Jeudi 22 février 2018 : Phrase du jour : «Il règne, en ce moment, en France, un climat détestable. Comme a dit le président Macron, c'est «Une France du soupçon»; il a dit qu'il n'aimerait pas vivre dans une telle France. Oui, le soupçon existe et attend la moindre occasion pour se poser sur les gens surtout s'ils ont une notoriété...» (Tahar Ben Jelloun) Vendredi 23 février 2018 : Atelier d'échange sur la contribution des médias dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent, à Niamey, de deux jours, mardi et mercredi, initié par l'Union de fusion et de liaison (UFL), un mécanisme africain de coopération pour la région du Sahel... Une recommandation officielle aux journalistes et communicateurs présents (dont des Algériens) : «Concevoir une approche visant à déconstruire le discours de la haine et de la violence, que distillent les terroristes à travers certains médias et réseaux sociaux». «Déconstruire !», un terme usé et creux. Du déjà entendu, et une démarche qui a déjà échoué, ici et là, car trop braquée sur l'extérieur. Il faudrait plutôt, promouvoir un discours en vue de construire une toute autre approche de la vie en société : plus démocratique, plus libre, plus ouverte, plus transparente (surtout sur les actes et les discours nationaux de haine et de violence), moins injuste, moins corrompue, moins centrée sur la pratique religieuse mais surtout sur les valeurs essentielles et nobles des religions... Samedi 24 février 2018 : La corruption ? Parlons-en... avec Transparency International . Qui a, récemment, rendu publique l'édition 2017 de son rapport annuel sur la corruption dans le monde. 180 Etats sous la loupe (grossissante... ou déformante, c'est selon... les lecteurs ), selon leurs niveaux perçus de corruption dans le secteur public. Si la grande majorité des pays n'a réalisé que «peu ou pas de progrès», pour mettre fin à la corruption, l'étude de l'ONG révèle, également, que les pays dont les niveaux de protection des journalistes et des organisations non gouvernementales sont les plus faibles, sont aussi ceux où les taux de corruption sont les plus élevés. Problème de révélations publiques et de «dénonciations» ! Cette année, l'Indice de perception de la corruption dans le monde (IPC) montre que plus des deux tiers des pays (dont des pays dits développés) ont un score inférieur à la moyenne (50) ; le score moyen s'étant établi à 43. Une tendance générale observée, depuis quelques années, dans l'ensemble des pays à l'exception de quelques-uns, notamment la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Royaume-Uni, précise le document. Les régions les moins performantes sont l'Afrique subsaharienne (score moyen 32), l'Europe de l'Est et l'Asie centrale (score moyen 34). Dans le classement mondial, la Nouvelle-Zélande et le Danemark continuent de se partager les premières loges, suivis de la Finlande, la Norvège et la Suisse qui ferme le top 5. Dans l'Union Africaine, la palme d'or est décernée au Botswana (34eme mondial) avec 61 au score. Suivent les Seychelles, le Cap-Vert, le Rwanda et la Namibie. Au bas du classement, les deux Soudan et la Somalie sont les pays les plus corrompus du monde en compagnie de la Syrie, de l'Afghanistan et du Yémen. La Somalie traîne à la dernière place du classement mondial. L'Algérie est classée 112ème mondiale et 21ème africaine. Pas de quoi pavoiser ! Car, encore un classement mondial qui ternit une image de marque extérieure, déjà assez bousculée de par le monde. Et, tous les «nif» nationaux et tous les Depardieu du monde ne suffiront pas à l'améliorer. Une idée à proposer à TI : le classement des Etats (et des entrepreneurs)... corrupteurs... Dimanche 25 février 2018 : Lu dernièrement : Un article d'un politologue et sociologue marocain, Mohamed Tozy : «Sortons d'une conception idéologique de la religion». En 1961, écrivait-il, un sociologue marocain avait réalisé une enquête sur le point de vue de la jeunesse sur la religion: les trois quarts des répondants pensaient qu'elle était en crise. En 1984, la même question posée à des jeunes, de plus en plus pratiquants, donnait lieu à une réponse très optimiste. Même la minorité qui continuait de penser qu'elle est en crise, ne croyait plus aux idées de modernité et de progrès. En 2007, ils étaient 66 % à estimer que dans l'Islam il y a une solution à tout; seuls 5,5 % pensaient le contraire, les autres ne savaient pas ou n'avaient pas d'opinion. La sécularisation des sociétés maghrébines, que ce soit sur le plan juridique, politique ou social, n'a pas modifié cette conception idéologique de la religion. Le décalage entre les pratiques et les croyances est vécu comme un dysfonctionnement personnel, en l'absence d'une théologie de la libération qui affranchirait les individus d'une morale dogmatique et les ferait accéder à une piété individualisée, libérée du regard inquisiteur de la communauté. À qui la faute? Aux Etats d'abord, qui n'ont cessé d'instrumentaliser la religion; au développement des courants de l'islam politique qui est la conséquence de cette instrumentalisation et qui a circonscrit l'enjeu politique, dans la sphère identitaire; aux intellectuels séculiers qui ne sont jamais parvenus à produire les conditions d'une sortie de la religion. L'horizon pour penser la réforme religieuse n'a jamais dépassé l'essai d'une interprétation du Coran et de la Sunna, à partir de leurs finalités ultimes («al fiqh al maqassidi»). Tous, ou presque tous, réformistes ou modernistes, ont échoué face aux fondamentalistes. En l'absence d'une pensée capable de déconstruire le mode de lecture littéraliste d'un corpus imposé par les wahhabites ou par des salafistes traditionalistes, les transformations profondes des sociétés maghrébines ne peuvent pas être nommées et dotées de sens. D'où une situation, assez bizarre, (un accomodement circonstanciel et provisoire) où nous sommes face à des réformes (toutes ou presque toutes) venues ou ne pouvant venir, pour l'instant, que d'en-haut. Pour lui, il est difficile d'attendre le salut du côté des intellectuels laïcs accusés d'inféodation à l'Occident, et l'espoir est mince de voir surgir une pensée de rupture au sein, même, de la corporation des clercs détournés de leur responsabilité historique par les chimères de l'islam politique. Lundi 26 février 2018 : Abderrazak Mokri a violemment réagi dimanche sur sa page Facebook par rapport à certaines voix, dans la presse pour qui la visite du président turc à Alger, n'est pas la bienvenue (une chronique de Kamel Daoud, entre autres, l'accusant de financer «la famille qui recule», c'est-à-dire l'islamisme pour lequel l'Algérie a payé un lourd tribut, rappelle-t-il). Face à la critique peut-être excessive, carrément de l'insulte. Il est vrai que le paysage politique et médiatique nous a habitués à cela . «Ce sont des ingrats parmi les traîtres, les agents du colonialisme et les maudits, culturellement et civilisationnellement, expriment leur haine à tout ce qui est en rapport avec l'Islam et les Musulmans, en critiquant la visite d'Erdogan en Algérie». Pour lui, Erdogan est un exemple «d'authenticité islamique et de pragmatisme économique». Abderrazak Mokri poursuit en souhaitant «la bienvenue et mille bienvenues» à Erdogan. «Ils se réjouissent de la visite de Macron et refusent celle d'Erdogan [ ]. C'est une malédiction», a-t-il conclu. A noter que la Turquie avait voté, à l'ONU, contre l'indépendance de l'Algérie en 1960 et n'a reconnu l'indépendance que tardivement (une «province» - abandonnée en 1830- à récupérer ?), qu'elle entretient de très bonnes relations avec l'entité sioniste, qu'elle est (durant la guerre d'Algérie et aujourd'hui, encore,) partie intégrante de l'OTAN, qu'elle entretient des bases militaires en Afrique et qu'elle se veut «européenne» et elle l'aurait été... sans... Sarkozy, l'islamophobe. De plus, A. Mokri a reçu l'Ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt... le 24 février, une date hautement symbolique de l'indépendance économique du pays. Réponse «vite fait» du berger à la bergère : L'écrivain et chroniqueur Kamel Daoud a répondu, via Facebook et en langue arabe, au commentaire de Mokri .»La malédiction, c'est lorsqu'on se rend à Istanbul pour participer à un congrès des Frères et qu'on est nourri par Erdogan, habillé par Erdogan et enrichi par Erdogan pour trahir son pays», écrit l'auteur de Meursault, Contre-enquête'. Pour lui, «Erdogan n'est pas l'Islam [ ]» . Et d'ajouter, «Erdogan est ton dieu, pas le mien. Tu n'es ni l'Islam ni le Prophète. Vous avez trahi les gens avec votre ruse et votre commerce. Dès qu'un mot est écrit contre vous, vous criez à l'atteinte à l'Islam», avant de conclure: «ton rêve à toi c'est Erdogan et mon rêve est la liberté, chacun défend ce qui le nourrit». Mardi 27 février 2018 : Le roi du Maroc, Mohammed VI, qui règne depuis juillet 1999 a été opéré du cœur, lundi, dans une clinique parisienne, à la suite d'un trouble du rythme cardiaque. Mohammed VI, âgé de 54 ans a présenté, le samedi 20 janvier 2018, un trouble du rythme cardiaque. Ses médecins avaient conclu à un «flutter auriculaire sur cœur sain» et il a subi l'opération «avec succès» (communiqué de l'équipe médicale) Le roi, qui séjourne régulièrement en France où il possède un château, avait subi, en septembre dernier, dans un hôpital parisien, une intervention chirurgicale pour une lésion bénigne à l'œil. A noter que l'info a été diffusée accompagnée d'une photo du monarque alité, entouré de membres de sa famille... ce qui démontre, tout de même, une gestion de la com' institutionnelle, assez efficace : rapidité, complétude, image réconfortante... de quoi émouvoir pas mal de citoyens...faisant oublier les problèmes internes et, surtout, l'échec (et le choc ?) enregistré(s) au niveau de de la décision de la Cour de justice de l'UE (CJUE), en faveur du Sahara Occidental, sur l'accord de pêche avec l'UE . Mercredi 28 février 2018 : Donald Trump n'en finit pas de «consommer» ses chargés de la communication... obligés à «jeter l'éponge». Je crois qu'il est à son quatrième (la toute dernière est Hope Hicks, un ancien mannequin de 29 ans, sans expérience politique, proche d'Ivanka Trump, discrète dans les médias elle refusait systématiquement les demandes d'interviews mais influente en coulisses, et elle avait l'oreille (ou plus ?) du président qui n'a jamais émis la moindre réserve à son égard. Elle avait été auditionnée la veille, à huis clos, par le Congrès dans le cadre de l'affaire russe). Arrivée à la Maison-Blanche, il y a treize mois. Mais, faut pas croire que le phénomène est seulement «trumpien». On a remarqué que là où il y a un décideur (d'entreprise économique ou d'institution politique) certes fort de caractère mais, aussi et surtout, assez narcissique, croyant tout savoir et pouvoir tout faire en matière de «com'», il y a une «valse» ininterrompue de «communicators» ou, alors, il y a une (dés-) organisation en «mille-feuilles», avec plusieurs «responsables» jouant à l'apprenti sorcier, pseudo-spécialistes, se cotôyant, devant en principe se compléter mais surtout se marchant sur les pieds et se réclamant, tous (et toutes), de l'autorité déléguée par le «chef». Et, pour peu que ce dernier s'absente ou est occupé, par ailleurs, la catastrophe n'est pas loin.