Convoqués par le procureur du tribunal de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, les deux anciens chefs de gouvernement, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, les cinq anciens ministres, de l'Hydraulique, des Travaux publics et des Transports, Amara Benyounes, Amar Tou, Hocine Necib, Abdelghani Zaalane, et des Finances, Karim Djoudi, ont été informés jeudi dernier des griefs retenus contre eux et du transfert de leurs dossiers à la Cour suprême. Ils sont tous cités dans l'affaire liée aux marchés publics dont a bénéficié Ali Haddad, et pour laquelle il a été inculpé jeudi dernier par le juge d'instruction près le même tribunal. Longuement entendu sur les nombreux contrats de réalisation dont il a bénéficiés, le patron du groupe ETRHB, Ali Haddad, a fini par être inculpé jeudi dernier par le tribunal de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, alors que son procès sur l'affaire des deux passeports qu'il détenait lors de son interpellation par les douaniers, le 31 mars dernier, à sa sortie vers la Tunisie, au poste frontalier d'Oum Tboul, à El Kala, s'ouvre aujourd'hui devant tribunal de Bir Mourad Raïs. Ali Haddad avait été extrait jeudi 16 mai de la prison d'El Harrach, où il est incarcéré depuis près de 50 jours, pour être auditionné sur plusieurs marchés dans les secteurs de l'hydraulique, des transports et des travaux publics obtenus en profitant de sa proximité avec le premier cercle des centres de décision au plus haut niveau de l'Etat. Pour la justice, ces derniers ont des noms. Dans un premier temps, il s'agit d'une liste de 65 personnalités dont de nombreux anciens ministres, mais aussi des cadres de l'Etat et des hommes d'affaires. Le rapport de l'enquête préliminaire menée par les services de la gendarmerie est très consistant. Pour le jeudi 16 mai, un premier groupe de cette liste a été convoqué par le procureur près le tribunal de Sidi M'hamed. Il s'agit de deux anciens chefs de gouvernement, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, et de cinq ex-ministres de l'Hydraulique, des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaalane, Amara Benyounes, Amar Tou, Hocine Necib, et des Finances, Karim Djoudi. Non pas pour être entendus, mais pour être informés des griefs qui leur sont reprochés et du transfert de leurs dossiers à la Cour suprême. Tous bénéficient du privilège de juridiction tel que prévu par l'article 573 du code de procédure pénale qui stipule que dans le cas où un membre du gouvernement est susceptible d'être inculpé d'un crime ou d'un délit commis dans l'exercice ou par l'exercice de ses fonctions, le procureur de la République saisi de l'affaire transmet le dossier par voie hiérarchique au procureur général près la Cour suprême, lequel désigne un membre de cette Cour aux fins de mener l'instruction. De ce fait, les dossiers des cinq ministres et des deux anciens chefs de l'Exécutif ont été transmis à la Cour suprême, où une instruction devra être ouverte durant cette semaine. Le magistrat chargé de cette enquête les convoquera pour être entendus sur les charges qui pèsent sur eux. Ce n'est là que le dossier concernant Ali Haddad, patron du groupe ETRHB. Le juge de la 5e chambre du tribunal de Sidi M'hamed n'a, pour l'instant, pas encore entamé les auditions sur le fond avec les frères Kouninef, du groupe Kougc, et n'a pas encore reçu le rapport de l'enquête préliminaire sur les frères Chelghoum, du groupe Amenhyd, qui ont, eux aussi, bénéficié d'importants marchés de réalisation dans le domaine des travaux publics, de l'hydraulique et des transports dans des conditions suspectes et font l'objet d'ailleurs d'une Interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Tout comme eux, de nombreux autres hommes d'affaires qui faisaient partie de la direction du FCE et qui gravitaient autour des cercles décisionnels au plus haut niveau de l'Etat sont aujourd'hui dans le viseur de la justice. Beaucoup parmi eux font l'objet d'une ISTN et certains font des va-et-vient à la brigade de recherche de Bab J'did, à Alger. Ces enquêtes sur la corruption n'en sont qu'à leurs débuts, et déjà tout un panel d'anciens responsables politiques est déjà mis en cause. Autant dire que c'est l'ouverture de la boîte de Pandore. Y a-t-il réellement une volonté d'aller jusqu'au bout de ce mal qui gangrène les institutions de l'Etat, ou sommes-nous devant une campagne destinée beaucoup plus à calmer la rue qu'à rendre la justice et rien que la justice ? La question reste posée.