L'accusation sans preuves irrécusables formulée par Donald Trump à l'encontre de l'Iran d'être derrière les attaques et sabotages de pétroliers en mer d'Oman n'a pas suscité les réactions internationales qu'il a probablement voulu déclencher. Le président américain s'est trompé en estimant que son accusation allait susciter à la République islamique une réprobation internationale donnant quitus aux Etats-Unis d'entreprendre des représailles contre elle. Tout ce qu'il a obtenu, en dehors du soutien britannique, ce ne sont que des appels au calme et à la retenue. Il ressort clairement de ces appels que leurs lanceurs ne sont pas convaincus du bien-fondé de l'accusation américaine. Certains l'ont même qualifiée de mensongère et destinée à justifier une intervention militaire à laquelle les Etats-Unis ont décidé de recourir sous la pression de leurs alliés dans la région que sont Israël, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Au lieu d'une solidarité internationale, Washington ne recueille de cette affaire qu'un isolement diplomatique accentué qui lui vaut l'échec de sa tentative de constituer une alliance internationale anti-Iran. Il n'en demeure pas moins que les attaques contre des pétroliers en mer d'Oman constituent une grave menace pour la sécurité des approvisionnements pétroliers et, par voie de conséquence, pour la sécurité nationale de nombreux Etats de la planète. D'où la demande fortement réclamée internationalement d'une enquête indépendante pour tirer au clair les tenants et aboutissants de ces attaques. Ce dont, étrangement, les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler alors qu'ils prétendent détenir les preuves de l'implication iranienne. L'attitude américaine vaut confirmation que Washington craint qu'une enquête indépendante en vienne à donner une autre identité qu'iranienne à ces attaques. Sans écarter la possibilité de la main iranienne dans les graves incidents dans la mer d'Oman, l'on peut tout aussi bien pointer, avec raison, celle des Américains, de l'Arabie saoudite, des Emirats sans oublier celle d'Israël. Pour autant qu'elle soit possible, l'implication iranienne est moins crédible que celle de l'un de ces Etats ayant conclu alliance contre lui. Il est vrai que Téhéran brandit la menace de fermer la voie pétrolière qu'est le détroit d'Ormuz si l'Iran venait à être attaqué. Mais les responsables de la République islamique, « modérés » ou « extrémistes », ne sont pas suicidaires au point d'offrir à leurs ennemis le prétexte à une telle attaque. Les opérations contre des pétroliers en mer d'Oman sont plus dans la logique de la politique de rapports de force qu'emploie Donald Trump vis-à-vis des pays inscrits par lui et son administration dans leur liste des ennemis des Etats-Unis. Et c'est bien ainsi qu'elles semblent être perçues par l'opinion internationale.