Le Camra a grillé sa dernière carte qui est celle de l'arrêt des gardes, sans que cela ne fasse «frémir» le ministre de la Santé, qui tente de sauver les meubles en ouvrant la porte à un nouveau dialogue... Les médecins résidents reviennent à de meilleurs sentiments! En effet, après plus d'un mois d'arrêt de l'activité de garde, ils ont décidé de reprendre du service. Cette reprise est prévue pour le 3 juin, c'est -à -dire dimanche prochain. «Les médecins résidents, soucieux de faire valoir leur esprit de dialogue qui permettrait une issue favorable à cette situation, et après concertation de l'ensemble des membres du bureau national, ont adopté la décision d'une reprise de l'activité de garde à partir du 3 juin», ont-ils annoncé, hier, dans un communiqué qui sanctionne la réunion du bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) tenue samedi dernier. Néanmoins, cette reprise n'est pas encore totalement actée! Les grévistes exigeant au préalable la réouverture des négociations avec la tutelle. «La reprise de l'activité de garde à partir du 3 juin est conditionnée par des négociations fructueuses avant cette date, un dénouement total de la situation serait envisageable en cas de propositions satisfaisantes», souligne le même communiqué. Les médecins résidents qui avaient «rompu» le dialogue avec le ministère de la Santé, car le trouvant infructueux, appellent donc à sa réouverture. «Le bureau national du Camra réaffirme son entière disponibilité à des négociations concrètes dans le cadre d'un dialogue sincère avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ainsi que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour une solution satisfaisante à ce conflit», précise le Camra qui semble revenir en arrière après avoir refusé de faire preuve de plus de souplesse dans les négociations. Au début du mois en cours, le département de Mokhtar Hasbellaoui avait renouvelé «son engagement et sa disponibilité à la poursuite d'un dialogue responsable, s'agissant de revendications objectives et raisonnables». Néanmoins, le ministère de la Santé avait déploré le fait que «les représentants des praticiens résidents en sciences médicales formulent à chaque réunion de nouvelles revendications irréalistes dont la finalité tend à maintenir la situation actuelle de statu quo». Il faut dire que le Camra a grillé sa dernière carte qui est celle de l'arrêt des gardes, sans que cela ne fasse «frémir» le ministre de la Santé, le professeur Hasbellaoui. Bien au contraire, cette décision que beaucoup ont qualifiée «d'irresponsable» a divisé les troupes. L'arrêt des gardes a provoqué une cassure entre les partisans et les opposants. Certains ont même refusé de recourir à cette solution extrême, alors que d'autres ne l'ont pas fait avec gaieté de coeur, se pliant simplement à la décision du bureau national. Les «Demsistes» (résidents en fin de cycle, Ndlr), qui ont vu leur avenir professionnel être mis en pointillés, sont montés au créneau en assurant qu'ils n'allaient pas boycotter le prochain calendrier des examens. Sur la page Facebook «Algerian Doctors Only», l'une des références des informations qui concernent cette grève, une «Demsiste» exprime son désarroi quant à l'issue de cette grève. «Au final qu'a-t-on gagné? Autant de sacrifices pour quels résultats? Les plus grands perdants ce sont nous les Demsistes...», a-t-elle publié sur cette page avant que les administrateurs ne la suppriment très vite...Avec cette main tendue, le Camra qui avait jusque-là refusé tout ce que les autorités lui ont fait comme propositions, tente de sauver les meubles. Ce que résume parfaitement un autre résident, toujours sur «Algerian Doctors Only». «La peur, le doute, et aussi l'influence ont fait que certains pensent que reprendre les gardes est une stratégie valable...Mais en réalité, c'est juste un pas en avant pour la fin tragique de ce mouvement Camra et ils le savent consciemment ou inconsciemment mais refusent juste de l'avouer...», a-t-il amèrement constaté. Cette grève qui dure depuis la mi-novembre 2017, c'est-à-dire plus de 7 mois, risque donc enfin de connaître son épilogue. Mais pour quel résultat, et surtout à quel prix? Telle est la question...