Le ministre des Affaires religieuses Mohamed Aissa a démenti hier dimanche que des imams aient été entendus par la justice ou interpellés par les services de sécurité dans l'affaire de Kamel Chikhi, qui serait l'auteur principal de la tentative d'introduction au mois de mai en Algérie de 701 kg de cocaïne. Le ministre a expliqué au Forum d'El Moudjahid que 'les imams n'ont aucune relation avec l'affaire'' de Kamel El Bouchi, et qu'il s'agit 'd'un mensonge éhonté''. 'On veut impliquer des imams'' dans cette affaire, a-t-il ajouté, avant de préciser que le directeur des affaires religieuses de la wilaya de Bouira a confirmé qu'''il n'y a eu aucun imam qui ait été convoqué par les services de sécurité ou par la justice''. Mohamed Aïssa a ajouté qu'''il y a beaucoup de parties dans cette affaire qui ont des arrière-pensées politiques, et nous on refuse les mensonges. ' Certains sites électroniques avaient rapporté il y a trois jours, citant un quotidien national, que des imams exerçant à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, ont été entendus par les services de sécurité dans le cadre d'une enquête sur le financement de plusieurs mosquées de la région par Kamel Chikhi. Selon le quotidien, l'enquête des services de sécurité vise à déterminer la destination de l'argent offert par celui-ci pour la rénovation de lieux de culte. Ces imams sont au nombre de 21, selon la même source. Le même quotidien ajoute que ces imams 'reconnaissent avoir touché trois milliards de centimes de la part d'El Bouchi, et affirmé ne pas connaître l'origine de cet argent.'' Le ministre des Affaires religieuses a démenti ces informations, rappelant que la collecte d'argent dans les mosquées est subordonnées à une autorisation du wali après une directive dans ce sens du directeur de wilaya sur l'objectif de cette collecte''. 'Personne ne peut collecter de l'argent sans l'autorisation du wali'', a-t-il dit, insistant qu'''aucun imam ne peut collecter un seul dinar sans autorisation du wali. ' Le ministre a expliqué que 'la collecte fait l'objet d'un PV, et cette collecte n'a jamais été, même durant la décennie noire, organisée autrement''. Le ministre a cependant indiqué que deux imams, en 2012 et 2013 'ont été arrêtés et auraient pu aller en prison pour avoir organisé une collecte d'argent sans autorisation.'' Pour le ministre des Affaires religieuses, 'c'est un mensonge. Et je ne sais quelle partie veut impliquer les imams dans cette affaire, et les distraire de leur mission vis à vis de la société. Cette rocambolesque affaire des 701 kg de cocaïne, qui a éclaté fin mai dernier par une sortie en mer d'unités de la marine nationale pour arraisonner le 'Vega Mercury», qui transportait des containers de viande congelée où la drogue avait été cachée, a révélé de dangereuses et troublantes interconnexions. La cargaison de viande congelée, dans laquelle était cachée la drogue, appartenait à Kamel Chikhi. Arrêté avec ses frères, son bureau perquisitionné par les enquêteurs qui y trouveront des éléments troublants sur les agissements de cet importateur de viande congelée et également promoteur immobilier, Kamel El Bouchi a jusqu'à présent nié les faits, selon son avocat. Mais, l'instruction ne fait que commencer, le juge en charge de ce dossier ayant émis des commissions rogatoires pour démêler l'écheveau de cette troublante affaire. L'affaire avait repris la semaine dernière au niveau du pôle judiciaire spécialisé d'Alger avec l'audition de plusieurs personnes, dont le fils d'un ex-général. A la fin du mois de juin dernier, et en réaction à cette affaire, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, avait alors parlé de quatre enquêtes distinctes qui seraient en cours. Il avait notamment expliqué que l'enquête sur cette tentative d'introduction par le port d'Oran de 701 kilos de cocaïne en Algérie «ira très loin».