Jusqu'à la semaine dernière il a été possible pour les naïfs impénitents de persister à croire que Bouteflika renoncerait à infliger au pays un cinquième mandat. Ils pouvaient en effet s'accrocher au constat que les partisans de ce scénario mortifère semblaient dans l'ignorance des intentions du concerné et ne battaient tambour pour cette option que dans l'attente qu'il officialise son renoncement et dévoile le plan de substitution sur lequel ils auront à se rabattre. La semaine écoulée, ils ont eu la sidération d'entendre ces mêmes milieux n'ont plus émettre le vœu d'une candidature de Bouteflika mais la certitude qu'il va en être ainsi, ce qui justifie qu'ils se mettent en campagne. L'unisson dans ce sens qui a caractérisé les sorties en cette semaine des pro-cinquième mandat indique clairement qu'ils ont eu connaissance de l'intention présidentielle et été instruits à entrer ouvertement en campagne. Ce dévoilement n'autorise plus l'équivoque dans le positionnement face à la question du cinquième mandat. Pour les opposants au hold-up électoral auquel la candidature de Bouteflika va donner lieu, l'heure de leur détermination a sonné. Cela vaut surtout pour ceux d'entre eux qui ont conditionné leur participation à la compétition présidentielle à ce que ce dernier décidera en l'occurrence. Libre à tout un chacun parmi les opposants au cinquième mandat et à la « continuité » qui en est l'objectif de croire que le rendez-vous électoral d'avril prochain réserverait des surprises que le pouvoir qui l'organise ne va pas être en situation d'empêcher leur survenance. Ceux qui malgré l'évidence entretiennent cette illusion en seront pour leurs frais, mais ils auront contribué consciemment ou inconsciemment à anesthésier les citoyens en leur faisant entrevoir qu'étant eux dans la course à l'échalote il résultera du scrutin la mise en échec du scénario mis en branle par ce pouvoir. D'aucuns assimileront cette interpellation comme procédant du défaitisme et de l'esprit de résignation qu'il secrète. Ce qui n'est pas du tout le cas puisqu'elle vise au contraire à suggérer aux opposants en question qu'il leur faut être plus offensif face à l'impasse dans laquelle va être acculée l'Algérie par la « continuité » que ses partisans veulent lui imposer à travers un scrutin qui n'aura rien de propre, de régulier ou transparent. Mais pour qu'il puisse en être ainsi, il leur faut se départir de l'opposition salonarde entre velléitaires se cantonnant à la production de déclarations fustigeant le hold-up électoral en marche. S'il est vrai qu'un cinquième mandat est quasi unanimement décrié par l'opinion nationale, ces opposants ont l'opportunité historique de constituer un contre-pouvoir qui en imposerait à celui qui persiste à entraîner le pays vers l'aventure. Auront-ils le courage politique de la saisir ? Là est la question à laquelle ils vont devoir faire réponse sans faux-fuyants.