La situation dure depuis plus de deux ans. Tout un axe du centre urbain d'Es Sénia, en plein cœur du chef-lieu de la commune, s'est mué en un point noir sous l'effet de débordement des eaux usées du réseau d'assainissement. Il s'agit de la parallèle au boulevard Bahi Amar, celle longeant la ville d'Es Sénia du côté du 4ème périphérique, ainsi qu'une bonne partie des rues transversales. Le périmètre est en effet le lieu de stagnation des eaux usées domestiques qui refluent du circuit d'assainissement, à partir des regards situés sur la bordure de la voie secondaire en contrebas de la rocade. Alimentée par les eaux d'égouts, une nauséabonde mare noire grandeur nature a fini par s'installer dans cet endroit, pourrissant la vie pour des centaines d'habitants et de commerçants. Outre son effet polluant sur l'environnement urbain et les multiples risques qu'il présente en termes d'hygiène et de santé publique, ce point noir pose problème en matière de circulation, automobile et piétonne à la fois, sachant que cet axe représente une voie de contournement pour éviter l'encombrement du centre-ville. A l'évidence, en hiver, « l'étang » gagne en largeur et en profondeur avec l'apport des eaux pluviales et de ruissèlement, prenant en otage tous les riverains, bien que ce soit en saison estivale que le niveau d'alarme atteigne son maximum, avec le risque des maladies à transmission hydrique (MTH) et le phénomène de prolifération des moustiques, notamment. Dans une lettre-pétition adressée, mercredi 29 août, au secrétaire général de la wilaya et par ailleurs président du comité local de lutte contre les MTH, le comité de quartier Bahi Amar, Es Sénia, interpelle l'intervention des pouvoirs publics « pour mettre fin à ce calvaire qui dure depuis plus de deux ans et qui a tendance à s'aggraver ». Dans la même correspondance, dont une copie a été envoyée au chef de daïra, le maire et le directeur de wilaya des Ressources en eau (DRE), les habitants signataires de la requête notent : « Nous subissons quotidiennement le débordement des eaux usées refoulées des regards, qui inondent non seulement cette voie publique mais également les accès de nos habitations ». Selon les investigations menées par les habitants, «ces regards font partie de la conduite principale, de diamètre 800, qui draine la majeure partie du chef-lieu et des agglomérations secondaires ». « Le refoulement des eaux usées se produit, ajoutent-ils, lorsque le débit est assez fort et les pompes situées en amont sont actionnées en sus de quelques bouchons situés en aval de la voie, c'est-à-dire aux environs du pont et de la caserne militaire sur le CW-83 ». Toujours à en croire la version des habitants, sur la base d'un recoupement d'informations, « la situation est due principalement au fait que sur les quatre pompes installées dans la station-mère, à hauteur de l'entrée de la ZI du côté du passage à niveau entre la voie ferrée et le chemin routier, seule une pompe est fonctionnelle depuis un certain temps, les trois autres étant en panne ou carrément hors d'usage pour cause de vétusté ». D'après les mêmes habitants, « la non-prise en charge de ce problème à ce jour ne fait qu'aggraver la situation et par là même le quotidien des riverains, notamment en cette période estivale, marquée par les odeurs infectes, la prolifération de moustiques, l'inaccessibilité du tronçon menant au nouveau stade de proximité et le siège de la subdivision du Commerce, sans oublier le risque de maladies hydriques et autres toxi-infections et épidémies contagieuses ». De son côté, l'APC d'Es Sénia indique par la voix du maire « avoir fait tout ce qui était possible dans le cadre de la prise en charge de ce problème, en ayant notamment, et ce sur la base de constats établis par le Bureau d'hygiène communal, alerté en temps opportun les services de la SEOR, avec une série de lettres de rappel avec demande d'intervention en urgence. Toutefois, et ce du témoignage même des habitants, «la commune ne s'est pas contentée d'une gestion à coups de PV et de correspondances administratives, mais a été toujours présente sur le terrain par ses moyens de bord, à travers les opérations de curage ou de vidange, nettoyage et assèchement, etc. ». Cependant, le problème est bien plus compliqué pour que ces petites interventions de rafistolage puissent le régler, et requiert forcément une solution fiable et définitive par le biais du gestionnaire du réseau, la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (SEOR). Contacté par nos soins, le directeur de l'assainissement de la SEOR a indiqué que « nos services sont en train de prendre en charge comme il se doit le cas signalé au niveau d'Es Sénia, et sont déjà parvenus après étude et essais à déterminer la solution à mettre en place pour remédier au problème ». Selon le même responsable, la situation devait être rétablie « à très brève échéance, au plus tard jeudi (dernier) ». Il faut noter par ailleurs que le problème est tellement grave et préoccupant qu'une brigade de la Cellule de l'environnement relevant du Groupement de la gendarmerie nationale et la wilaya d'Oran s'est déplacée sur les lieux en fin de semaine, où elle fait un constat des lieux et procédé à plusieurs actes, dont le prélèvement d'un échantillon des eaux débordantes et stagnantes.