Avec une frontière avec la Tunisie longue de 90 kilomètres, des points de passage avoisinant la trentaine, connus des autochtones de part et d'autre de la frontière, à partir d'El Hadada, dans la commune d'Oum Théboul en passant par Oued Djenane, dans la commune d'El Ayoun, puis Bougous, Sidi Trad dans la commune de Zitouna jusqu'à Berjilet dans la commune de Ain Kerma et Séliana à Bouhadjar, la contrebande ne s'est jamais mieux portée, malgré les efforts des gardes frontières, la police, la douane et la gendarmerie qui parviennent de temps en temps à opérer des saisies spectaculaires. Car, les contrebandiers redoublent sans cesse d'ingéniosité afin de faire parvenir leurs produits à leurs complices ou clients de l'autre côté de la frontière. Pour cela, des guetteurs sont payés et signalent tout ce qui peut faire capoter leurs plans. Un jeune diplômé universitaire et chômeur nous a déclaré qu'en l'absence de perspectives d'emploi, il vivote et gagne un peu d'argent avec les contrebandiers, à chaque fois qu'il est sollicité pour un travail. Il précise d'ailleurs n'avoir jamais trempé dans le prohibé. Choses que redoutent certains contrebandiers qui préfèrent des produits et des marchandises qui ne posent pas de problèmes vis-à-vis de la loi. Donc, pas de drogue. Récemment la police a saisi près de 14 quintaux de sardines impropres à la consommation du côté de Khenguet Aoun, dans la commune de Raml Soukh. Plusieurs kilogrammes de corail ont été saisis par la douane, sans oublier le cheptel saisi par la gendarmerie. La contrebande va crescendo à la faveur du rush des Tunisiens vers l'Algérie. Les spécialistes de ce trafic identifient les produits bon marché en Algérie pour les écouler en Tunisie, ou inversement, et faire de gros bénéfices. Parmi ces produits il y a les montres, les lunettes, les jouets achetés chez les grossistes en Algérie, de même que des effets vestimentaires. Les articles de sports et vêtements de luxe sont importés de Dubaï, de Turquie et de Chine. On passe aussi les produits de confection comme les chaussettes, les bas pour femmes, l'huile d'olive, l'huile de table sans oublier les épices qui ont la cote à l'approche de ramadhan ainsi que la confiserie orientale. A cela s'ajoutent les téléphones portables et autres produits électroniques comme les démodulateurs. Un trafic florissant qui permet aux gens sans revenus de gagner un peu d'argent. Ceux qui en tirent les ficelles, les chefs ou les «empereurs» de la contrebande, eux, font d'énormes profits. Les marchandise emprunte des chemins escarpés, sans risque, à bord de véhicule tout-terrain, de 4X4, sans oublier le plus séculaire et le plus sûr, l'âne. Ce dernier, entraîné sur un circuit déterminé et scruté de loin par des jeunes qui font le guet, arrive, au cas ou il n'est pas intercepté, de l'autre côté de la frontière ou il est attendu. Ce trafic est facilité en général grâce au téléphone portable. Pour l'anecdote, le prix d'un âne est passé de 4.000 à 25.000 DA. On le trouve en grand nombre dans la région d'El Hodna, précisément du côté de Boussada et M'Sila. En général, la demande répond aux besoins de la clientèle ici comme là-bas. Cette demande s'est accrue à la faveur des entrées importantes des Tunisiens en Algérie. Même ceux qui entrent légalement par les postes frontaliers repartent avec des produits qu'ils revendent ensuite chez eux. Une manière de rentrer dans ses frais et se faire quelques économies. Enfin, la liste des produits et marchandises qui rapportent le plus est longue. Il s'agit de carburant, cheptel bovin et ovin, cigarettes, plantes médicinales, laine, anguilles pêchées illégalement dans les lacs Tonga et Oubeira, corail, le dinar tunisien vendu aux jeunes à raison de 6.500 DA les 100 DT qui le revendent à 6.700 DA.