Le pays semble, désormais, abonné aux appels à manifester après les marches historiques de vendredi 22 février qui ont vu plus des milliers d'Algériens, dans 44 wilayas, protester contre le cinquième mandant. Le mouvement a pris de l'ampleur avec la contestation estudiantine qui a investi les rues, mardi dernier, lorsque des milliers d'étudiants des différentes universités du pays ont battu le pavé, reprenant le même mot d'ordre. Entre temps, la manifestation à laquelle avait appelé le mouvement Mouwatana, dimanche dernier, à Alger, avait tourné à la confrontation avec les services de Sécurité. Un autre appel a été relayé par le truchement des réseaux sociaux, particulièrement Facebook, pour appeler à une autre marche, demain, à partir de 14h, et manifester contre le cinquième mandat. Si au départ, les appels sont restés anonymes, une origine inconnue critiquée par les partisans de Bouteflika qui y voient un risque de menace sur la stabilité du pays, des voix connues partisanes et issues de la société civile et du monde artistique ont, également, relayé cet appel à manifester, le 1er mars. Réunis à Oran, Tahar Missoum, Ghani Mehdi et Rachid Nekkaz, candidats à la candidature à l'élection présidentielle, ont appelé les Algériens à participer massivement, aux marches prévues ce vendredi. Louisa Hanoune, la SG du PT a annoncé «qu'elle participera à la prochaine marche en tant que citoyenne». Elle s'était félicitée de l'attitude du peuple, lors des marches de vendredi dernier qui «a su imposer l'ordre de la majorité, d'une façon civilisée». D'autres manifestations sont, aussi, programmées pour aujourd'hui, à l'image du sit-in que devront tenir des journalistes, à l'appel d'un collectif pour «défendre ce qui reste de l'honneur de cette corporation». Le rassemblement est prévu à 11h, à la place de la Liberté d'expression, sur le boulevard Hassiba, à Alger. Dans leur appel à manifester, le collectif de journalistes a dénoncé la situation des journalistes qui a «atteint un degré de dégradation sur lequel il n'est plus possible de se taire.». Un collectif d'avocats «pour la dignité», a appelé tous les avocats des barreaux d'Algérie à une marche nationale, à Tizi-Ouzou. «Nous appelons l'ensemble des avocats de tous les barreaux d'Algérie à prendre part à la marche de la dignité qui aura lieu le jeudi 28 février 2019, à 10 h, à Tizi-Ouzou à la place Matoub Lounes en face de la cour, au siège de l'ancienne mairie, sise au centre-ville», précise le communiqué du collectif. Les initiateurs de cette action expliquent leur engagement par la «situation de déni des droits, de négation des libertés et de violations des textes de la République», devant laquelle ils affirment ne plus pouvoir se «désengager de (leur) mandat de défenseurs des libertés et des droits de la personne humaine». Pour le dimanche 3 mars, dernier délai, pour le dépôt des dossiers de candidature à l'élection présidentielle au Conseil constitutionnel, des appels à la grève générale et à manifester sont lancés, ainsi, que pour le 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Si le caractère pacifique des marches de vendredi et mardi derniers a été souligné, il est à craindre un dérapage de la situation orchestré par des forces occultes mandatées pour discréditer le mouvement citoyen et précipiter le pays dans un cycle de violence, à l'image de celui du 5 octobre 1988.