Après un long silence sur le conflit des médecins résidents, qui ure depuis près de quatre mois, le ministère de la Santé est sorti, dimanche soir, de son mutisme en rendant public un document portant sur toutes les propositions faites par le Comité intersectoriel aux revendications du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA). Le document du ministère, qui a été publié pour, selon son communiqué, dénoncer «la désinformation et l'intox, qui ont pris des proportions inacceptables», indique que «le Comité intersectoriel ( ) a proposé aux représentants des résidents en Sciences médicales, dont une des principales revendications porte sur l'abrogation du service civil, la modulation de la durée de ce service et du zoning». «La modulation de la durée du service civil et la modification de la liste des spécialités concernées par le service civil constituent les premières mesures incitatives dans ce cadre, qui, à terme et dans un futur proche, conduiront inéluctablement, à une disparition du service civil, comme c'est le cas pour les spécialités déjà non concernées, par celui-ci», ajoute le document du ministère, qui porte sur les réponses du Comité intersectoriel à l'ensemble des revendications des médecins résidents grévistes. Les membres du Comité, qui ont rappelé aux représentants des résidents que le service civil est une obligation instituée par un dispositif législatif qui a pour objectif de «répartir les potentialités humaines qualifiées, à travers le territoire national, dans une démarche de solidarité nationale», les membres du Comité soulignent qu' «il est temps de revoir la forme actuelle du service civil pour la rendre plus efficace et plus attractive». Sur la Commission nationale d'affectation, de suivi, d'évaluation et de recours du service civil, les membres du Comité intersectoriel, conformément au décret 13/112 du 18 mars 2013, ont retenu, selon le même document, «le principe de la participation d'un représentant élu des résidents, dans les travaux des réunions de la Commission nationale, et ont demandé aux résidents d'élire un représentant et son suppléant.» Concernant la revendication relative à l'affectation des spécialistes, par groupes homogènes, le Comité intersectoriel «adhère pleinement à cette démarche qui viendra renforcer les missions de la Commission nationale», estimant que «la création d'un hôpital de référence doté d'un plateau technique complet, la télé-médecine et le jumelage sont, également, autant de mesures et de moyens qui consolident cette stratégie». Par rapport à l'autre revendication du CAMRA, le logement, le Comité a retenu «le principe de la disponibilité obligatoire d'un logement équipé décent, avant toute décision d'affectation de médecins spécialistes, dans le cadre du service civil», et a souligné que «compte tenu du caractère obligatoire du service civil et afin d'éviter tous les problèmes liés à la disponibilité immédiate et la location par l'établissement de logement, il serait judicieux d'instaurer une prime de location mensuelle». Quant à la revendication du regroupement familial, le même comité interministériel mis en place par le ministère de la Santé a souligné que cette disposition est déjà appliquée pour les couples de médecins affectés dans le cadre du service civil, et demande «son maintien et son renforcement». Pour le congé annuel, la maternité, le congé maladie, etc., «les membres du comité confirment l'ouverture de droit des médecins spécialistes, affectés dans le cadre du service civil, à l'ensemble des dispositions relatives aux positions d'activités contenues dans l'ordonnance n° 06/03 relative au statut général de la Fonction publique». Pour la revendication portant sur l'avancement dans les échelons, le Comité a indiqué qu'elle est prise en charge par l'ordonnance n°06/03, alors que pour la majoration de l'ancienneté, elle est prévue par les décrets fixant les avantages particuliers attribués aux personnels qualifiés de l'Etat exerçant dans le Sud. Au sujet de l'octroi immédiat du diplôme de DEMS, les membres du Comité rappellent que le décret n°71/215 prévoit la remise d'une attestation provisoire de succès, permettant aux praticiens spécialistes d'exercer sur tout le territoire national, aussi bien dans le secteur public que le secteur libéral. D'autre part, les membres du Comité «adhèrent, pleinement, à la demande des résidents pour le paiement rapide et régulier de leurs salaires, qui est un droit». «Rien de nouveau» Au sujet de la prime d'installation, les membres du Comité rappellent que le Premier ministre a donné son accord pour l'institution d'une nouvelle prime d'installation qui sera à la charge des collectivités locales sur tout le territoire national, le montant et les modalités pratiques de cette nouvelle prime devant être précisés par textes réglementaires. Sur l'autre revendication concernant la promotion dans le grade, immédiatement, à la fin de la période du service civil, le Comité intersectoriel a souligné que cette proposition «est en contradiction avec les dispositions du statut particulier des praticiens spécialistes de santé publique», alors que «la révision du régime indemnitaire n'est pas encore à l'ordre du jour du gouvernement», note le Comité, qui ajoute que «le régime indemnitaire des praticiens spécialistes de santé publique sera examiné, à l'instar des autres corps, une fois ce dossier ré-ouvert». Pour le service militaire, le Comité souligne que cette question «relève exclusivement de la compétence du ministère de la Défense nationale», alors que pour la révision du statut des résidents en Sciences médicales, le Comité a expliqué que cette révision «sera faite une fois ce dossier ouvert par le gouvernement, au même titre que l'ensemble des corps de la Santé». Pour autant, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) a estimé,hier,que le ministère de la Santé «'a rien apporté de nouveau». Le Dr Hamlaoui Sadek, membre du CAMRA, estime que «e ministère a rendu public un document qui date du mois de février, et on a déjà communiqué sur ce document». Il poursuit, dans une déclaration au Le Quotidien d'Oran' qu' «ils n'ont rien proposé de nouveau, ni quelque chose de concret, et on a déjà repoussé, depuis le début ces propositions floues du ministère.» Pour lui, «ils n'apportent aucune réponse concrète sur le logement, le statut, le régime indemnitaire, et cela démontre l'incompétence du ministère à répondre à nos revendications». Pis, selon lui, «il n'y a aucune mesure incitative, rien», avant de s'interroger «sur quel critère ont-ils supprimé la neurochirurgie, une spécialité importante, de la liste des spécialités concernées par le service civil?» «Ils ont retiré 18 spécialités sur 67», indique-t-il, avant de s'étonner: «c'est complètement illogique, alors que sur le statut du médecin résident, ils nous disent qu'ils ne peuvent rien faire, tout comme pour le service militaire, ou le statut indemnitaire.» De son côté, le porte-parole du CAMRA, le Dr Taileb, qui estime que la diffusion d'un vieux document portant sur les propositions du ministère déjà connues «est une manipulation de l'opinion publique», souligne que ce (document) n'apporte rien de nouveau». Il a précisé au Le Quotidien d'Oran' que «rien n'a changé dans la situation actuelle, et le ministère n'apporte pas de nouvelles réponses, car nous avons déjà publié ses réponses». «Ce qu'il n'a pas compris, ce que nous revendiquons pour le service civil, c'est l'abrogation de son caractère obligatoire, et non sa suppression», a-t-il expliqué, affirmant «ce que le ministère refuse de comprendre». «En fait, ils essaient de manipuler l'opinion publique, comme on peut s'interroger sur les raisons qui les ont poussés à supprimer 18 spécialités ? Cela prouve en réalité qu'il n'y a aucune stratégie à moyen et long termes du système de santé en Algérie», affirme, encore, le porte-parole du CAMRA.