Pour le 13èmevendredi consécutif, les Algériens étaient au rendez-vous. Les manifestants ont exigé encore une fois l'application des articles 07 et 08, en rejetant catégoriquement la tenue de l'élection présidentielle le 04 juillet prochain et son encadrement par «les gangs». Ils plaident aussi pour une République civile et non militaire. Si dans la matinée les services de la police ont juste repoussé les manifestants qui ont tenté de se rassembler comme à l'accoutumée sur les marches de la Grande Poste à Alger, la tension est montée d'un cran dans l'après-midi. Les éléments de la police anti-émeute ont fait usage, à plusieurs reprises, de gaz lacrymogènes pour empêcher les manifestants d'occuper les marches et l'espace attenant à la Grande Poste d'Alger. Les manifestants ont crié haut et fort «Silmiya, silmiya» quand un policier a aspergé les manifestants de gaz lacrymogène. Une dizaine de manifestants, dont une personne âgée, ont été pris en charge par les secouristes bénévoles. Les appels lancés par certains groupes invitant les manifestants de quitter les lieux, en affirmant que la Grande Poste n'est pas l'Algérie, n'ont pas trouvé d'échos. Les manifestants ont résisté jusqu'à 15h, heure à laquelle ils ont pu se réapproprier la Grande Poste, sous les applaudissements de la foule. Il faut juste noter que c'est la première fois, depuis le début des manifestations (le 22 février 2019), que les services de sécurité ont interdit le rassemblement devant la Grande Poste durant les grandes manifestations du vendredi. La wilaya d'Alger a justifié cette décision dans un communiqué rendu public par les risques d'affaissement des escaliers et des paliers de repos constatés par l'Organisme national de contrôle technique de la construction. Les rédacteurs du communiqué ont précisé que «pour éviter les risques d'affaissement, il a été décidé de mesures de prévention par l'interdiction de l'utilisation des escaliers et des paliers. En outre, il a été décidé le lancement de travaux de réfection des parties fragilisées». «A priori, tous les espaces publics qui sont devenus des épicentres de la contestation sont devenus la cible des autorités. Ils ont fermé le tunnel des facultés aux manifestants et aujourd'hui ils interdisent l'accès aux escaliers de la Grande Poste», ont soutenu des manifestants. Une interdiction qui a été perçue comme une provocation par les manifestants présents en force à la Grande Poste. Mais les manifestants ont exprimé leur détermination à aller jusqu'au bout. «Nous ne baissons pas les bras» pouvait-on lire sur une pancarte et «nous ne serons satisfaits que lorsque vous appliquerez l'article 2019 ou le référendum du 22 février yetnahoua gaâ», sur une autre. Sur une banderole il était écrit «tous ces gens sont sortis pour la même raison, avoir un président élu par le peuple, capable de gérer l'Algérie». A Constantine, des milliers de citoyens ont marché, hier, centre-ville pour manifester leur rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet et pour le départ des symboles du système. L'adhésion à ce 13e vendredi consécutif a dépassé tout ce qui a était attendu, selon des participants qui avouent qu'ils ne s'attendaient pas à une telle déferlante en plein ramadhan. En tout cas, des milliers de personnes ont renouvelé ce vendredi 17 mai leur exigence quant au départ de Bensalah et Bédoui, souhaitant leur «envoi vers El Harrach», comme le répétaient des manifestants qui scandaient également «non à l'élection présidentielle du 4 juillet» et «système dégage». A Skikda et alors que d'aucuns pronostiquaient une baisse du nombre de marcheurs, la marche du 13ème vendredi a été une autre occasion de démontrer que la rue tient bon. Les citoyens ont répondu en masse à cette marche caractérisée par une meilleure organisation. Tout au long de la file de marcheurs, les slogans affichés, à quelques exceptions près, demandaient le départ de tout le système et l'instauration d'une démocratie. En fin d'après-midi, un f'tour collectif était prévu au niveau de la place du 1er Novembre 1954.