du royaume en l'occurrence est de se conformer à la politique et aux positions de l'organisation qu'il a réintégrée.