Le suspense n'aura pas duré bien longtemps et surtout aura été fatal à ceux qui pouvaient encore croire que quelque part, là-haut, on se soucie encore du citoyen lambda. Le projet de la loi de finances complémentaire 2018 promet une note vraiment salée en termes de taxes en vrac que devra supporter l'Algérien pour se faire remettre n'importe quel document administratif prouvant son identité. Même s'il le désirait, il ne pourra pas échapper à cette toile d'araignée tissée par le gouvernement qui a décidé de lui faire payer le prix fort pour «renflouer les caisses». La solution la plus facile étant trouvée, le citoyen est obligé de débourser le prix fort pour son passeport, sa carte grise, son permis de conduire et même sa carte d'identité biométrique. Un prix multiplié par le nombre de personnes à charge si on a une famille nombreuse. Ce projet qui devra être examiné prochainement par le Conseil des ministres, et assurément approuvé, ne fera qu'approfondir le fossé entre le peuple et le pouvoir en place qui n'hésite pas une seule seconde à se défausser sur lui, en expliquant que c'est à lui de payer les frais de service parce que la technologie a un coût que les institutions étatiques n'arrivent pas à honorer. Si on pensait naïvement que la première mouture de cette LFC 2018 allait être refusée par le président de la République, la deuxième lame risque de faire mal, très mal aux ménages déjà durement éprouvés par les augmentations successives des différentes taxes décidées lors des dernières lois de finances. Pourtant, et avec l'avènement de la planche à billets et les promesses du Premier ministre de ne pas instaurer de nouvelles redevances, les Algériens étaient en droit d'espérer une relative accalmie sur le front des dépenses. Mais non, au lieu de travailler à recouvrer les milliards de dollars d'évasion fiscale et de transferts frauduleux et connus de capitaux vers l'étranger, au lieu d'instaurer une taxe sur les grosses fortunes, l'Etat s'escrime à charger un peu plus lourdement le faix du citoyen. C'est à s'interroger sur les raisons réelles de cet acharnement à appauvrir les Algériens et à les laisser dans une condition d'indigénat qui se démocratise. La première lecture dans la logique du gouvernement est celle du pourrissement et cette volonté de pousser le peuple à se cabrer et dire assez ! Si c'est cela la vérité, alors la situation est critique et la stabilité même du pays est engagée. Que les pyromanes de tout bord éteignent leur chalumeau ou quittent l'Algérie.