Le Qatar a reçu une invitation Jared Kushner, conseiller en charge du plan de paix israélo-américain, se rend cette semaine à Rabat, Amman et en Israël, a annoncé, hier, la Maison-Blanche. Le gendre du président Trump sera accompagné par son bras droit Jason Greenblatt et l'émissaire pour l'Iran Brian Hook. Alors que la tension est à son paroxysme dans le golfe arabo-persique, l'Arabie saoudite prépare fiévreusement la tenue des trois sommets qui doivent lui permettre de clouer au pilori le rival iranien, à l'heure de bruits de botte sciemment entretenus par les Etats-Unis qui ont dépêché dans la région de nouveaux renforts militaires en vue d'intimider les dirigeants de la République islamique. Aussi, l'ombre de l'Iran va-t-elle planer sur les trois sommets prévus jeudi et vendredi prochains à La Mecque, tandis que Washington alterne les déclarations menaçantes et les appels du pied à l'adresse de Téhéran qui répète sans cesse que le dialogue ne pourra intervenir que dans un contexte de levée des sanctions. Alliée des Etats-Unis, l'Arabie saoudite cherche à isoler davantage l'Iran chiite et elle recourt pour cela aux trois instruments privilégiés de sa politique étrangère, à savoir la réunion des monarques du Golfe (CCG), des chefs d'Etat arabes (Ligue arabe) et des dirigeants des pays musulmans (Conférence islamique). Certes, le sommet de l'OCI était prévu de longue date mais en convoquant les deux autres conclaves, Riyadh a voulu faire d'une pierre trois coups en affichant un soutien aussi large que possible face aux supposées menaces iraniennes à son encontre. Le prétexte était tout trouvé lorsque des navires pétroliers saoudiens ont été endommagés, «de façon mystérieuse», au large des Emirats arabes unis, un acte qualifié d'extrêmement inquiétant par les Etats-Unis qui avaient, entre-temps, expédié un porte-avion, plusieurs destroyers et des bombardiers B52 pour «surveiller» le détroit d'Ormuz par où transitent 35% de la production pétrolière du Moyen orient. Avec la recherche d'un soutien massif, l'Arabie saoudite entend accroître l'isolement de l'Iran dans le monde arabo-musulman tout en anticipant l'aggravation de la menace chiite qui a pris des proportions alarmantes avec l'utilisation de drones par les rebelles yéménites Houthis dans leurs actes de guerre contre Riyadh. Après avoir été latentes durant des mois, suite au retrait américain de l'accord de 2015 sur le nucléaire, assorti d'un durcissement des sanctions par le président Donald Trump, les tensions régionales sont montées d'un cran avec l'attaque, le 12 mai dernier, de quatre navires dont deux tankers saoudiens, au large des Emirats arabes unis, ainsi que la multiplication de tirs de drones par les rebelles yéménites Houthis, soutenus par Téhéran, sur des cibles saoudiennes, dont deux stations de pompage d'un important oléoduc situé non loin de Riyadh. Il y avait eu auparavant les propos de généraux iraniens résolus à fermer le détroit d'Ormuz, raison pour laquelle Trump a finalement accédé aux demandes du Pentagone en autorisant l'envoi de 1500 soldats supplémentaires dans le Golfe. Avec les sommets de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe, le roi Salmane espère obtenir «une position unifiée sur les questions actuelles» dont le bras de fer avec l'Iran représente le sujet principal par rapport aux thèmes du terrorisme, de la question palestinienne devenue subsidiaire pour les royaumes du Golfe et même de l'islamophobie en Occident! Si la présence de l'Iran au sommet de l'OCI semble improbable, les objectifs saoudiens ne sont pas assurés par avance, le Qatar qui a reçu une «invitation» aux deux autres sommets du CCG et de la Ligue arabe ayant plaidé pour un «dialogue avec Téhéran» tandis que Oman et le Koweït s'évertuent à préserver une neutralité que justifient leurs relations consistantes avec l'Iran. Oman qui contrôle avec Téhéran le passage d'Ormuz a des liens solides avec l'Iran tandis que le Koweït dont tout le pétrole est exporté par cette voie ne saurait compromettre sa situation avec une opposition frontale. En outre, Téhéran appuie d'importants mouvements politiques au Liban, en Syrie et en Irak et ces pays ne peuvent l'ignorer. Pour ces raisons et quelques autres, le pari des royaumes du CCG semble quelque peu mal engagé.