Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, l'aviation israélienne a opéré dans la nuit de mercredi à jeudi dernier au-dessus de la zone du plateau du Golan restée syrienne après la guerre d'octobre 73 non pas pour s'en prendre à une position ou une infrastructure des forces gouvernementales, mais à des éléments appartenant à l'un des groupes armés jihado-terroristes dont l'Etat sioniste tolérait jusque-là la présence à sa frontière et auxquels il dispensait ouvertement soutien militaire et assistance prétendument humanitaire. Cette opération a été indubitablement entreprise pour faire comprendre qu'Israël n'est plus opposé à la récupération du contrôle par l'armée syrienne de l'ensemble du territoire de son pays avec lequel il est frontalier. Pour se résoudre à ce changement de cap, l'Etat sioniste s'est préalablement assuré de certaines conditions sur lesquelles satisfactions lui ont été données par la Russie au nom du pouvoir syrien. Cela est une certitude confirmée par le fait que juste après l'attaque israélienne de mercredi soir contre les éléments jihado-terroristes, Moscou a annoncé qu'il va être procédé au déploiement de policiers militaires russes sur le long de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan et qu'Israël a fait savoir qu'il a donné son accord. Dans ce qui est en train de se produire dans le sud et l'est de la Syrie, à savoir un retour de l'autorité légale syrienne dans ces zones où les armées israélienne et syrienne vont être désormais à nouveau face à face, il y a incontestablement la main de Vladimir Poutine qui sur le dossier syrien est en contact permanent et intense avec la partie israélienne. Pour forcer la main à Netanyahu, le président russe s'est assuré l'accord tacite de Donald Trump lors de leur rencontre au sommet à Helsinki au retour conditionné des forces du pouvoir syrien sur la ligne de séparation du plateau du Golan et obtenu des Iraniens qu'ils retirent leurs forces en Syrie au-delà d'un périmètre dont le franchissement procurerait à l'Etat sioniste le « casus belli » qu'il invoquerait pour entreprendre une intervention militaire en Syrie. Téhéran a confirmé avoir donné cette assurance au chef de l'Etat russe en procédant effectivement au retrait de ses forces combattantes à plus de 80 km du plateau du Golan. Outre qu'il a entrepris d'empêcher une confrontation militaire entre Israël et la Syrie dont son pays est l'allié stratégique, Vladimir Poutine entend pousser plus loin la médiation qu'il mène en visant à leur faire convenir d'une négociation sur l'affaire du plateau du Golan qui plus que toute autre tant qu'elle n'aura pas été résolue conditionnera l'état des rapports entre les deux pays. Cet objectif, le président russe l'a clairement dévoilé peu après que l'armée syrienne ait entrepris son offensive dans le Sud qui l'a rapprochée du plateau du Golan, non sans susciter des réactions de scepticisme de la part de ses détracteurs occidentaux. Qu'Israël ait fait un premier pas en prenant acte, la reprise de contrôle par l'armée syrienne des territoires jouxtant sa frontière qu'il déclarait inadmissible pour lui il y a peu doit désormais faire prendre conscience à ces milieux que Vladimir Poutine a bel et bien rebattu les cartes du jeu géopolitique au Proche et Moyen-Orient de façon qui les force à revoir le logiciel par lequel ils traitent tout ce qui touche à cette région et au conflit syrien entre autres.