Le marché national des produits laitiers, en particulier le lait qui fait actuellement l'objet d'une grande tension autant dans les grandes villes qu'à l'intérieur du pays, doit être satisfait par une production nationale, estime M. Abdelwahab Ziani, président de la fédération nationale de l'agroalimentaire. Les importations des produits laitiers, autant que les céréales, riz et sucre sont en hausse de 12% en janvier dernier, à 838 millions de dollars contre 747 millions de dollars à fin 2017, alors que la facture des importations de la poudre de lait est passée de 600 millions de dollars en 2016 à 1,3 milliard de dollars en 2017, selon les chiffres des douanes. Selon le président de la fédération nationale de l'agroalimentaire, ces hausses s'expliquent par l'augmentation des prix de ces produits sur les marchés des matières premières, car les «quantités de cette année sont inférieures à celles de l'année dernière». «Ce sont les prix à l'international, a-t-il précisé hier mardi à la radio nationale, qui ont augmenté. La poudre de lait était à 1.700 dollars la tonne, et on la paie à 3.200 dollars aujourd'hui». Il a rappelé que «nous menons une politique de subventions. On est obligé d'acheter la poudre de lait à n'importe quel prix et fournir un sachet de lait d'un litre sur le marché national à 25 dinars». M. Ziani, face aux pressions du marché international de la poudre de lait, a souligné que «pour nous, l'essentiel est de produire localement, et il faut que les subventions (pour le lait) aillent vers le producteur. On subventionne les deux, le producteur et le consommateur». Pour autant, «il faut comprendre qu'il y a trop de gaspillage», a-t-il relevé avant de souligner qu'«il faut offrir un panier aux bas salaires pour acheter dignement le pain et le lait». «Le lait est détourné de partout, et donc il faut le donner à ceux qui en ont besoin». Dénonçant les différents types de détournements du lait, notamment pour la production de produits dérivés à partir du lait subventionné, M. Ziani a affirmé que «nous sommes à plus de 32% de production de lait localement, mais il reste qu'il y a toujours des détournements de lait, c'est-à-dire d'autres industries qui utilisent du lait». Fatalement, «il y a beaucoup de gens qui profitent de cette situation, et là il vaut mieux une subvention ciblée», préconise-t-il sans aller plus en détails sur cette question. «Nous sommes à plus de 220 laiteries, et la filière de mise en sachet est saturée, alors qu'il y a toujours des gens qui créent des laiteries», ajoute-t-il pour expliquer la tension actuelle sur le lait. Selon M. Ziani, «la poudre de lait, au lieu qu'elle soit distribuée à 12 laiteries, est distribuée à tous les gens, et on n'arrive plus à les canaliser». Il affirme même qu'«il y a trop de laiteries. On a diminué les quotas à des laiteries principales et donné à de petites laiteries à l'intérieur du pays. C'est très mal desservi». Conclusion: «Il y a trop de laiteries qui poussent et il faut arrêter cela. Dans le sud oui, mais ce n'est plus possible dans le nord du pays». Pour réduire la facture de l'importation de poudre de lait, il préconise par ailleurs des subventions directement vers le lait cru». Par ailleurs, sur la question de la suspension d'importation de 851 produits, M. Ziani estime qu'«il faut élever le niveau de la production nationale et s'appuyer sur les ingrédients produits dans notre pays. C'est très important». On ne peut relancer et protéger la production nationale qu'en encourageant «les autorités à continuer, car cela a permis de faire sortir de l'anonymat des industries oubliées». «Cela repousse, et nous allons produire comme par le passé les bonbons algériens, les biscuits algériens. Et cela fait plaisir, car on doit élever le niveau de la production nationale». Face aux critiques visant la production nationale de certains intrants interdits d'importation, il a souligné que «le produit algérien répond parfaitement au rapport qualité/prix. Cela nous a permis de reprendre notre marché qu'on a perdu il y a longtemps». En réalité, ajoute-t-il, «il y a de grandes potentialités dans les secteurs de l'agroalimentaire, l'électroménager, ou la pharmacie». «L'Algérie peut être le meilleur ressort pour l'Afrique et même l'Europe», estime M. Ziani pour qui «il y a actuellement une réorganisation dans plusieurs filières agroalimentaires, dont la tomate industrielle, le beurre, etc.» En plus, «il faut pousser les importateurs à devenir producteurs», car «la force des importations doit devenir une force d'exportation», estime-t-il.