Après la convocation vendredi dernier du corps électoral, le président Bouteflika vient de désigner les 33 membres de la Haute instance indépendante de surveillance des élections. L'élection présidentielle prévue le 18 avril prochain est bel et bien sur les rails, le gouvernement, à travers le ministère de l'Intérieur, s'est déjà attelé à la préparation matérielle de cette consultation, notamment avec la révision exceptionnelle des listes électorales, une opération qui a démarré il y a quelques jours. Juste après la convocation du corps électoral par le chef de l'Etat, le climat politique s'est détendu et le stress qui avait submergé durant tous les mois de novembre et décembre l'opposition, qui avait, à tort ou à raison, redouté une quelconque volonté cachée du pouvoir de reporter ou prolonger le mandat de M. Bouteflika, s'est estompé. Sur fond de soulagement de toutes les parties politiques quant au respect de l'agenda électoral, des candidatures sont annoncées, ce qui contribue grandement à faire baisser une tension qui avait un moment menacé de s'emparer de la scène politique nationale. Ce qui est d'ailleurs de bon augure pour le climat social et politique dans lequel va se dérouler l'élection présidentielle de 2019. Des leaders de l'opposition, dont Ali Benflis de Talaie El Hourriyet ou probablement Abderrezak Makri du MSP et même l'ex-chef de ce parti Boudjerra Soltani, sont annoncés partants pour cette présidentielle. Ali Benflis a déjà annoncé officiellement de se porter candidat alors qu'un outsider, un inconnu en fait de l'opinion publique, mais qui a défrayé la chronique récemment, Ali Ghédiri, ex-général major, a annoncé sa candidature. Du côté des partis de la majorité, le FLN tout comme le RND restent sur leur position, celle de soutenir une candidature du président Bouteflika pour un 5ème mandat. La situation sur le front politique est ainsi redevenue plus calme et, surtout, s'oriente vers d'épiques batailles électorales entre les tenants de « la continuité » et ceux d'un changement radical du mode de gouvernance. Mais, dans les deux cas, il y a la grande inconnue de la candidature du président Bouteflika qui risque de refroidir l'enthousiasme des candidats de l'opposition qui craignent un passage en force du candidat de la majorité. Les choses n'en sont pas là pour le moment et tous les candidats ont jusqu'au 4 mars prochain pour annoncer officiellement leurs intentions. Par contre, les états-majors politiques auront d'ici là assez de grain à moudre pour relancer la course électorale, donner plus de visibilité quant à leurs programmes et, notamment, ne pas faire sortir des rails une élection présidentielle qui va déterminer pour les cinq à dix années prochaines l'avenir du pays. Une première satisfaction, cependant : le corps électoral a été convoqué selon les termes de la loi organique, le décret de nomination des membres de la HIISE a été signé et les préparatifs matériels de l'élection présidentielle sont entamés. Tout cela donne une image assez sereine et apaisée sur le plan politique et, particulièrement, la tenue dans les délais impartis d'une consultation électorale qui ne devrait pas se dérouler comme les précédentes. Il y aura assurément, en plus des « lièvres » traditionnels, plusieurs candidats de partis leaders de l'opposition, des personnalités indépendantes et, surtout, un possible candidat, autre que M. Bouteflika, des partis de la majorité. Un signe évident que le chef de l'Etat pourrait ne pas briguer un 5ème mandat, comme le pensent certains observateurs politiques, et lancer dans le bain « son » favori, issu cependant de sa propre majorité.