Faut-il s'en réjouir ou, comme les cassandres, s'en méfier ? Le nombre déjà pléthorique de candidats à l'élection présidentielle d'avril prochain est extraordinaire et, pour le moins, étonnant. A moins de 40 jours de la date butoir de la fin des déclarations de candidature, le ministère de l'Intérieur a officiellement enregistré jusqu'à présent 32 candidatures. Il s'agit en fait de 32 candidats qui ont retiré le formulaire de candidature depuis lundi. L'élection présidentielle du 18 avril prochain est en train de battre les records des dernières consultations. Du moins au niveau du nombre de retraits de formulaire de candidature qui devrait encore augmenter dans les prochaines semaines. Pour la présidentielle de 2014, il y avait 100 candidatures au départ, mais seuls 12 candidats ont pu passer tous les obstacles et être officiellement déclarés partants par le Conseil constitutionnel. L'élection de 2019 susciterait-elle un même sinon plus grand engouement de la classe politique et de certaines personnalités qui voudraient jouer aux lièvres et aux outsiders ? Car si le leader de Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, est partant pour la troisième fois à cette consultation populaire, il y a d'autres anciens candidats, comme Ali Fawzi Rébaïne de Ahd54, en attendant probablement Louiza Hanoune du PT, qui entendent eux également participer à cette élection présidentielle. L'intérêt de personnalités politiques et militaires, mais également du milieu des affaires à cette consultation lui donne un cachet particulier, celui de dire au sein de l'opinion publique et auprès des observateurs que le jeu est ouvert et que les principes de l'alternance au pouvoir sont là, concrets, avec la tenue de cette présidentielle. Pour autant, si c'est le moment du 'rush'' sur le retrait des formulaires de candidature et que cette frénésie de candidatures ne donne pas une idée précise des forces et faiblesses de chaque prétendant, il faut cependant attendre la décantation finale qui se fera après la remise des dossiers de candidature. Mais, dans le fond, les retraits de formulaire de candidature ne sont pas un gage qu'il y aura autant de candidats qui vont se présenter sur la grille de départ, ni que la décantation ne va pas laminer les espoirs des uns et des autres de figurer sur la liste définitive des candidats qui iront à cette élection. D'autant que des positions risquent de changer avec la probable candidature de M. Bouteflika pour un 5ème mandat et là, pour tous les prétendants, beaucoup de convictions et d'espoirs disparaîtront. Le président Bouteflika, appelé à se représenter pour une 5ème mandature par les partis de la majorité, même si le MPA d'Amara Benyounès ne s'est pas encore exprimé, laissera sans aucun doute le suspense s'installer, jusqu'à la minute ultime, dans le cas de son engagement pour cette course à la présidentielle. Il pourra encore annoncer sa décision de ne pas se représenter et présenter aux Algériens son 'candidat''. Tout le monde est au courant de son état de santé, son âge avancé, et ce sont autant d'arguments qui sont avancés par ceux qui voudraient le voir passer la main pour que cette élection ne soit pas un chemin menant directement vers un 5ème mandat. Ce que craint le plus l'opposition. Mais le début de l'alternance au pouvoir, l'apparition de nouvelles équipes dirigeantes et l'émergence peut-être d'un nouveau dirigeant. Le cafouillage actuel au sein du parti du président, qui ne devrait pas organiser son congrès extraordinaire avant le 18 avril, donne une idée sur les scénarios échafaudés ici et là sur cette candidature dont dépendrait l'entrée en lice de poids lourds politiques.