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Désinformation, fake news, intox: La vérité sur les rumeurs du Hirak
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 03 - 2019

  Depuis le début des manifestations populaires contre le 5ème mandat puis pour le départ du président Bouteflika, les rumeurs les plus farfelues circulent sur les réseaux sociaux, généralement fausses et relatives au fonctionnement, globalement, de l'économie nationale, ou touchant des institutions de la République.
Mais, devant la gravité de certaines «fake news», qui ont tendance à menacer l'économie nationale, les responsables des secteurs concernés sont intervenus pour mettre de l'ordre et démentir de telles fausses informations, relayées par des sites électroniques et sur les réseaux sociaux, de nature à provoquer une déstabilisation du pays. Il en est ainsi de cette information, qui a eu «la peau dure» sur les réseaux sociaux, selon laquelle l'Algérie donne gratuitement son gaz à la France. Cette fausse information est apparue au moment des commentaires d'officiels français, dont le président Emmanuel Macron, sur les manifestations contre le pouvoir en Algérie. En plus des slogans de manifestants qui ont répliqué aux officiels français que les Algériens ne veulent pas d'ingérence étrangère, il y a eu donc cette «fake news», qui dit que la France reçoit gratuitement du gaz de l'Algérie. Cette fausse information a fait son chemin, au point que des clients de Sonelgaz dans la wilaya de Batna ont refusé de payer leurs factures arguant que «si la France prend le gaz algérien sans le payer, pourquoi devrions-nous, payer» ? Ce comportement de certains clients du groupe Sonelgaz dans cette wilaya a été dénoncé par le président du Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz (SNATEG), Abdellah Boukhalfa, selon lequel «ce comportement nuit fortement à l'entreprise qui accomplit des tâches en faveur des citoyens». De son côté, Ahmed El-Hachemi Mazighi, le vice-président des activités commerciales à Sonatrach, a réagi en démentant officiellement cette fausse information. Il a expliqué lundi dernier dans une déclaration à l'APS que l'Algérie «n'a jamais exporté gratuitement du gaz ou autres produits liquides» des hydrocarbures à ses clients. «Il est impossible d'exporter gratuitement du gaz ou n'importe quel produit liquide (hydrocarbures) vers la France ou un autre pays», précise-t-il. Hachemi Mazighi a rappelé qu'en matière de coopération énergétique entre la France et l'Algérie, cette relation remontre à 1976, et conclue autour de quatre contrats : trois contrats ont été signés en 1976, le quatrième l'a été en 1991. Sur les quatre contrats, deux ont expiré en décembre 2013, et il n'en reste à l'heure actuelle que deux en vigueur : le premier porte sur l'exportation de 3,5 milliards de m³/an jusqu'à 2020, tandis que le second porte sur un volume de 2 milliards de m³/an jusqu'à 2020 également».
Autre fausse information largement véhiculée sur les réseaux sociaux, et démentie ensuite par la banque centrale, celle de la fuite de capitaux. Le «warning» est venu cette fois-ci de l'ordre des avocats, qui a prévenu la banque centrale sur le risque de fuite de devises du pays. Selon la bâtonnier d'Alger Abdelmadjid Silini, «nous savons qu'il y a actuellement des opérations de transfert de très fortes sommes d'argent par des opérateurs économiques très connus. Nous disons qu'il ne sera jamais trop tard de faire des opérations dans un mois, deux mois ou plus, une fois que l'Algérie aura retrouvé sa stabilité. Il faut être vigilant (…) et ne pas permettre des opérations qui peuvent porter préjudice aux réserves de change de l'Etat». Cette mise en garde est venue après des propos d'économistes, dont Nour Meddahi et Mohamed Chérif Belmihoub, qui ont, dans des déclarations de presse, mis en garde les autorités contre le risque de fuite d'importantes sommes d'argent en devises. Devant l'amplification de cette affaire largement relayée sur les réseaux sociaux, la banque d'Algérie est intervenue ensuite mardi dernier pour démentir ces fausses informations. «Les informations faisant état de fuites de capitaux vers l'étranger ne sont que de simples rumeurs dont l'objectif est de semer le trouble», répond la BA, qui a expliqué que de telles opérations restent assujetties à une «réglementation et des conditions drastiques». «Toute opération d'importation doit être préalablement domiciliée auprès d'une banque. Le transfert, au titre du paiement de l'importation concernée, intervient à la réception, par la banque, des documents attestant la bonne exécution de l'opération. La Banque d'Algérie exerce régulièrement des contrôles à postériori et établit, le cas échéant, des procès-verbaux d'infraction qui sont transmis aux juridictions compétentes», expliquent des responsables de la Banque centrale. Selon eux, «le prétendu emballement des transferts de capitaux, par le canal bancaire, est dénué de tout fondement».
Et puis dans ce chapitre de fake news, il y a cette histoire du chef de sûreté de la wilaya de Bejaïa, qui aurait enfreint les instructions du ministère de l'Intérieur d'ériger des barrières et des obstacles sur le parcours des manifestants vendredi 22 mars. Dans un communiqué rendu public jeudi, la Direction générale de la Sûreté Nationale a démenti cette rumeur qui circule sur les réseaux sociaux, concernant la convocation du directeur de sûreté de la wilaya de Béjaia, Tahar Benazoug. Elle explique que ce responsable n'a jamais été convoqué, pour les griefs évoqués, par le ministère de l'Intérieur, pour son refus de placer des barrages dans la ville vendredi dernier.
Autre démenti de la DGSN, celui relatif à une hausse des salaires des policiers, qui circulait sur les réseaux sociaux. Là encore, La DGSN a démenti dimanche 17 mars 2019 ces rumeurs, reprises également par certaines chaînes de télévisions privées. La DGSN «dément catégoriquement avoir rendu public un communiqué de presse, relayé sur certains réseaux sociaux et chaînes de télévision privées, faisant état d'une augmentation des salaires du personnel de la Sûreté nationale», indique-t-elle dans un communiqué.
Hier vendredi, le ministère des Affaires étrangères a de son côté démenti des informations faisant état d'une saisie de passeports diplomatiques, les qualifiant de «farfelues et dénuées de tout fondement». «Les informations diffusées par quelques organes de presse, notamment électroniques, au sujet d'une prétendue saisie par une autorité sécuritaire de passeports diplomatiques, sont farfelues, fausses et dénuées de tout fondement», précise le ministère dans un communiqué. Cette catégorie de passeports est «délivrée exclusivement aux seules personnes habilitées, conformément aux lois et règlements en vigueur», explique le ministère des Affaires étrangères, qui affirme qu' «aucune mesure restrictive n'a été prise par quelque autorité que ce soit contre les détenteurs de ces documents de voyage». Le ministère des Affaires étrangères a réagi après la diffusion sur les plateformes électroniques d'une information faisant état de la saisie de tous les passeports diplomatiques recensés durant ces dix dernières années. Un de ces sites, citant une «source bien informée», a indiqué que «cette décision ne provient pas du ministère de la Justice, mais de la police des frontières». Autre vraie-fausse information, celle qui voudrait que l'Etat algérien a versé de l'argent à un investisseur émirati. Jeudi, le ministère des Finances a apporté un démenti catégorique, expliquant que les informations faisant état de versements effectués par l'Etat algérien au groupe émirati «Emirat international investment compagny» (EIIC) dans le cadre du projet d'investissement Dounya Parc sont «dénuées de tout fondement».
Il s'agit, explique le ministère, d'un investissement portant aménagement et mise en valeur d'un site dénommé «Parc des Grands Vents», à l'ouest d'Alger. A cet effet, une convention d'investissement avec le groupe émirati «Emirat international investment compagny» (EIIC) a été approuvée en 2010 et signé en 2011. Mais, «la réalisation de ce projet n'a pu se matérialiser selon le programme tracé compte tenu de contraintes diverses», ajoute le ministère des Finances.
Dès lors, «et devant l'appréciation divergente par les parties algérienne et émiratie, cette dernière a introduit officiellement contre l'Etat algérien une action en arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi)», explique encore le ministère selon lequel «cette procédure d'arbitrage est à ses débuts et qu'en l'occurrence aucune sentence n'a été prononcée à ce jour». «En conséquence, toutes les informations faisant état de versements effectués, de quelques nature que ce soit, par l'Etat algérien à cette entreprise émiratie, sont dénuées de tout fondement», précise le ministère.


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