La crise au sein de l'APN perdure et prend de l'ampleur. Et, surtout, bloque toute activité parlementaire, et partant l'examen et le vote des lois qui font fonctionner la République. L'exigence de départ du président de l'APN par les députés des partis de la majorité parlementaire contre le déblocage de la situation est une condition illégale et non réglementaire, estiment les experts, d'autant qu'elle mène à une impasse politique ou la dissolution de l'APN. Le président de l'APN Saïd Bouhadja, après avoir fait seul de la résistance contre les attaques frontales notamment du SG du FLN qui l'a sommé de démissionner, commence progressivement à reprendre confiance. L'appui de l'ancien président de l'APN, Abdelaziz Ziari, ainsi que l'Organisation nationale des moudjahidine est venu conforter la position du président de la chambre basse du Parlement. Un soutien important et venu au bon moment pour situer les zones de clivage et les lignes rouges à ne pas dépasser. Mais également pour discréditer Djamel Ould Abbès, celui qui a réclamé 'la tête'' de Bouhadja. Ce revirement de la situation intervient également après les vives critiques des partis d'opposition, notamment le RCD et MSP qui s'est dit 'outré par la situation dans laquelle se trouvent les institutions algériennes''. Le RCD qualifie le débordement institutionnel des députés de l'Alliance présidentielle de 'simulacre de fronde qui obéit à d'autres desseins''. Il est clair que le blocage du travail des commissions du Parlement par les groupes parlementaires du FLN, du RND, de TAJ, du MPA et des Indépendants est absolument illégal et anticonstitutionnel et contraire au règlement intérieur de l'APN. En réalité, ce sont les groupes parlementaires frondeurs qui sont aujourd'hui dans le camp de l'illégalité, puisque cette grève 'institutionnelle'' n'a aucun fondement juridique. Et puis, il y a ce coup de semonce de l'ONM qui dénonce 'la tentative de certains de nuire à l'histoire de nos moudjahidine et d'attenter à leur passé honorable'', ce qui 'constitue un dangereux précédent qui impose à tous de s'y opposer fermement''. Les objectifs d'une telle fronde au Parlement ne sont pas directement liés à la prochaine élection présidentielle, mais plutôt pour un changement au perchoir de la première et la seconde chambre du Parlement. Mais, cette situation qui risque de porter préjudice au fonctionnement du pays avec le blocage des activités parlementaires, avec une intention avouée ou pas de casser encore plus les difficiles tentatives de reprise économique, ne semble pas, étrangement, inquiéter le Premier ministre et également chef du RND. Bien au contraire, la 'cabale'' pour la destitution-démission du président de l'APN a eu d'une manière ou d'une autre la caution du SG de la seconde force politique du pays. A moins d'un deal contre nature entre le FLN et le RND, rien n'oblige Ahmed Ouyahia, dans son rôle de Premier ministre surtout, à suivre tête baissée les revendications du SG du FLN. Un état de fait inédit et anachronique qui appelle cependant à une réaction, d'une manière ou d'une autre, du président de la République qui pour le moment semble ne pas vouloir attenter à l'indépendance du Parlement. Ni à s'immiscer dans les affaires intérieures des institutions élues. Mais, le temps que dure ce blocage du Parlement est préjudiciable à l'action du gouvernement, aux échéances économiques, au fonctionnement des institutions de l'Etat, ce qui renvoie à cette déplorable image d'une anarchie au sein de la plus importante institution politique du pays: son Parlement.