L'ancien syndicaliste Mohamed Hadj Djilali a été reconduit à la tête du Front des Forces Socialistes (FFS), après une crise interne qui a fortement secoué le plus vieux parti de l'opposition. L'annonce a été faite hier, par Ali Laskri, membre de l'instance présidentielle, en marge d'une rencontre-débat sur les libertés syndicales, organisée par le FFS, à l'occasion de la journée internationale des travailleurs. Le parti du feu Hocine Ait Ahmed a regroupé, en cette date symbolique de lutte sociale, des membres de l'intersyndicale, des associations et des organisations de défense des droits de l'Homme pour célébrer le 1er Mai qui est en principe un jour de fête pour les travailleurs, mais qui est aux yeux de FFS «un jour triste» pour les travailleurs algériens et «un jour de deuil» pour les syndicats autonomes. Ali Laskri a dénoncé lors de son intervention «la machine de répression» à la fois «policière, judiciaire, administrative et bureaucratique», mise en œuvre par le pouvoir «qui a actionné son ministère du Travail, pour s'en prendre aux syndicats autonomes, en procédant à l'exclusion de 30 syndicats, sous le prétexte fallacieux de leur non-représentativité». Le FFS a ainsi exigé le retrait immédiat de la décision prise par le ministre du Travail contre le mouvement syndical. Et appelé à un débat national autour de la question sociale. M. Laskri a repris les propos du feu Hocine Ait Ahmed qui avait déclaré lors des débats de l'Assemblée Constituante en 1963, «détruire le mouvement syndical est un crime contre les travailleurs et contre le patrimoine politique et social du pays». Le FFS s'est dit, par la voix de Laskri, préoccupé par la situation sociale des citoyens qui se dégrade de jour en jour. Les militants du parti se disent inquiets des conséquences sur la stabilité du pays de la crise économique et sociale qui s'amplifie, à cause de l'orientation libérale du système et d'une mauvaise gouvernance. Pour Ali Laskri, l'heure est donc à la résistance et à la mobilisation «la révolution n'a pas profité à ceux qui l'ont faite, les travailleurs, ouvriers et paysans, en premier lieu», conclut-il. En ce qui concerne le projet de loi sanitaire qui vient d'être adopté par la majorité qui, selon Laskri «n'a aucune légitimité», «c'est une trahison à l'Etat social». Il précise que le FFS a demandé le retrait immédiat de ce projet de loi relative à la santé, en considérant ce texte «anti-national», «anticonstitutionnel» et «antisocial». Ce projet consacre, selon le FFS, un recul sur les acquis sociaux des Algériennes et des Algériens et un recul graduel sur la gratuité des soins. Le FFS regrette que le constat aujourd'hui est que le régime a abandonné l'Etat social en prônant une politique libérale reniant ainsi les engagements de Novembre et de la Soummam. Le FFS a lancé un appel aux cadres gestionnaires pour préserver leur entreprise d'une liquidation et «de cesser l'exploitation dont vous faites l'objet au quotidien sans reconnaissance de vos mérites». Il a appelé également les travailleurs à rejoindre les syndicats autonomes qui se constituent dans tous les secteurs d'activité et qui sont à même de défendre leur outil de travail et leurs droits de salariés. Le FFS a également lancé un appel aux travailleuses, aux travailleurs et aux jeunes pour qu'ils rejoignent les forces politiques et sociales autonomes pour défendre leur citoyenneté et combattre les statuts octroyés qui ne visent qu'à limiter leurs droits. Le parti du feu Hocine Ait Ahmed appelle les Algériens en leur disant « où que vous soyez, agissez pour l'avènement de la 2ème République».