Les résultats chiffrés du premier trimestre (2018-2019) rendus publics récemment, par le ministère de l'Education qui les qualifiés de «satisfaisants», ont été contestés par certains syndicats du secteur. Remettant ainsi en cause le système d'évaluation adopté par le département de Nouria Benghabrit. Selon le président du bureau national de l'UNPEF, Sadek Dziri, les chiffres ou les statistiques présentés par le ministère de l'Education ressemblent en fait «au taux de chômage» avancé par les autorités et qui ne reflète nullement la réalité, puisque ils comptabilisent, les emplois précaires ou ce qu'on appelle communément «le travail saisonnier». C'est du pareil au même, dira M. Dziri , puisque et selon les statistiques officielles, «le taux des élèves ayant obtenu la moyenne au 1er trimestre a atteint plus de 81% au cycle primaire, soit plus des 3/4 des élèves, 61% au cycle moyen et 63% au cycle secondaire». «Mais, si on analyse le profil attendu des élèves, on sera déçu», indique-t-il. Sadek Dziri s'explique. «Si on prend à titre d'exemple les élèves de la 5ème année primaire, l'on constate un coefficient 1 pour les épreuves de l'examen final alors que l'évaluation des examens de l'année est calculée avec le coefficient 2', ce qui permet aux élèves qui ont moins de 5 de moyenne de passer au cycle moyen» dit-t-il, en précisant que «c'est pour ces raisons qu'on a un nombre important de doublants à la 1re année du moyen et en 1re année secondaire». Pour une évaluation plus fiable, «nous avons, sans cesse, plaidé pour un coefficient 2 pour les épreuves de l'examen final de la 5ème année et 1 pour les épreuves de l'année, mais sans succès», le ministère de l'Education continue à adopter une évaluation qui ne prend pas en charge le profil attendu, c'est-à-dire avoir un élève qui maîtrise ou qui est moyen dans les matières essentielles. Le discours du «tout va bien» n'arrange pas les choses Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'Enseignement secondaire et technique (SNAPEST), Meziane Meriane, affirme qu'il n'arrive pas à comprendre cette «appréciation satisfaisante». Et de s'interroger: «est-ce qu'on peut parler de satisfecit quand 43% des élèves ont des notes en-dessous de la moyenne ? Et est-ce qu'on peut être satisfait quand on a un taux d'échec de 57 % des élèves de 3ème année secondaire ?» Meziane Meriane prévient : «il faut absolument s'éloigner et bannir les discours des années 70 de tout va bien, car ce discours n'arrange guère les choses». Il recommande au département de Nouria Benghabrit de cerner, avec les premiers concernés par l'école, les causes de ce «mini-échec» pour trouver des solutions palliatives et d'y remédier rapidement. Pour le coordinateur du SNAPEST, ces résultats étaient prévisibles. «La surcharge des classes est une réalité qui demeure insurmontable et le manque de formation et d'expérience chez les jeunes enseignants pèsent considérablement, sur la qualité de l'Enseignement». Il précise que plus de 40.000 enseignants sont partis en retraite, ils ont été remplacés par des jeunes qui ont des acquis scientifiques mais qui n'ont pas encore l'expérience pédagogique. «Des enseignants qui éprouvent des difficultés pour préparer les cours et pour résumer les cours tout en éveillant l'intérêt chez l'enfant». Meriane conclut : «il faut savoir que la formation des enseignants est primordiale , car l'enseignant est le seul maître à bord dans sa classe». Pour une refondation totale du système d'enseignement Le conseil des lycées d'Algérie (CLA) a contesté pour sa part le système d'évaluation et de notation du ministère de l'Education, en exprimant, par la voix de leur porte-parole, Idir Achour, son étonnement. On ne peut pas parler de satisfecit, alors que plus de 45 % des élèves du secondaire n'ont pas obtenu la moyenne durant ce 1er trimestre, 57 % des élèves ayant obtenu une moyenne de 10/20 ont eu des notes faibles en maths, physique, français et anglais. Pour Idir Achour, il ne faut pas se limiter aux statistiques, il faut faire une lecture analytique approfondie pour parler de satisfecit. Devant ce constat, l'Ecole algérienne n'a pas besoin de discours de satisfecit, mais un travail de fond pour sauver les générations futures et sauver notre système éducatif. Le CLA recommande, carrément, une refondation du système d'Enseignement.