Médecins généralistes, spécialistes et résidents ont adopté le même mot d'ordre: la grève ouverte. La contestation qui secoue le secteur de la santé prend une nouvelle tournure malgré les promesses du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, de prendre en charge une large partie des revendications présentées. Les médecins généralistes et spécialistes ont décidé de réinvestir la rue. Sit-in et marche nationale sont au menu de leur plan d'action. «Nous allons nous réunir demain (aujourd'hui, Ndlr), avec nos confrères du Snpssp (Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique) pour fixer les dates et lieux du sit-in et de la marche que nous comptons organiser dans les prochains jours», a déclaré, hier, le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, joint par téléphone. Les praticiens appuient, ainsi, leurs grèves illimitées par des actions d'envergure nationale. Ces actions mettent en évidence la rupture du dialogue entre les syndicats autonomes et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Nous sommes en situation de rupture du dialogue social, induite par la démarche du ministère quant à la prise en charge de nos revendications», a dénoncé le Dr Mérabet. Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a annoncé, dimanche dernier, une batterie de mesures qui était de nature à mettre fin à ce conflit social qui n'a que trop duré. Le ministre a annoncé que les médecins résidents bénéficieront du même régime indemnitaire que les spécialistes, à partir du mois de juin prochain ajoutant qu'ils bénéficieront également des mêmes primes et auront le même statut que les spécialistes. Concernant la révision des statuts du médecin résident de 1996, le ministre s'est dit disposé, à la demande des médecins résidents, à installer une «commission de sages» composée de représentants des secteurs de l'enseignement supérieur et de la santé, des députés des deux chambres du Parlement ainsi que des professeurs expérimentés en médecine. Cette commission aura pour mission de coordonner les attendus du projet élaboré par la tutelle et celui proposé par les médecins résidents. S'agissant de l'abrogation du service civil obligatoire, principale revendication des médecins résidents, le ministre a affirmé que cette mesure sera révisée à partir de l'année prochaine sans donner plus de détails estimant que «le médecin a le droit de refuser d'aller travailler dans les régions enclavées ou dans les Hauts-Plateaux sans qu'il dispose de logement ou de moyens techniques». Avant d'annoncer ces mesures, le ministre de la Santé a tenu une réunion avec le Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique (Snmg), présidée par le Dr Salah Laouar. Cette réunion a été sanctionnée par l'annonce d'une augmentation de 70% du salaire net des médecins généralistes.«Cette réunion s'est tenue avec un partenaire social qui n'est pas habilité à parler en notre nom. Pis, ce syndicat a été choisi comme seul interlocuteur alors qu'il n'a jamais porté les revendications des praticiens sur le terrain», a déploré le Dr Mérabet. La démarche du ministre n'a fait qu'attiser le feu de la colère puisque les praticiens ont décidé d'entamer une action en justice pour faire valoir leurs droits. «Le dossier est en voie de constitution. Nous allons le remettre à la justice, incessamment. Une copie de ce dossier sera soumise au président de la République» a annoncé le président du Snpsp en soulignant: «La démarche du ministre est en contradiction avec les orientations du chef de l'Etat sur la promotion du dialogue social, contenue dans son message, à l'occasion de la Journée mondiale des travailleurs (1er Mai).» Rien ne va plus dans le secteur de la santé. Pour preuve, médecins généralistes, spécialistes et résidents ont adopté le même mot d'ordre: la grève ouverte. Hier encore les résidents ont tenu un sit-in national au Centre hospitalo-universitaire de Bab El Oued (ex-hôpital Maillot). «Ce rassemblement est une réponse claire aux dernières déclarations du ministre de la Santé», a expliqué le Dr Mohamed Sahnoun, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), mettant également, l'accent sur «la détermination des médecins résidents à maintenir leur grève illimitée» jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Le Camra tiendra une assemblée, aujourd'hui, pour décider de la suite à donner au mouvement de contestation. «Le principe du maintien de la grève est acquis», a, néanmoins, assuré, son porte-parole. Le rassemblement des médecins résidents est intervenu au lendemain de leur réunion avec le ministre durant laquelle de nombreuses questions ont été soulevées. «Comment peut-on indexer notre régime indemnitaire sur celui des spécialistes qui n'est pas encore adopté?», s'est demandé le Dr Sahnoune. Ce dernier a, par ailleurs, regretté l'absence d'une réponse claire sur le rôle qui sera attribué au comité des sages que le ministre a proposé d'installer. «Ce comité sera-t-il chargé de préparer l'après-abrogation du service civil obligatoire ou simplement, de modifier les textes qui le régissent», s'est, encore une fois, interrogé le représentant du Camra.