Hormis la poliomyélite et le tétanos néonatal, totalement éradiqués, l'Algérie reste toujours menacée par les maladies infectieuses, dont la rougeole qui s'est répandue, selon un dernier bilan du ministère de la Santé, à 13 wilayas avec déjà six décès, a souligné hier mercredi le professeur Leila Smati, pédiatre et membre du Comité technique consultatif de vaccination auprès de la Direction de la prévention au ministère de la Santé. Le professeur Leila Smati a expliqué à la radio nationale que 'nous sommes dans une situation d'épidémie, qui touche pour l'instant 13 wilayas du pays, et qui est concentrée essentiellement dans les wilayas d'El Oued, Ouargla, Biskra et Illizi''. Elle a ajouté que le bilan arrêté mardi 13 mars par le ministère fait état de six décès et de 3.075 cas identifiés. Le dernier bilan du ministère sur cette épidémie de rougeole arrêté au 11 mars faisait état de 2.317 cas recensés dans 13 wilayas, dont 1.047 à El Oued et 797 à Ouargla, et cinq décès. L'épidémie de rougeole s'est déclarée vers le 25 janvier dernier. 'L'étendue de cette épidémie est liée au propre de la rougeole, une maladie infantile qui peut être mortelle et très contagieuse'', explique le professeur Smati, selon laquelle 'si le virus se propage dans une région où la population n'est pas vaccinée, chaque porteur va contaminer à lui seul 16 personnes''. Elle a tenu à rappeler, après les interrogations de l'opinion publique sur cette épidémie, que 'le ministère n'a jamais dit que toutes les maladies infectieuses ont été éradiquées''. 'Les deux seules maladies pour lesquelles on a la validation de l'OMS, et pour lesquelles on n'a plus de cas, ce sont la poliomyélite, avec une certification de l'OMS en novembre 2016, et le tétanos néonatal, et dont on a eu la certification de l'OMS ce mois de février 2018. Pour les autres maladies on n'est pas à l'abri, car si ce n'est pas accompagné par un calendrier de vaccination, il y a alors épidémie'', a affirmé le Pr Smati. Elle a affirmé que 'ce n'est pas seulement l'Algérie qui est concernée (par cette épidémie de rougeole)'', a-t-elle souligné, précisant que 'l'épidémie est liée à une baisse du taux de couverture vaccinale, et cette baisse était prévisible''. En fait, depuis le début de la campagne de vaccination, entamée en mars 2017, et qui s'est poursuivie en janvier 2018, le taux de couverture vaccinale n'a été que de 45%. 'On a eu un taux de vaccination de 45% sur un objectif de 95% de vaccination'', a-t-elle précisé, avant de certifier, face aux rumeurs sur la qualité du vaccin, que 'tous les vaccins achetés par l'Algérie sont certifiés et qualifiés par l'OMS. Nous avons vacciné 3,5 millions d'enfants sans problèmes, et il n'y a pas eu de décès suite à cette campagne de vaccination'', a-t-elle, ajouté, précisant en outre que 'toute personne vivant en Algérie peut être vaccinée, si elle répond aux critères d'éligibilité''. Le coût de cette campagne de vaccination dont l'achat des vaccins est d'environ 100 millions d'euros, selon le Pr Leila Smati, qui a indiqué que le prix du vaccin de la rougeole a été multiplié par 15 ces dernières années. La conduite à tenir est d'aller vacciner ses enfants, a encore conseillé le Pr Smati, qui a affirmé qu'''on ne s'attendait pas à ce que les gens refusent la vaccination. Il y a eu une rumeur qui a fait que les parents refusent de vacciner leurs enfants'', alors que l'épidémie 's'est rapidement propagée''. Actuellement, près de 3,5 millions d'enfants ont été déjà vaccinés et la campagne se poursuit, même dans les zones où l'épidémie sévit. 'A El Megheir, dans la zone contaminée, dans la wilaya d'El Oued, nous sommes à 100% de vaccination, et il n'y a pas eu de contamination. Il n'y a aucun cas de rougeole dans cette ville à la date du 13 mars'', assure le Pr Smati. 'Les bons élèves de cette campagne de vaccination sont les wilayas de Médéa, Adrar, Tébessa, Souk Ahras, Mostaganem, Tindouf, Khenchela, El Bayadh, Mascara et Béchar. Dire donc que les gens des localités lointaines n'ont pas eu accès au vaccin est faux'', a-t-elle affirmé, avant de pointer du doigt 'les plus mauvais élèves, qui sont les wilayas d'Alger, de Constantine, de Tipasa et Oran. Si l'épidémie se propage à ces villes-là, le taux des personnes vulnérables sera beaucoup important''. Par les chiffres, le taux de couverture vaccinale dans la wilaya de Tipasa est de seulement 15%, contre 25% pour Oran, 19% à Constantine et 14% à Alger. Il y a 7.000 centres où on peut se faire vacciner'', a-t-elle dit, avant de rappeler que le premier décret qui rend obligatoire la vaccination à la rougeole date de 1969. Le ministère de la Santé a lancé la semaine dernière une enquête épidémiologique pour 'analyser les raisons de cette épidémie'', poursuit encore le Pr Smati, qui a ajouté que 'toute épidémie doit être analysée pour apporter une riposte''.