Air Algérie a tenu à rassurer ses clients sur la fiabilité technique de ses vols, presque une semaine après la grève «inopinée» déclenchée par les travailleurs de la maintenance. Mohamed Charef, le conseiller du P-dg de la compagnie aérienne nationale, a affirmé jeudi dernier dans une conférence de presse consacrée à cet arrêt de travail qu'«aucun avion n'est autorisé à décoller sans subir des contrôles techniques et sans finaliser toutes les procédures administratives», en dépit de la grève des techniciens de la maintenance. «Les avions sont contrôlés par les techniciens et ingénieurs qui ont refusé de répondre à l'appel de cette grève», a-t-il précisé. Cette mise au point répond aux interrogations soulevées sur la sécurité des vols d'Air Algérie suite au débrayage des techniciens et ingénieurs chargés du contrôle technique des avions au sol et leur entretien en ligne, soit après chaque vol et avant chaque décollage. Mohamed Charef a loué la qualité du contrôle technique et de maintenance prodigué par les techniciens et ingénieurs d'Air Algérie, expliquant qu'elle est conforme «aux normes et règles de sécurité en vigueur à l'échelle mondiale». Un avis conforté par le directeur central d'Air Algérie, Ziouche Salim, qui a déclaré que les avions étaient contrôlés en Algérie et à l'étranger, ajoutant que tous les appareils d'Air Algérie et même ceux des autres compagnies qui se trouvent dans l'aéroport Houari Boumediene étaient contrôlés «minutieusement». Charef a, par ailleurs, tenu à déplorer «certaines voix qui se sont élevées en faveur de cette grève ou pour d'autres intérêts, en prétextant qu'il y a absence de contrôle technique et de maintenance des avions avant le décollage, un prétexte pour tromper l'opinion publique et porter atteinte à l'image de la compagnie à l'étranger». Des inquiétudes qui ont fait réagir le Mouvement citoyen algérien en France (MCAF) qui indique, dans un communiqué, en date du 14 novembre, qu'il allait demander «à la direction de l'aviation civile internationale (OACI) d'accentuer les contrôles des appareils d'Air Algérie, puisqu'il s'agit de la sécurité des passagers avant tout». Le conseiller du P-dg a également appelé les grévistes à faire preuve de «sagesse» et à reprendre leur travail dans l'attente de parvenir à un accord sur les revendications soulevées. Selon le directeur de la base de maintenance d'Air Algérie, Saïd Boulaouad, présent à cette conférence, «70% des techniciens de maintenance des avions concernés par les vols et 50% des techniciens de maintenance des avions soumis au contrôle périodique n'ont pas adhéré à la grève», sur les 576 techniciens et ingénieurs travaillant au niveau de l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. Il rappelle que le nombre global des techniciens de maintenance est de 1.256 travailleurs dont 627 techniciens et ingénieurs, 81 d'entre eux travaillant au niveau des autres aéroports du pays, ces derniers n'étant pas touchés par cette grève. Il ajoute que près de 70 grévistes, sur 627 techniciens et ingénieurs, travaillaient normalement, ce qui explique «l'absence de perturbations dans les programmes de vols». Concernant la grève, le conseiller du P-dg d'Air Algérie a réitéré son caractère d'illégalité d'autant que les intéressés «ont refusé, sans aucun préavis, de reprendre leur travail en dépit des appels lancés par l'administration pour qu'ils rejoignent leurs postes de travail», ce qui a exigé, a-t-il souligné, «la suspension à titre conservatoire de treize employés grévistes», qualifiés d'instigateurs du mouvement de contestation. Sur ce point, le président du SNTMA a réagi, indiquant que la direction cherche à casser le syndicat puisque sur les treize travailleurs sanctionnés, douze font partie du conseil syndical, le treizième est affilié à l'UGTA. «Il vise le syndicat, pas les grévistes d'autant plus que le SNTMA n'est pas partie prenante de cette grève», déclare Boutoumi, en parlant du premier responsable du pavillon Algérie, Bekhouche Allache. Par ailleurs, Charef a fait savoir que l'administration est «actuellement en dialogue avec les travailleurs non grévistes», indiquant que les revendications principales des grévistes «concernaient essentiellement la grille des salaires et les primes». Pour Boutoumi, même s'il est vrai que l'augmentation des salaires est l'une des revendications des travailleurs de la maintenance, ils se battent aussi pour leur dignité. «Il n'est pas juste une question de salaire, c'est une question de dignité, on ne veut plus de cette hogra qui s'abat sur nous sans qu'on ne réagisse», explique-t-il la position des grévistes. Evoquant la grille des salaires et les primes des techniciens de maintenance, Saïd Boulaouad a affirmé que les ingénieurs et les techniciens percevaient un salaire allant de 150.000 à 250.000 DA/mois, faisant remarquer qu'un technicien de maintenance débutant à Air Algérie percevait 65.000 DA pour atteindre 90.000 DA après une année et 150.000 DA après trois années de son installation suite à une formation spécialisée et après l'obtention des primes de poste. Faux, rétorque le président du SNTMA, pour qui un ingénieur de maintenance ne touche pas plus de 4,5 millions de centimes et un peu plus de 6, deux ans plus tard. Il met également au défi l'administration d'Air Algérie de rendre publics tous les salaires des autres corporations pour que tout le monde puisse comparer. «Il n'est pas normal que de telles disparités dans les salaires existent dans une société», explique-t-il, sans toutefois les divulguer. Le syndicat réitère son appel au dialogue, affirmant qu'il est impossible, dans les circonstances actuelles, pour les grévistes de faire marche arrière.