Les pavés, 50 ans après, font trembler l'Elysée. Le feu de la contestation qui a embrasé la France s'étend à ses frontières. La Belgique et l'Allemagne font connaissance avec les gilets jaunes, symbole d'un ras-le-bol populaire face aux politiques de Bruxelles qui trouvent dans la taxe une manne financière de secours. La dictature de la finance a pris le pouvoir en Europe, mettant en place des gouvernements acquis à la cause capitaliste, taxant la classe moyenne pour enrichir sinon préserver la caste des banquiers. Le monde arabe a eu son printemps, un hiver sibérien à proprement parler, et le vieux continent découvre avec effroi que l'automne peut-être aussi brûlant qu'un midi d'août à In Salah. Un automne européen dont les premières feuilles sont ces gilets jaunes qui se soulèvent un peu partout pour dénoncer le totalitarisme, la répression policière et la désinformation. La bonne blague du printemps empaquetée, pesée et livrée, en express aux Arabes ne passe plus malgré tous les chèques en blanc signés par la communauté internationale. Au bout de ces révolutions à la sauce Al Jazeera qui ont détruit des pays entiers, un désert sur lequel l'Occident compte bâtir des bantoustans à la seule gloire de la sécurité d'Israël. Le Sénat français a compris que l'histoire est implacable et que le prix du carburant a remplacé la brioche de Marie-Antoinette. Toute la France est devenue une place Tahrir et tous les Français s'appellent Bouazizi plongeant le reste de l'Europe dans une crainte de voir la contagion s'étendre. Les matraques sont de sortie, la répression brutale s'abat sur les manifestants et la presse, aux ordres des milliardaires, discrédite un mouvement social qui ne cherche qu'à recouvrer la dignité des Français. De là à voir fleurir des « Macron dégage », il n'y a qu'un pas à faire pour franchir le Rubicon. Les peuples européens, longtemps phagocytés par une société de consommation, commencent à comprendre que la logique tiers-mondiste n'est pas dans la corruption de ses élites ni dans l'accès à l'eau potable mais dans la perception d'un pouvoir absolu d'une classe dirigeante, travesti dans des habits d'une démocratie à sens variable. Le sentiment de vivre dans un pays libre accompagne cette sensation d'escroquerie institutionnelle qui fait passer les émissions de divertissements et les plateaux-télés débiles et dérangeants à la pointe de la démocratie participative. Coluche disait que « si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit » et il avait tout compris avant tout le monde.