Tebboune ordonne aux membres du Gouvernement de préparer des plans d'action sectoriels    Lettre ouverte A Monsieur le président de la République    L'Algérie révise partiellement sa politique des subventions des prix du gaz naturel pour les industriels    Organisation d'une journée d'étude sur l'entrepreneuriat en milieu universitaire    Des artistes illustrent les horreurs de Ghaza    Erdogan salue une décision «courageuse»    La Bolivie exprime son soutien au mandat d'arrêt contre Netanyahu et Gallant    Les joueurs mouillent-ils leurs maillots ?    Ligue 1 Mobilis : la LFP fixe les dates de la 11e journée    Belaili sauve l'EST de la défaite contre Ben Guerdane    Lettre ouverte A Son Excellence, Monsieur le président de la République    Quarante-cinq lotissements sociaux créés à travers plusieurs commune    Opération de dépistage du diabète    Deux artistes algériens lauréats    Commémoration du 67e anniversaire de la bataille de Hassi-Ghambou dans le Grand erg occidental    Lettre ouverte A Son Excellence, Monsieur le président de la République    APN : le président de la commission des affaires étrangères s'entretient avec le chef de la délégation du Parlement iranien    Sétif: signature de 7 conventions entre NESDA et la direction de la formation professionnelle    Liban: 29 personnes tombent en martyres dans une frappe de l'armée sioniste sur Beyrouth (nouveau bilan)    Canoë - Kayak et Para-Canoë/Championnats arabes 2024: l'Algérie sacrée championne, devant l'Egypte et la Tunisie    Athlétisme / 10 km de la Saint-Nicolas : Victoire de l'Algérien Saïd Ameri    Le Général d'Armée Saïd Chanegriha en visite officielle à l'Etat du Koweït    Ouverture de la 70e session de l'AP-OTAN à Montréal avec la participation du Conseil de la nation    Rencontre entre les ministres de l'Education nationale et des Sports en prévision du Championnat national scolaire des sports collectifs    Examens de fin d'année session 2024 : début des inscriptions mardi    Le président de la République préside une réunion du Conseil des ministres    Travaux publics: coup d'envoi du 20e SITP avec la participation de 232 exposants    Borrell appelle les Etats membres de l'UE à appliquer la décision de la CPI à l'encontre de responsables sionistes    Mandats d'arrêt contre deux responsables sionistes: la Bolivie appelle à l'application de la décision de la CPI    Journée d'étude à Alger sur l'entrepreneuriat en milieu universitaire    Foot/Jeux Africains militaires-2024: l'équipe nationale remporte la médaille d'or en battant le Cameroun 1-0    Tunisie: ouverture des Journées Théâtrales de Carthage    Tlemcen: deux artistes d'Algérie et du Pakistan lauréats du concours international de la miniature et de l'enluminure    Nâama: colloque sur "Le rôle des institutions spécialisées dans la promotion de la langue arabe"    Le président de la République préside la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle Directrice exécutive du Secrétariat continental du MAEP    L'ANP est intransigeante !    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



100 ans après la der des ders : le monde de plus en plus incertain
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 11 - 2018

A l'occasion des cérémonies du centenaire de la guerre de 1914, le président de la République française Emmanuel Macron a délivré un discours fort devant les chefs d'Etat du monde entier en cette journée de commémoration du 11-Novembre. L'itinérance mémorielle du président de la République voulue pour commémorer le centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918 a pris fin par un discours devant les chefs d'Etat rassemblés à l'Arc de triomphe devant la tombe du soldat inconnu. Emmanuel Macron a d'abord rappelé «le sacrifice et les souffrances» des soldats et du peuple français, «une seule France rurale et urbaine, bourgeoise, aristocratique et populaire.» «Durant ses quatre années, l'Europe manqua de se suicider, dans un enfer qui engloutit tous les combattants. Dès le lendemain de l'armistice, commença le funèbre décompte des morts, des blessés, des mutilés, les disparus. (…), a-t-il expliqué. Dix millions de morts, six millions de blessés, trois millions de veuves, six millions d'orphelins, un milliard d'obus tiré sur le seul sol de France. Aux larmes des mourants succédèrent celles des survivants. (…). Le président de la République espère que «le rassemblement de la fraternité retrouvée», ne soit pas seulement celui d'un jour. «Nous devons mener le combat de la paix, le combat d'un monde meilleur ». (1)
« Additionnons nos espoirs au lieu d'opposer nos peurs» a déclaré Emmanuel Macron lors de son discours devant les dirigeants étrangers. Il a exhorté au «combat pour la paix» en refusant «le repli, la violence et la domination». Et a pointé que «le patriotisme est l'exact contraire du nationalisme». »Ensemble, nous pouvons conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement climatique et de la dégradation de notre nature, la pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l'ignorance», a-t-il espéré.
Comment Macron veut faire du forum de Paris un «Davos de la paix»
Le président veut faire de Paris la capitale de la paix : « Un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale, les dirigeants de la planète ont rendez-vous à Paris. Donald Trump, Vladimir Poutine ainsi que de très nombreux dirigeants européens et africains étaient présents sur la place de l'Etoile pour écouter le discours de commémoration du président français et son plaidoyer pour une paix durable Le président a voulu ancrer cette journée dans le présent en organisant un forum international pour défendre le multilatéralisme qui encadre les relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est d'ailleurs assez logiquement que le milliardaire populiste a décidé de bouder ce grand raout organisé à partir de ce dimanche après-midi et durant trois jours dans le nord de Paris, à la grande halle de la Villette et qui a vocation à devenir un rendez-vous annuel. Une défection qui montre toutefois à elle seule -ou presque- les difficultés auxquelles Emmanuel Macron sera confronté pour faire de cet exceptionnel forum de Paris un «Davos de la paix.» Voilà pour la promesse. En réalité, ce grand raout sera surtout l'occasion pour le président français de mettre une nouvelle fois l'accent sur l'impérieuse nécessité pour les nations de se réunir et de trouver des solutions ensemble pour parvenir à une «paix durable.» Une obligation imposée par le «climat d'entre-deux guerres» qui pèse aujourd'hui sur l'Europe » selon lui(2)
Les paroles du Forum pour la paix démenties par les actes
Déjà lors de son discours aux Nations Unies le président Macron avait invité à la paix, il a exposé sa vision du monde : « Si j'ai aujourd'hui le privilège de m'exprimer devant vous, je sais à qui je le dois. Je le dois à tous ceux qui, voici un peu plus de soixante-dix ans, se sont levés contre un régime barbare qui s'était emparé de mon pays, la France. (…) Je le dois à ceux qui, la guerre finie, ont osé la réconciliation et ont reconstruit un nouvel ordre international. La protection des réfugiés est un devoir moral et politique dans lequel la France a décidé de jouer son rôle. (…) Mais si, face au terrorisme, aux migrations, les réponses de court terme s'imposent afin de gérer les crises, c'est notre volonté politique de traiter les causes profondes de toutes ces instabilités qui est aujourd'hui en jeu. Ces migrations, ce terrorisme, ce sont des défis politiques avant tout, profonds, pour nous tous et toutes. Car les causes profondes, morales, civilisationnelles, si nous voulons les relever, c'est par une véritable politique de développement que nous pouvons le faire » (3).
Eloge vain du multilatéralisme devant l'obstination américaine
« Mais notre défi contemporain, poursuit le président Macron celui de notre génération, c'est de savoir le refonder. C'est d'expliquer qu'aujourd'hui, dans le monde tel qu'il va, il n'ya rien de plus efficace que le multilatéralisme. Pourquoi ? Parce que tous nos défis sont mondiaux : le terrorisme, les migrations, le réchauffement climatique, la régulation du numérique, tout cela, nous ne les règlerons qu'à l'échelle de la planète, de manière multilatérale. A chaque fois que nous acceptons que ce ne soit pas le multilatéralisme, alors nous laissons la loi du plus fort l'emporter. Parce que, oui, mes amis, consacrer notre vision du monde, c'est par le multilatéralisme que nous pourrons le faire. Parce que cette vision est universelle. Elle n'est pas régionale. Parce qu'à chaque fois que nous avons cédé à certains qui disaient que la place de la femme, c'était l'affaire de quelques-uns, à un certain bout de la planète, mais pas des autres, que l'égalité entre les citoyens, c'était l'affaire d'une civilisation, mais pas d'une autre, nous avons abandonné ce qui nous a rassemblés ici, dans ce lieu, l'universalité de ces valeurs. Là aussi, nous avons cédé, dans certains pays, à la loi du plus fort ». (3)
« Parce que le multilatéralisme, c'est la règle du droit, c'est l'échange entre les peuples, c'est l'égalité de chacune et chacun d'entre nous, c'est ce qui permet de construire la paix et de relever chacun de nos défis. (…) les voix oubliées que j'ai voulu porter ce jour ne peuvent résonner que dans une enceinte comme celle-ci. Une enceinte où chacun a sa place, où chacun peut se faire entendre de ceux qui ne veulent pas écouter. A ceux-ci, je dirai : ne pas écouter la voix des opprimés et des victimes, c'est laisser leur malheur grandir, prospérer, jusqu'au jour où il nous frappera tous. (…) Ne pas écouter ceux qui nous appellent à l'aide, c'est croire que les murs et les frontières nous protègent. Mais ce ne sont pas les murs qui nous protègent. C'est notre volonté d'agir, c'est notre volonté d'influencer le cours de l'Histoire. (…) Ne pas écouter ces voix, c'est croire que leur misère n'est pas la nôtre. Que nous posséderons pour toujours les biens dont ils ne pourront que rêver. Mais lorsque ce bien, c'est la planète, lorsque ce bien, c'est la paix, la justice, la liberté, pensez-vous que nous puissions en jouir seuls, dans un coin ? Si nous ne prenons pas la défense de ces biens communs, nous serons tous balayés » (3)
La dette de la France pour le sang versé
On croit à tort qu'il suffit d'une cérémonie de quelques médailles et d'un rituel bien rodé pour les commémorations pour qu'il y ait un solde de tout compte ! Quand on pense que les pensions des anciens combattants indigènes étaient cristallisées à leur valeur des années cinquante ! Il a fallu que le film « Indigène» soit vu par le président Chirac pour qu'il ordonne de décristalliser les pensions et rattraper en partie celle de leurs frères de combat européens. Que fut le sacrifice de ces bougnouls venus du fond de leur village ?
Un beau texte de Jean Bauberot sous forme d'une lettre à Sarkozy permet de voir en creux le sacrifice des bougnouls et la tolérance qui avait prévalu lors de la création pour services rendus par la construction de la Mosquée de Paris. S'adressant à Sarkozy du temps où il était président, il écrit « (…) je vais te raconter l'histoire de France en la reliant à ma propre histoire d'ancien Français, du temps où toi, tu ne l'étais pas encore. Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, Mais si je te raconte cela, ce n'est pas pour me cantonner dans la petite histoire, celle de ma famille, c'est pour rappeler l'Histoire tout court. Car nous avons été environ 100 000, oui cent mille, musulmans à mourir au combat pour la France. Nous étions déjà tellement « arrivés » en France, que nous y sommes morts ! Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée « métropole ». Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr. (…) Pourquoi passes-tu tant de temps, dans ton texte, à nous parler des minarets ? Cela n'a vraiment pas été un problème. Bien au contraire. Et pourtant, ils étaient très laïques, les Edouard Herriot, ou Léon Bourgeois (un des « pères » de la morale laïque) qui ont pris la décision de consacrer des fonds publics à la construction de cette mosquée, de ce minaret.(…) . D'ailleurs le père de la loi de 1905, Aristide Briand, avait dit à son propos : « En cas de silence des textes ou de doute sur leur portée, c'est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur.» De plus, et je vais t'étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets. Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré : « Quand s'érigera le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l'Ile de France qu'une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses. » (4)
Bref rappel de la consistance de l'engagement des Africains pour la France
A la veille du premier conflit mondial, la France compte beaucoup sur la « force noire » : c'est le titre même d'un ouvrage publié en 1910 par le colonel Mangin, qui, devant une métropole en plein déclin démographique, ne voit de salut que dans « les trois Afriques, provinces de la plus grande France, celle qui va de la mer du Nord aux bouches du Congo », en clair le Maghreb, l'AOF et l'AEF. Selon les sources, les colonies fournirent de 535 000 à 607 000 soldats, auxquels s'ajoutaient les 4000 Français des colonies et les 73 000 Français d'Algérie recrutés. Dans l'effort de guerre, il convient d'ajouter quelque 300 000 « travailleurs coloniaux », dont un bon tiers venant d'Algérie au total, c'est près d'un million d'hommes que la « mère-patrie » a prélevés outre-mer. Dès septembre 1917, dans les colonnes de L'Indépendant sénégalais, Galandou Diouf futur député du Sénégal, revendiquait « l'égalité dans la société, comme dans les tranchées devant la mort ». (5)
« En 1939, poursuit Benyamin Stora, il y a 28 régiments de Tirailleurs (16 Algériens, 4 Tunisiens et 8 Marocains). Ils représentent 38,6 %de l'infanterie française. La proportion d'Indigènes aux Français est 73,4 %. De 1942 et 1945, après le réarmement des troupes françaises en Afrique du Nord, 233 000 Maghrébins et européens furent mobilisés et affectés essentiellement dans les régiments de tirailleurs notamment au sein de la 2e DIM, de la 3e DIA et de la 4e DMM En mai 1944, le CEF en Italie comportait 112 000 hommes dont 67 000 Maghrébins (60 %) . 6 500 soldats, dont 4 000 Maghrébins, surtout des tirailleurs algériens et tunisiens, sont tués de novembre 1943 à juin 1944 écrivant cette campagne, Pierre Montagnon écrit « Les tirailleurs de la 3e DIA, la division des trois croissants, écriront sur les pentes des Apennins quelques-unes des plus belles pages d'héroïsme de l'histoire de l'armée française. Ces enfants de la vieille Numidie que leur chef, le général de Montsabert, qualifie de par leur origine d'héritiers de la IIIe Augusta enlèveront le Monna Casale (1395 mètres), le Monna Acqua Fondata (1325 mètres), s'accrochent au Belvédère avant de forcer la ligne Gustav et de marcher sur Rome. » (5)
« Sur les 267 000 hommes que comptaient la 1re armée lors du Débarquement de Provence en août 1944, les Maghrébins, majoritairement tirailleurs algériens et tunisiens, représentaient environ 50 % des effectifs soit plus de 130 000 hommes . Le nombre de Maghrébins tués d'août 1944 à mai 1945, essentiellement des tirailleurs, s'élève à 3 716.
Entre 1947 et 1954, 122 900 Maghrébins débarquèrent en Indochine. Le 1er février 1954, les Maghrébins, majoritairement des tirailleurs algériens, engagés dans le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient étaient environ 37 000 sur un total de 127 785 hommes des Forces terrestres (autochtones non compris) (5)
« Les régiments de tirailleurs de l'Afrique du Nord défoncèrent, au prix de pertes très lourdes, les lignes allemandes le 22 mai 1944. Par la suite, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, 260.000 soldats, majoritairement nord-africains, débarquent en Provence et libèrent Toulon et Marseille le 15 août 1944. Il y eut 140.000 soldats algériens. Il y eut 14.000 morts et 42.000 blessés.
Ces soldats qui revinrent ensuite au pays, pour voir leurs familles massacrées un jour de mai 1945... Qu'on en juge! Partout en Europe le 8 mai était fêté comme la fin de la guerre, l'avènement de la paix pour les peuples d'Europe, Pas un mot des tirailleurs algériens, marocains qui ont été déterminants dans la victoire sur le nazisme. N'est-ce pas en effet le général de Lattre de Tassigny qui écrivait dans son ordre du jour numéro 9 du 9 mai 1945 adressé à ses soldats: «De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-mêmes comme celles de vos exploits.» Le général de Montsabert ne fut pas en reste en s'adressant à ses soldats de la 3e DIA, il écrit: «C'est grâce à l'Armée d'Afrique que la France a retrouvé non seulement le chemin de la victoire et la foi en son armée, mais aussi et surtout l'honneur et la Liberté.» Ce sont ces tirailleurs qui, revenant au pays, se feront raconter les massacres. Ce 8 mai qui devait marquer le début de l'horreur pendant plus de deux mois de terreur avec des dizaines de milliers de morts innocents dont le seul crime était d'avoir demandé à s'émanciper » (5).
« Quelque 100 000 soldats musulmans sont morts sous le drapeau français durant la Première et la Seconde Guerre mondiale. 70 000 ont péri à Verdun. Plus de 16 600 sont morts entre 1940 et 1945. Ils sont restés à la marge de l'Histoire de France Une cérémonie sous une pluie battante, qui en a, cependant, ému plus d'un. « Je suis ravi qu'on ait enfin rendu hommage à nos soldats », témoigne M. Henry, général de corps d'armée président de l'Association des anciens combattants du corps expéditionnaire en Italie «La campagne qui m'a le plus marqué est celle d'Italie», se remémore-t-il. «60 % du corps expéditionnaire français en Italie était composé de soldats musulmans. C'est bien l'armée d'Afrique qui a ouvert la route de Rome !» (6)
Le centenaire d'un conflit de portée immense
Les vainqueurs de la guerre ( France et Angleterre) grâce à l'engagement décisif des Etats unis pris d'hubris voulaient humilier les vaincus dont l'Allemagne. Clemenceau disait à qui voulait l'entendre : «L'Allemagne paiera» Oui elle a payé. Oui elle a été humilié son industrie démontée. C'est dans le même fourgon de l'armistice qu'Hitler le caporal vaincu fera signer aux généraux français l'acte de reddition à Rotondes . Les puissances sur le déclin continuaient à se croire qu'elles étaient là pour l'éternité comme elles le firent avec le dépeçage de l'empire ottoman et la main mise sur le Moyen Orient. La Grande Guerre, qui marque le recul du libéralisme, est notamment à l'origine des régimes totalitaires et des problèmes actuels du Moyen-Orient.
Gérard-Michel Thermeau nous explique comment la der des der eut une portée immense. : « (…) Ce centième anniversaire est l'occasion de se souvenir d'une guerre, absurde par bien de ses aspects, et dont les conséquences furent tragiques. Mais aussi d'une guerre qui a engendré la plupart des guerres qui ont suivi. (…) Le fascisme et le nazisme, au-delà de leurs divergences idéologiques, partageaient quelques points communs et notamment le rejet du libéralisme sous toutes ses formes. (…) Clemenceau porte sa responsabilité, parmi d'autres, dans l'échec de la paix manifesté par les divers traités signés suite à la Conférence de paix de Paris. Si l'éclatement de l'Autriche-Hongrie se révéla catastrophique en Europe centrale, la chute d'un autre empire affectait le Moyen-Orient. Les circonstances de l'effondrement final de l'Empire Ottoman, déjà fort affaibli, vont faire du Moyen-Orient une nouvelle poudrière. Pendant la guerre, politiciens britanniques et français s'étaient cru fort habiles dans leurs manœuvres au Moyen-Orient. Ils avaient incité les Arabes à se soulever contre les Turcs en agitant, aux yeux des Hachémites, le rêve du grand royaume arabe. Dans le même temps, ils se partageaient les dépouilles de l'empire ottoman en établissant leur zone d'influence. (…) Loin d'obtenir leur indépendance, les Arabes se voyaient ainsi tomber sous la coupe des deux anciens rivaux impérialistes. (…) Pendant le conflit, les Alliés puisèrent dans leurs empires ressources, main d'œuvre et troupes. Des Indiens, des Africains, des Maghrébins se trouvèrent à se battre, bien loin de chez eux, dans des tranchées boueuses. (…) Mais en engageant les troupes coloniales en métropole, les colonisateurs sciaient la branche sur laquelle reposait leur domination. L'artillerie ennemie tuait, par exemple, sans distinction « dominants » et « dominés ». Le discours inégalitaire allait devenir de plus en plus difficile à tenir. À la conférence de paix, en dépit des 14 points de Wilson, les vainqueurs restèrent aveugles et sourds aux timides demandes de réformes dans les colonies. (…) Le 11 novembre 1918 à 11 heures, sur la ligne de front les clairons sonnaient le « cessez le feu ». Ce n'était pas la paix, certes, c'était l'arrêt des combats. Cette guerre atroce et absurde était enfin terminée. Ce devait être la « der des der », seule justification de tant de souffrances et de tant de vies sacrifiées jusqu'à la dernière heure. Mais ce n'était pas la paix, oh non ! C'était un armistice de vingt ans. La « der des der » était la préfiguration des tragédies à venir ». (7)
231 millions de morts en 100 ans de guerres
Les hommes ont été naïfs de croire que c'était la der des der ! La réalité a démenti ce vœu pieux ! L'institut néerlandais de relations internationales Clingendael Institute a publié une étude consacrée au nombre de morts provoquées par les guerres et les conflits tout au long du XXème siècle. Selon les chercheurs qui ont procédé à cette comptabilité macabre, environ 231 millions de personnes ont été «tuées à la suite d'une décision d'origine humaine» entre 1900 et 2000. La première guerre mondiale a provoqué entre 13 et 15 millions de morts, la guerre civile en Russie (1918-1922) plus de 12,5 millions, la révolution mexicaine (1909-1916) 1 million, la seconde guerre mondiale entre 65 et 75 millions de morts... Les conflits postérieurs à 1945 ont, pour leur part, entraîné le décès de 41 millions de personnes. Cette étude analyse également les réponses et les atermoiements de la «communauté internationale» face à ces tueries, et pose le problème de l'intervention humanitaire dans les guerres » (8).
Les marchands de morts se portent bien
«A Beastly Century », un surnom, utilisé par la romancière britannique Margaret Drabble, qui sonne parfaitement à l'oreille pour décrire le XXe siècle. En cette époque décadente de marchandisation du monde où la guerre est un marché bien trop juteux pour que le lobby des armes se remémore « A Beastly Century ». Le marché des armes est florissant ( près de 1600 milliards de $ , il faut 50 milliards de dollars pour éradiquer la faim).Le Sirpi un organisme suédois fait la comptabilité des marchands d'armes qui sont moralistes répétant d'une façon compulsive les droits de l'homme, le slogan élimé de la paix coté façade et marchands d'arme retors pour se partager les dizaines de milliards de dollars que les pays du Sud consacrent à se doter pour se faire la guerre mutuellement au lieu de consacrer les argents au développement de leur pays. L'Arabie Saoudite qui consacre 100 milliards de pétrodollars aux armes vendues par les Etats Unis ,la France , l'Allemagne des nations vertueuses qui parlent de paix. Il faut reconnaitre cependant que le président Trump est conséquent avec lui-même il n'a pas participé au Forum sur la paix qui n'a débouché sur rien de tangible ;
Pourquoi les guerres et qui meurt ?
« On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels disait Anatole France. Paul Valéry abonde dans le même sens : « La guerre :Un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas » Deux petites contributions mieux que mille discours nous permettent de comprendre comment le bon sens du peuple celui qui meurt pour une cause qui est celle des grands.
D'abord le beau poème Le dormeur du Val de Rimbaud l'illustre poète du poème Jugurtha, il parle de la mort scandaleuse d'un jeune soldat « C'est un trou de verdure où chante une rivière, c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit ».
Ensuite le déserteur de Boris Vian chanté magistralement par Mouloudji « Messieurs qu'on nomme Grands Je vous fais une lettre Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Les guerres sont des bêtises Le monde en a assez Depuis que je suis né J'ai vu mourir des pères J'ai vu partir des frères Et pleurer des enfants Des mères ont tant souffert Et d'autres se gobergent Et vivent à leur aise Malgré la boue de sang Il y a des prisonniers On a vole leur âme On a vole leur femme Et tout leur cher passé Demain de bon matin Je vagabonderai Et je dirai aux gens: Profitez de la vie Eloignez la misère Vous êtes tous des frères Pauvres de tous les pays S'il faut verser le sang Allez verser le vôtre Messieurs les bon apôtres » Le Déserteur Boris Vian
Pourquoi le monde musulman est devenu l'épicentre des conflits mondiaux
Le vingtième siècle aura été un siècle de morts de misères de détresse Nafeez Ahmed, un politologue britannique directeur de l'Institute for Policy Research and Development de Brighton, a écrit cette contribution suivante décrivant les nombre de morts musulmans dans les guerres occidentales. Pour lui les victimes musulmanes seraient sans valeur. Il interroge : « « « Pourquoi nous détestent-ils autant ? » Eh bien pour ça, 4 millions de morts environ. Il détaille un catalogue mortifère 1ere Guerre du golfe (1991) : 200 000 morts en Irak Sanctions brutales contre l'Irak (1993-2001) : 1 700 000 morts en Irak «Guerre contre le terrorisme» (2001-2014) : 1 300 000 morts : 1 000 000 de morts en Irak , 220 000 en Afghanistan (estimation basse, d'autres sont bien plus importantes), 80 000 au Pakistan ; Yémen et autres pays non étudiés ». On rappellera aussi que la majorité des morts du terrorisme islamiste sont musulmanes. Selon les chiffres explorés ici, le nombre total de victimes des interventions occidentales en Irak et en Afghanistan depuis les années 1990 s'élève probablement aux environs de 4 millions (2 millions en Irak de 1991 à 2003, puis 2 millions lors de la « guerre contre le terrorisme ») et pourrait atteindre 6 à 8 millions en prenant en compte les estimations plus élevées du nombre de morts évitables en Afghanistan » (9) . Ceci sans compter les guerres civiles qui sont en cours fomentées de l'extérieur comme la décennie noire en Algérie qui aurait fait 200.000 morts et les guerres comme en Syrie, au Yemen, et en Libye.
Il est donc admis que la plupart des morts sont des « musulmans » . Smail Goumeziane en parle dans une belle contribution que nous résumons : Après la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, et l'acceptation quelques mois plus tard de la réunification de l'Allemagne par l'URSS finissante, on pensait que la fin de la guerre froide allait advenir et avec elle la fin de tous les conflits. Ce fut une erreur. Ce qu'il est convenu d'appeler le monde musulman allait, dans la douleur, l'apprendre à ses dépens » (10).
« Depuis près de quarante ans maintenant, le monde musulman est devenu le foyer de plusieurs conflits particulièrement dévastateurs, mêlant rivalités nationalistes, convoitises néocoloniales ou impérialistes et terrorismes : guerre du Liban (1975-1990) ; guerre Iran-Irak (1980-1988) ; première guerre d'Irak (Opération « Tempête du Désert » 1990) ; guerre « civile » en Algérie (1991-2000) ; guerre d'Afghanistan (depuis 2001) ; seconde guerre d'Irak (depuis 2003). Plus près de nous, avec l'organisation de l'Etat islamique (OEI) en Irak puis en Syrie, un terrorisme à visée mondiale est désormais à l'œuvre. Enfin, depuis 2011, l'éruption des « printemps arabes » a généré divers conflits dans la région, notamment en Tunisie, en Libye, en Egypte et en Syrie, dont les impacts dévastateurs sur la région du Maghreb, le Proche-Orient et les pays limitrophes de l'Afrique subsaharienne (Mali, Niger, Tchad, Nigeria) sont loin d'être identifiés et encore moins maitrisés ».
« Pour ces raisons, le monde musulman est devenu l'épicentre des conflits mondiaux. Mais alors, quelles sont les causes fondamentales des conflits qui ont embrasé le monde musulman au cours de ces différentes périodes ? À l'examen, la cause purement religieuse, celle qui sous-tend le « choc des civilisations » n'est guère crédible. Il n'y a pas d'un côté un monde musulman homogène et de l'autre un monde « judéo-chrétien » homogène. Plus objectivement, trois causes principales expliquent cette concentration des conflits dans le monde musulman. La première, et probablement la plus importante, est constituée par le fait que depuis la première guerre mondiale et jusqu'à nos jours, le monde musulman est devenu le principal bassin énergétique de la planète. Les pays musulmans possèdent à eux seuls plus de 50 % des réserves mondiales prouvées de pétrole On comprend mieux les implications divergentes des Russes, des Américains, des Européens, mais aussi des Turcs, des Iraniens, des Saoudiens et des Israéliens dans les conflits. La seconde cause est liée à l'évolution de la production et de l'utilisation des matériels à usage militaire depuis la fin de la guerre froide. Les pays occidentaux vendent une quantité d'armes croissante aux différents pays musulmans. Pis, lorsque certains pays de la région, comme l'Egypte, n'ont pas les moyens de payer leurs achats, l'Arabie saoudite n'hésite pas à en assurer le financement (…) ».(10)
« La troisième cause conclut Smaïl Goumeziane ,des conflits provient de l'évolution politique des pays musulmans eux-mêmes. Au lendemain des indépendances, au lieu de promouvoir des politiques soucieuses de démocratie interne, de complémentarité économique et de bon voisinage régional, ils se sont enfermés dans des régimes autoritaires. Ces régimes, en instrumentalisant la religion commune, ont promu des politiques économiques rentières et concurrentielles, générant des rivalités, plus ou moins attisées par les partenaires extérieurs au gré de leurs intérêts Dans ces conditions, ces conflits récurrents ne pouvaient être autrement que tragiques et destructeurs. Au-delà des immenses dépenses de guerre (plus de 6 000 milliards de dollars pour les deux guerres d'Afghanistan et d'Irak), et du gonflement conséquent des budgets militaires lors de chacun des conflits, des destructions humaines et la dévastation de villes et de régions entières, voire de sociétés, en ont résulté pour le plus grand bénéfice des complexes militaro-industriels. (…) Cela s'est aggravé dès 2011 avec l'éruption des « printemps arabes ». Comme une lame de fond, les mouvements de contestation populaire ont conduit au départ de Zine El-Abidine Ben Ali le Tunisien, de Hosni Moubarak l'Egyptien et à la mort, pour le moins suspecte, de Mouammar Kadhafi le Libyen. En Egypte, après la destitution et la condamnation du président islamiste élu Mohamed Morsi, on est revenu, après un simulacre d'élection, à un régime autoritaire avec le général Abdel Fattah Al-Sissi. Depuis les années 1980, les différents conflits se sont soldés par plus de trois millions de morts, en très grande majorité musulmans. Des villes entières ont été rayées de la carte dans plusieurs pays, notamment en Syrie et en Irak, et leurs populations anéanties, déplacées ou parties par millions dans des conditions extrêmes se réfugier dans les pays voisins et jusqu'en Europe. L'actualité témoigne, au quotidien, via les médias et autres réseaux satellitaires, de ces tragédies vécues par les hommes, les femmes et les enfants, qui tentent par tous les moyens de fuir cet enfer ».(10)
En conclusion Il est connu qu'il n'y pas une famille algérienne qui n'ait pas dans ces ascendants un poilu un de ces soldats de la force noire qui carburait à la gnole pour monter au front. L'expression aboule la gnole est passée dans le langage elle donnera le sobriquet du bougnoule une façon de nommer celui qui a donné son sang Cette guerre ne fut pas la der des der. Elle sera suivie de dizaines de guerre qui virent l'humanité se détruire pour deux raisons l'une réelle, la guerre pour les matières premières et notamment l'énergie, l'autre idéologique et religieuse comme le choc des civilisations-mise en avant pour continuer à asservir les faibles. Dans toute cette mascarade une certitude, le monde est rentré définitivement dans une spirale de violence qui pour le moment ne concerne que les pays faibles notamment arabes installés dans les temps morts par la grâce de leurs tyrans de gouvernants plus obséquieux avec les dirigeants occidentaux et qui mènent une guerre à leurs peuples au lieu de la mener contre l'ignorance et l'irrationalité . Ainsi va le monde ….
1. https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Emmanuel-Macron-vive-la-paix-vive-l-amitie-entre-les-peuples-vive-la-France-1587253
2. https://www.huffingtonpost.fr/2018/11/10/comment-macron-veut-faire-du-forum-de-paris-un-davos-de-la-paix_a_23585776/
3.Discours du Président Macron aux Nations Unies septembre 2018
4. https://oumma.com/lettre-de-mouloud-bauberot-a-nicolas-sarkozy/
5. http://histoirecoloniale.net/c-est-eux-les-Africains-qui-venaient-de-loin-par-Benjamin-Stora.html
6. https://www.saphirnews.com/Hommage-rendu-aux-soldats-musulmans-morts-pour-la-France-durant-les-deux-guerres_a11963.html
7.https://www.contrepoints.org/2018/11/11/329042-11-novembre-2018-le-centenaire-dun-conflit-de-portee-immense?
8.http://meridien.canalblog.com/archives/2006/10/05/2837833.html
9.https://www.les-crises.fr/quatre-millions-de-musulmans-tues-dans-les-guerres-occidentales-depuis-1990/
10. Smaïl Goumeziane https://orientxxi.info/magazine/pourquoi-le-monde-musulman-est-devenu-l-epicentre-des-conflits-mondiaux,1611 5 décembre 2016
*Professeur - Ecole Polytechnique Alger


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.