Vendredi, septième acte. Depuis la première marche populaire du 22 février, les Algériens ont couvert des millions de kilomètres vers une deuxième République et le chemin reste encore long pour arriver à une nouvelle Constitution qui ne soit pas synonyme d'une camisole de force pour la démocratie naissante. Etablir un bilan maintenant serait prématuré tant la distance à parcourir est grande, mais il est utile de rappeler que la mobilisation citoyenne a permis de donner un sérieux coup de pied dans la fourmilière. Si Bouteflika n'est plus, son règne, lui, perdure et les hommes du système sont toujours aux commandes du pays. Ce qui s'est passé ce vendredi doit interpeller sur les manœuvres mises en place pour parasiter le «hirak» et lui conférer une dangerosité de façade pour le discréditer. Entre les tentatives de récupération au profit de l'institution militaire, les «dégage», initiatives personnelles et trop médiatisées de Nekkaz, Mokrane Aït Larbi et Saïd Sadi ainsi que les actes de violence qui ont émaillé les marches à Alger, il y a comme une odeur de manipulation grossière. Et tant que ce régime est encore au pouvoir, il est à craindre la duplication de telles provocations pour saborder la dynamique pacifique du Mouvement et décourager les gens à «vendrediser». Malgré tout ce qu'on peut reprocher à Nekkaz, un engagement narcissique, une tendance exagérée à la starification et une conclusion inédite pour sa candidature à la présidentielle d'avril 2019, il ne faut pas oublier que le gus a été le premier à aller au charbon et dénoncer publiquement les apparatchiks du pouvoir à l'étranger quitte à se faire démolir. Le combat des deux autres hommes n'est plus à présenter et leur engagement pour la démocratie n'est plus à démontrer. Ces attaques concertées trahissent la contre-offensive du clan déchu ou de ce qui reste de la tribu et nombreux sont les mercenaires qui lanceront la pierre ou cracheront à la figure pour un billet de banque. Les rumeurs distillées sur tout et rien, sur les arrestations, les tentatives de fuite, les mandats d'arrêt sont également une source de parasitage qui tend à chahuter le Mouvement à travers de fausses informations à caractère subversif pour la majorité d'entre elles. Des profils sont aussi suggérés, des noms sont proposés pour encadrer le «hirak» au détriment d'autres et cette multiplication de «favoris» participe à l'éclatement de l'unité populaire qui a fait et qui reste la seule force du Mouvement populaire jusqu'à maintenant. Les Algériens sont face à un incroyable destin qui pourra les propulser à la postérité pour peu que la mobilisation pacifique perdure, mais la vigilance est de rigueur pour éviter les pièges semés par les «amis» avant les ennemis.