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Quand le pognon est à la manoeuvre
LES ELECTIONS EN FRANCE
Publié dans L'Expression le 06 - 02 - 2017


François fillon, des casseroles à la pelle
«Si voter servait à quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit.» Coluche
Jamais dans l'histoire de la Ve République les élections en France n'ont donné lieu à une foire d'empoigne où tous les coups sont permis et où toutes les combines sont monnaies courantes, l'essentiel c'est de ne pas se faire attraper! Nous l'avons vu avec le feuilleton de François Fillon dont la vie privée est jetée aux chiens pour cause de cupidité et surtout de mépris des sans-dents à qui il dit de se serrer la ceinture, de ne pas se soigner, avec dans le même temps une âpreté à la rapine que les médias n'arrêtent pas de dénoncer. Après décantation des primaires qui ont vu la disparition de Sarkozy spécialiste du karcher, qui a réussi à écoeurer tout le monde, après la disparition de Ali Juppé coupable de tendre la main aux musulmans ce fut le tour de Valls l'attaché éternellement à Israël, grand pourfendeur devant l'éternel du vivre ensemble, justicier sans peur et sans reproche s'agissant des banlieues où il n'y a pas beaucoup de blancos. Bref, tout le monde de la première vague aux oubliettes.
Que reste-t-il en lice?
J'ai lu quelque part une information parlant de Blanche Neige et les sept mains. On l'aura compris Blanche Neige serait Marine Le Pen. Qui sont-ils? Il y a d'abord Fillon qui, à force de creuser son sillon, est en train de se faire enterrer politiquement avec ses affaires. Il y a ensuite Emmanuel Macron qui vit en apesanteur n'ayant pas de parti, il y a ensuite le miraculé Hamon qui a réussi à terrasser Valls avec son revenu universel dont on se demande comment il va le financer, il y a l'éternel écorché, en guerre contre tout le monde, je veux nommer Jean-Louis Mélenchon et les éternels révolutionnaires à l'image de ceux qui ont pris la suite d'Arlette Laguiller tels Poutou. Nous allons dans ce qui suit nous intéresser à trois candidats, qui vraisemblablement se retrouveront à la fin du premier tour. Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon. Les deuxièmes et troisièmes places n'étant pas encore figées.
Marine Le Pen: une extrême droite adoubée par le Crif
Le parcours de Martine Le Pen s'est revitalisé pour deux raisons majeures. D'abord le filon de la nostalgérie commence à s'épuiser, les revanchards de l'Algérie française sont pratiquement en voie de disparition. Ne reste que le racisme consubstantiel d'une partie de l'électorat français. Mais les conseillers de Marine l'ont convaincu qu'il «faut tuer le père» celui qui a eu l'outrecuidance de dire que les fours crématoires sont un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale appelant à sa rescousse les Mémoires des hommes politiques de la Seconde Guerre mondiale où en effet, ceci ne représente que quelques lignes dans les Mémoires d'Eisenhower et de De Gaulle. Le Pen fut ostracisé non pas pour la torture qu'il a pratiquée jusquà plus soif en Algérie, mais pour une petite phrase qui lui a ruiné sa carrière!
Bref, pour être une partie de gouvernement, il faut être adoubé, par le puissant Crif, ce qui fut fait à travers un certain nombre d'inflexions qui lui ont permis d'avoir une visibilité médiatique qu'elle a bonifiée au fur et à mesure des «affaires» scabreuses du Parti socialiste et du Parti des Républicains. Son programme est basé sur un sacerdoce, la haine de l'Arabe, des Noirs, des musulmans. Bref, le slogan, la préférence aux Français, va être appliqué» mais il n'y aura pas grand-chose de différent avec la situation actuelle en termes, de chasse au faciès, de lois liberticides et naturellement de plafond de verre pour les Français qui ne seraient pas de souche. L'avantage d'une présidence Le Pen est que les choses sont claires, il n'y a pas l'hypocrisie de la gauche qui a toujours trompé l'Algérie!
Parlant de ces extrémistes «Maihabounache ou manhabouhoumche» aurait dit un ministre français issu de la diversité et d'ascendance algérienne! Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Fillon s'en met plein les poches
S'il est un personnage énigmatique, c'est bien l'ancien Premier ministre assigné au rôle de «collaborateur» pour Nicolas Sarkozy, sorti de l'ombre à la lumière et qui rafla la mise des primaires d'une façon incompréhensible pour le commun des mortels. D'une façon indirecte avec un appel du pied à tout ce qui peut concerner une France chrétienne façon Saint Nicolas du Chardonnet pour faire battre le coeur de la fille aînée de l'Eglise en actionnant tous ses relais, mais aussi par un ouvrage dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est inconvenant. Ce qui lui a permis, lui, qui était loin d'Alain Juppé, de rafler la mise faisant accuser celui-ci de bradeur de l'identité, on l'aura compris, Juppé surnommé Ali Juppé, qui prônait le vivre ensemble, fut balayé.
Alain Gresh nous parle des amalgames douteux de Fillon dans sa croisade contre l'islam: «Le petit livre de François Fillon, candidat LR à la présidentielle française, En finir avec le totalitarisme islamique, aurait, si l'on en croit les commentateurs, pesé lourd dans sa victoire contre ses concurrents à droite. Un discours décomplexé qui s'inscrit dans les théories du choc des civilisations''. Le propos se veut clair, tranchant, martial. Guerrier même. «La France est menacée!» Jamais La Marseillaise et son évocation de «ces féroces soldats qui viennent jusque dans vos bras égorger vos fils, vos compagnes» n'auraient été autant d'actualité. Nous sommes donc entrés dans un choc mondial, similaire à celui qui a mis aux prises les démocraties avec les totalitarismes successifs au XXe siècle. Et ceux qui ne veulent pas le comprendre sont «les mêmes qui autrefois bêlaient au pacifisme et à la sécurité collective dans les années trente lorsque Hitler armait une Allemagne encore affaiblie». Car ne nous y trompons pas, l'«islamo-fascisme» - terme qu'il entérine, comme le fait l'ancien Premier ministre Manuel Valls - est un totalitarisme du même type que le fascisme et le communisme. «Islamisme et totalitarisme, écrit Fillon, partagent la culture d'une violence meurtrière qui exalte la mort et la destruction. Un autre trait définirait le totalitarisme, «la référence permanente à un passé mythifié: la Rome antique, le culte des Germains, l'âge d'or de l'islam». Pourtant, n'est-ce pas le candidat LR qui, à la fin de son livre, rappelle au monde: «La France c'est quinze siècles d'histoire, depuis le baptême de Clovis à Reims. C'est Saint-Louis, Jeanne d'Arc, Louis XI, Henri IV; etc.»? «Etre français, c'est se sentir chez soi dans une épopée où tout s'enchaîne: le Moyen âge chrétien, la Renaissance humaniste, la monarchie absolue, la Révolution citoyenne, l'Empire triomphant, les Républiques progressistes...» Et le meilleur pour la fin: «Nous sommes uniques! Pourquoi devrions-nous nous en excuser?» Vous avez dit «passé mythifié»? (...) Et il explique donc que cette menace est enfouie dans les replis de la religion musulmane, qu'elle s'inscrit dans un affrontement millénaire jamais éteint entre l'islam et la chrétienté. (...)» (1)
Emmanuel Macron: celui que l'on n'attendait pas
Au-delà de son image écornée par le PénélopeGate c'est son projet politique qui est devenu moins audible: l'austérité, les suppressions de postes de fonctionnaires, la critique de l'assistanat deviennent difficiles à défendre s'il est avéré que son épouse a reçu 500 000 euros d'argent public sans avoir fourni un travail effectif. C'est enfin un nouvel élément qui décrédibilise davantage la parole politique. Son avenir est pratiquement derrière lui, Monsieur Propre n'est pas aussi clean qu'il le dit s'il a réussi à tromper les Français dans la primaire en flattant leur pulsion morbide contre l'islam, et se voulant d'une droite extrême décomplexée, mais présentable, il avait tout pour réussir n'était-ce ce grain de sable qui vaut 1 million d'euros.
Il y a à peine cinq ans personne ne connaissait Emmanuel Macron propulsé d'une façon massive sur le devant de la scène médiatique. L'Encyclopédie Wikipédia nous donne quelques éléments de réponse: «Né à Amiens le 21 décembre 1977, Emmanuel Macron est un homme politique, haut fonctionnaire et ancien banquier d'affaires français. Diplômé de l'ENA en 2004, il devient inspecteur des finances avant de débuter en 2008 une carrière de banquier d'affaires chez Rothschild & Cie. Membre du Parti socialiste entre 2006 et 2009, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République en 2012 puis ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique en 2014 (...) En avril 2016, il fonde le mouvement politique «En marche!» puis démissionne de ses fonctions de ministre en août de la même année. Trois mois plus tard, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2017. Emmanuel Macron «assume son social-libéralisme en pleine lumière, il hésite à quitter le gouvernement en raison du projet de réforme sur la déchéance de la nationalité, avec lequel il exprime son désaccord. Le 6 avril 2016, à Amiens, il fonde le mouvement politique «En marche!», qu'il veut «transpartisan» et qu'il définit comme étant à la fois de droite et de gauche. Après avoir démissionné du gouvernement, il indique avoir pour modèles le général de Gaulle et François Mitterrand, qui avaient selon lui «une capacité à éclairer, une capacité à savoir, une capacité à énoncer un sens et une direction ancrées dans l'histoire du peuple français». En juillet 2016, lors du premier meeting d'En marche!, il annonce être contre l'interdiction du voile à l'université. Le 6 octobre, il se plaint «des écoles confessionnelles qui enseignent la haine de la République, professent des enseignements essentiellement en arabe ou, ailleurs, enseignent la Torah plus que les savoirs fondamentaux.» Cette déclaration déclenche une vive polémique et des réactions du Fsju, en charge des écoles confessionnelles juiveshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Macron - cite_note-249» (2)
Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Marianne le 1er octobre 2016, Emmanuel Macron déclare au sujet des musulmans: «Dans le champ public, je ne leur demande qu'une seule chose: qu'ils respectent absolument les règles. Le rapport religieux renvoie à la transcendance et, dans ce rapport-là, je ne demande pas aux gens d'être modérés, ce n'est pas mon affaire.» Contrairement à plusieurs socialistes, dont Manuel Valls, il apporte son soutien à la politique d'accueil des migrants conduite par Angela Merkel en Allemagne. Il se dit confiant sur la capacité de la France à accueillir davantage d'immigrés, dont il salue l'arrivée sur le sol européen, notamment sur le plan économique.» Sur le plan écologique il appelle à «accélérer la transition écologique» et prône un «équilibre entre impératif écologique et exigence économique», objectif que recherche selon lui le gouvernement en luttant «sur cinq fronts»: «innovation» «simplification»; «renforcer notre efficacité énergétique et réduire le recours aux énergies fossiles»; «compétitivité énergétique»; action «en Europe et à l'international».
Fillon et Macron, le parti du pognon
Pour Bruno Guigue, normalien, ancien haut fonctionnaire remercié pour ses positions courageuses sur le conflit israélo-palestinien, il n'y a pas de différence entre Fillon et Macron. C'est toujours le capital qui est à la manoeuvre: «Le plus étonnant écrit-il, dans l'affaire Fillon, c'est l'étonnement qu'elle provoque. La droite a toujours été liée aux puissances d'argent, elle en est le porte-parole naturel. On a dit que M. Fillon s'était fort mal défendu. C'est vrai. On l'accuse d'avoir payé sa femme à ne rien faire avec de l'argent public. Il répond qu'il a aussi payé ses enfants! Le plus cocasse, c'est qu'en face du châtelain orléaniste, les médias ont propulsé sur la scène un produit à peine décongelé qui dégage le même parfum de billets de banque. Car Emmanuel Macron, lui aussi, est un homme d'argent. L'ex-trader de chez Rothschild n'est pas un notable au sens classique, mais un affairiste polyglotte, symbole de cette élite mondialisée dont ses supporters Alain Minc et Jacques Attali ânonnent le credo à longueur d'antenne. (...) Fillon et Macron, c'est le Janus à double face d'une bourgeoisie d'affaires qui sait, de toute façon, qu'elle tirera son épingle du jeu électoral, cette farce dont nous sommes les dindons. Fillon et Macron, c'est le même parti, le parti du pognon. L'élection de 2017 est pipée d'avance. Face à un Front national dont la seule fonction est de jouer les épouvantails le candidat du système passera la rampe.»
Macron et sa vision de l'Algérie
Emmanuel Macron se rendra à Alger le 13 février prochain. Une réunion publique est également prévue avec la société civile algérienne, L'homme veut incarner un nouveau courant en France et promet de mettre en place une nouvelle vision à l'Elysée. D'aucuns lui reconnaissent une certaine modernité dans sa vision politique alors que d'autres aiment cette forme d'impertinence qui le pousse à jouer hors des sentiers battus, hors du bipartisme français non assumé. S'agissant de l'Algérie deux petits évènements permettent de le situer.
Par méconnaissance de la réalité de la colonisation, du code esclavagiste de l'indigénat, des enfumades, des crimes contre l'humanité restés à jamais impunis, il répète un bréviaire que nous a infligé Sarkozy lors de son déplacement à Constantine. La colonisation a laissé une oeuvre positive. Emmanuel Macron évoque des effets positifs de la colonisation de l'Algérie. Un pan de l'histoire dans lequel «il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie», dans un entretien au magazine Le Point, Interrogé sur son idée d'un «Roman national» de la France, Emmanuel Macron estime que pour écrire cette histoire le pays doit revenir sur des passages «moins glorieux» de son passé. «Alors oui... en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie.» Ces propos qui rappellent ceux de l'ancien Premier ministre François Fillon, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle, qui, en septembre dernier, avait comparé la colonisation française à «un partage de culture». (4)
J'invite monsieur Macron à lire à titre d'exemple, un article que j'avais écrit et intitulé: «L'oeuvre positive de l'Algérie pour la France.» Je suis sûr qu'il nuancera son jugement. S'agissant de l'aspect économique et contrairement à ce qu'il pense, l'Algérie n'accepte de servir qu'à monter ce qui a été conçu ailleurs! Comme il l'a affirmé interpellé par Marine Le Pen à propos de l'usine Renault d'Oran, où il n'y aura pas d'intégration! Nous garderons la propriété intellectuelle! L'Algérie ne sédimentera pas de savoir faire et dire que l'usine Renault fabriquait des R4 dans les années 1960 avec un grand taux d'intégration.
http://www.algeriepatriotique.com/article/macron (4)
En définitive, si la France connaît ses intérêts, ce qui est normal, l'Algérie doit aussi connaitre ses intérêts dans une égale dignité. Selon toute vraisemblance, le futur locataire de l'Elysée aura à inventer un nouveau dialogue non inféodé ni à la droite ni à la Gauche, mais à la realpolitik du XXIe siècle, loin du paternalisme de la Franceafrique car l'Algérie, c'est une culture, c'est une profondeur stratégique, c'est une histoire. Le passage de la France en Algérie n'est qu'un épisode dans l'histoire plus de trois fois millénaire. Massinissa battait monnaie il y a 21 siècles de cela, pendant que l'Europe émergeait des ténèbres vers les temps historiques. Il nous semble que la France et l'Algérie peuvent dans une relation apaisée avec une génération qui n'a pas de ressenti à fleur de peau envisager l'avenir. Deux symboles importants peuvent y contribuer d'abord, la restitution des restes sacrés pour nous des patriotes algériens dont les crânes sont dans les musées de France, mais aussi une réflexion débouchant sur des actions opérationnelles sur ce que pourrait être une transition énergétique vers le développement humain Durable avec à la clé la formation des hommes devant mettre en musique cette aventure pour le plus grand bien des deux pays. Cela contribuera d'une façon positive et sereine à une meilleure compréhension d'un compagnonnage à imaginer.
1. Alain Gresh http://contre-attaques.org/magazine/article/la-croisade-de
2.https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Macron
3. Bruno Guigue http://www.mondialisation.ca/fillon-et-macron-le-parti-du-pognon/5572941
4. Amina Boumazza http://www.tsa-algerie.com/20161123/france-emmanuel-macron-evoque-effets-positifs-de-colonisation-de-lalgerie/


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