Ce 17ème vendredi de mobilisation populaire consécutif semble avoir un cachet particulier. L'arrestation d'une partie du « gang », dont deux ex-Premiers ministres, semble avoir suscité de « l'appétit ». Les manifestants ont réclamé plus, l'arrestation d'Abdelaziz Bouteflika et d'autres de Khaled Nezzar et l'application pure et simple de l'article 07 de la Constitution qui stipule que « le peuple est la source de tout pouvoir ». Mais, aussi la restitution de biens publics et des fonds volés. Sur des pancartes, on pouvait lire « nous appelons le pouvoir judiciaire à nationaliser les biens volés, à juger toutes les bandes et à protéger les hydrocarbures ». En dépit de l'important dispositif sécuritaire à Alger et ses alentours, les acteurs du Hirak ont investi les rues d'Alger pour exprimer à la fois leur euphorie quant aux dernières arrestations des « symboles de la corruption », mais surtout pour donner et débattre des propositions pour une sortie pacifique de cette crise politique. Ce qu'il faut retenir est le fait que les manifestants réclament aujourd'hui encore le départ de ce qu'ils appellent « l'architecte de la fraude, Noureddine Bedoui ». Des manifestants à Alger ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Arrestations bienvenues, départ de Bedoui et Bensalah prioritaire », en exigeant la dissolution des deux partis FLN et RND. Un groupe de manifestants a appelé à travers des banderoles la création d'un comité populaire en sélectionnant 2 personnes par daïra, pour les 48 wilayas plus 8 personnes issues de la diaspora. Une vraie assemblée populaire qui soumettra des proposions à travers quatre représentants de l'assemblée à ceux qui tiennent les commandes du pays. D'autres ont plaidé pour la mise en place d'une assemblée constituante, un réseau de lutte contre la répression, pour la libération des détenus d'opinion, et pour les libertés démocratiques. Tout en exigeant l'ouverture d'une enquête sur la détention préventive et les conditions carcérales ainsi que le décès de Kamel Eddine Fekhar. Ils ont aussi plaidé pour la libération de Hadj Ghermoul, les cinq détenus de Ghardiaia, Mohammed Baba Nedjar, Laasaker Bahmed, Khayat Idris, Tichabet Noureddine et Bassim Brahim. Ainsi que le blogueur Abdellah Bennaoum et Louisa Hanoun, dirigeante politique incarcérée à Blida. A Constantine aussi l'incarcération, ces derniers jours, de nombreux hauts responsables, dont deux ex-Premiers ministres et autres hommes d'affaires, était en haut des affiches dans les slogans des manifestants en ce 17e vendredi consécutif du Hirak. Par une chaleur suffocante, les Constantinois étaient au rendez-vous, hier, en nombre toujours imposant, pour souhaiter la bienvenue à la « Issaba » dans la prison d'El Harrach, et espérer à ce que d'autres responsables, notamment Bedoui, aillent les rejoindre dans leurs cellules. « El Issaba gaël fel Harrach », (tout le gang dans la prison d'El Harrach), « Bensalah et Bedoui le spécialiste de la fraude doivent les rejoindre », « Dégager les 3B », « Bouchareb ya djabane (poltron), le FLN dans la poubelle », criaient d'autres manifestants. Egalement, les manifestants ont scandé d'autres slogans réguliers au Hirak, dont « Algérie libre et démocratique », « Djazaïr Chouhada », « Etat civil et non militaire », ainsi que d'autres chants patriotiques qui ont toujours animé la scène du Hirak, recouverte de l'emblème national, de différentes proportions, porté sur les épaules ou porté haut et fouetté par le vent. Les manifestants continuaient encore à faire le tour de la ville au moment où nous mettons sous presse. « La manifestation va continuer encore et se prolonger jusqu'à la fin de l'après-midi », assurent des manifestants qui rappellent que de nombreux citoyens, dans l'impossibilité de marcher en milieu de journée à cause de la chaleur très forte, ont rejoint le mouvement populaire à 16 heures, et c'est à ce moment que les rangs des manifestants vont commencer à grossir. En tout cas, relevons que la manifestation a été «silmiya» (pacifique) jusqu'au bout. Des marches similaires ont été enregistrées dans différentes wilayas du pays.