Les résidents ne reprendront pas les gardes dans les hôpitaux, a annoncé hier le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) dans un communiqué. «En attendant de trouver des solutions pérennes, le Camra compte continuer son mouvement de protestation», indique le document tout en réitérant derechef «l'entière disposition» du mouvement «aux négociations et aux propositions concrètes, afin de trouver une entente juste et digne» au bras de fer qui dure entre les blouses blanches et le ministère de la Santé depuis maintenant près de sept mois. Rappelons que dans un communiqué en date du 26 mai, le Collectif a annoncé «une reprise de la participation à l'activité de garde à partir du 3 juin 2018 conditionnée par des négociations fructueuses avant cette date». Les grévistes envisageaient même «un dénouement total de la situation en cas de propositions satisfaisantes», sans pour autant en préciser la teneur. Le bureau national du Camra, qui s'était réuni à Constantine, a réaffirmé son entière disponibilité à des négociations «concrètes» avec le ministère de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur en vue de trouver des solutions «satisfaisantes». Pourtant, la réponse évasive du ministre Hasbellaoui à la proposition des résidents, déclarant «n'être au courant de rien» avait présagé de la réaction de la tutelle qui avait conditionné la reprise des négociations par celle des gardes. Les résidents avaient menacé de suspendre les gardes à plusieurs reprises avant de passer à l'acte. Dans un communiqué du 24 avril 2018, le Camra avait dénoncé «l'agression» dont ont été victimes les résidents et résidentes lors de la dernière tentative de marche des résidents qui avait été sévèrement réprimée à Alger. E document évoque «une atrocité sans précédent et une haine profonde» contre les participants à la marche organisée de la place Emir Abdelkader à l'hémicycle Zighout Youcef. Taïleb Mohamed, le porte-parole du Collectif, avait indiqué que parmi les mesures à prendre par le mouvement de contestation, outre l'arrêt de l'activité des gardes d'urgence et dans les services, l'éventualité de se diriger vers une démission collective. Les résidents avaient aussi tenu à dénoncer l'attitude d'une tutelle «sourde» et des négociations «stériles» qui les ont amenés à durcir leur mouvement de protestation en décidant «l'arrêt total et inconditionné de l'activité des gardes d'urgence et dans les services sur le territoire national à partir de dimanche 29 avril», comme rapporté dans un précédent communiqué. Le Camra avait également dénoncé «avec fermeté les manœuvres administratives et les actes d'intimidations et de menaces orchestrées par les directeurs des structures hospitalières». Face à cette impasse, le Camra avait décidé de s'en remettre au président de la République, en espérant une intervention de sa part. Les grévistes ont écrit une longue lettre à Bouteflika, pour lui rappeler que 15.000 médecins résidents sont en grève depuis six mois dans un mouvement qui a touché toutes les structures hospitalières du pays. Cette lettre se décline aussi comme un réquisitoire en règle contre le ministère de la Santé, accusé de pratiquer la politique de «marginalisation», de «fuite en avant» et de «fuite de responsabilité». Les auteurs de la lettre insistent en particulier sur deux revendications liées au service civil et le service militaire, qu'ils considèrent comme une sorte de minimum syndical, tout en affirmant que leur «dignité est non négociable», qu'il n'est pas question de «plier» sous quelque menace ou quelque pression. Le 28 mai dernier, dans un nouveau communiqué, le Camra dénonçait «des campagnes de désinformation» pour «déformer sciemment» leurs requêtes. Il fait allusion à une suppression du service civil qui n'a, «en aucun cas et à aucune phase de notre mouvement», été revendiquée.