Les forces politiques du moment veulent reconfigurer les deux chambres du Parlement avec cette condition «sine qua non» que le président de la première chambre doit partir. Cette fois-ci, c'est le patron en personne de la seconde formation politique du pays qui appelle le président de l'APN, Saïd Bouhadja, à quitter ses fonctions. Ahmed Ouyahia, qui a confirmé avoir donné en quelque sorte son feu vert à ses députés pour qu'ils signent la motion de destitution du président de la première chambre du Parlement algérien, donne dès lors des signaux clairs que vraiment les heures de Bouhadja sont comptées. Ouyahia confirme qu'il y a 361 députés qui ont signé la pétition de destitution, dont 100 députés RND, mais bien plus: que le Parlement ne sera pas dissous et que la présidence de la République n'interviendra pas dans ce vaudeville automnal au Parlement. En fait, le N°1 du RND confirme deux choses: la première est qu'il est en phase avec son collègue du FLN, Djamel Ould Abbès, pour que l'APN change de président. La seconde est qu'il reste convaincu qu'il n'y aura pas de dissolution du Parlement, laissant entendre qu'un travail est en train d'être mené pour convaincre Bouhadja de ne pas compliquer davantage la situation et de partir, évitant la dissolution. Ouyahia est d'autant sûr de lui qu'il donne, en tant que SG du RND mais également en tant que Premier ministre, des garanties à postériori que les choses n'iront pas jusqu'à la solution extrême, la dissolution du Parlement. En outre, pour ceux qui se posent la question de savoir si la loi de finances 2019 sera signée alors que le début de son examen n'a même pas été entamé en plénière, il a répondu et rassuré les opérateurs comme les observateurs politiques qu'elle sera signée quand même par le président. Ce qui, à l'évidence, évite la question de savoir si le blocage des activités des commissions, dont celles des finances, ne va pas se répercuter sur la loi de finances 2019. Ouyahia délivre ainsi un glaçant message selon lequel avec ou sans Parlement la LF 2019 sera signée. Par décret s'il le faut, mais l'activité économique du pays ne sera pas tributaire ni dépendante des jeux de coulisses au Parlement. Même si, en tant que chef du RND, il appuie et soutient l'action des députés du parti pour le départ de Bouhadja du perchoir. Et, à ce niveau, ni au FLN, encore moins au RND, personne ne pourra dire qu'il n'y a pas eu une cabale, inexpliquée ou dont les raisons sont tout à fait contraires au règlement intérieur de l'APN, contre son président. Pis, Ahmed Ouyahia, en déclarant que 361 députés, y compris ceux de son parti, ne veulent plus travailler avec l'actuel président en bloquant les activités de la première chambre du Parlement, soutient un mouvement illégal dont les revendications ne sont justifiées par aucune disposition du règlement intérieur de l'APN. Et, lorsqu'il déclare que la présidence de la République ne va pas intervenir pour trouver une solution à cette crise, qu'il refuse à considérer comme telle au sein du Parlement, Ouyahia, proche d'entre les proches du président Bouteflika, sait en effet que l'issue du bras de fer entre députés de la majorité et le président de l'APN est déjà scellée et que les changements escomptés par ce coup de grisou parlementaire ne vont pas tarder à intervenir. Car il s'agit dans cette crise institutionnelle fomentée, jamais connue jusqu'ici, d'un mouvement de chaises musicales que Bouhadja dérange et qu'il est temps qu'il parte et que le perchoir au Sénat et à l'Assemblée nationale doit changer de «look».