Entre slogans antipouvoir, grands débats sur l'avenir du pays, on pouvait apercevoir des bambins piquer une tête dans les fontaines de la Grande Poste. C'est le véritable esprit «silmiya» de cette révolution du Sourire qui a comme seul et unique but «irouhou gaâ»... Hirak force «TEN»! Pour le 10e vendredi consécutif, des millions d'Algériens ont envahi les rues du pays afin de demander le départ de ceux qu'ils qualifient d'«enfants de Bouteflika». Toujours avec le même pacifisme et surtout la même passion, un raz de marée de femmes, hommes et enfants a déferlé sur le pays pour réclamer le vrai changement. Comme depuis le 22 février dernier, tout s'est déroulé dans le calme avec une ambiance des plus festives. Les petits dépassements qui ont eu lieu lors de l'acte VIII, après les provocations des forces de l'ordre, sont de l'histoire ancienne. À l'exemple de la capitale, où l'on a assisté à une grande fête du changement, sous le beau soleil d'Alger. Pourtant, comme depuis trois semaines déjà, les services de sécurité ont tenté d'empêcher les «invités» de rejoindre la salle du banquet qu'est le centre d'El Bahdja. Ils ont installé des barrages filtrants, pour ne pas dire bloquants, à toutes les entrées de la capitale, rendant la circulation très difficile. Ces barrages qui ont été installés la veille étaient encore plus «fermés» que d'habitude, provoquant des embouteillages à ne pas finir. Mais cette «pression psychologique» n'a pas fait d'effets. Certains banlieusards ont décidé de faire à pied ou à vélo le chemin qui sépare le quartier du centre-ville. Les autres ont répondu avec des «tonnerres» de klaxons et des chants patriotiques. La colère n'avait pas sa place dans cette journée de réjouissances. D'ailleurs, entre slogans antipouvoir, grands débats sur l'avenir du pays on pouvait apercevoir des bambins piquer une tête dans les fontaines de la Grande Poste. C'est le véritable esprit «silmiya» de cette révolution du Sourire. Néanmoins, cet aspect «folklorique» de la mobilisation n'a aucunement pris le dessus sur l'essentiel: «Irouhou gaâ» (ils partiront tous, Ndlr). Un mot d'ordre qui fait l'«unanimité» comme d'ailleurs celui de la nécessité de resserrer les rangs et d'éviter la division. Le meilleur exemple a été ce défilé dans la rue Didouche-Mourad de 48 drapeaux algériens, où sur chacun était inscrit le nom d'une wilaya du pays. Au milieu de ce défilé flottait le drapeau amazigh, le tout sous les youyous des femmes et des applaudissements des hommes. Magnifique! «On a tenté de nous diviser avec des histoires de régionalisme et de religion, je pense que le peuple a apporté aujourd'hui la meilleure des réponses», nous a lancé un jeune porteur de drapeau. Il réplique: «Non à la fitna, oui à l'unité du peuple», avant que lui et ses camardes ne crient avec beaucoup d'énergie «Samidoune» (nous sommes tenaces, Ndlr). Une belle réponse donc du peuple aux promoteurs de la division. La vraie APN (Assemblée populaire nationale) a aussi rendu son verdict sur les propositions de transition faites par le pouvoir qu'elle qualifie de «manoeuvres». Le chef d'Etat par intérim Abdelkader Bensalah en a, comme d'habitude, pris pour son grade. Les Algériens refusent toujours de reconnaître son autorité, tout comme une transition faite sous son égide. On a ainsi pu remarquer des pancartes, plus nombreuses que d'habitude, qui appelaient à l'installation d'un conseil de transition, un conseil indépendant de supervision des élections et une Assemblée constituante. «Toute autre proposition, le peuple n'en veut pas!», insistaient les manifestants. Des références à la réunion de consultation initiée par Bensalah pour préparer l'élection du 4 juillet prochain ont aussi été de la partie. Les marcheurs qui insistaient sur le fait que le seul représentant du peuple est le Hirak ont ironisé sur le fait que Abdelkader Bensalah avait consulté... Bensalah Abdelkader. La rue également a réitéré son refus de la joute électorale du 4 juillet prochain appelant à l'application des articles 7 et 8 de la Constitution. Dans le cas contraire, les Algériens ont prouvé par cette 10e symphonie qu'ils continueront le combat: «Goulna itnhaw gaâ!»...