« Pas de dialogue avec les gangs », telle est la sentence prononcée par des centaines d'étudiants qui sont sortis, hier, en force à Alger en ce 20ème mardi, pour déloger ce qui reste des symboles du système. Les étudiants ont scandé que l'Algérie n'est «ni l'Egypte, ni le Soudan» revendiquant «Etat civil et non militaire» et une «Algérie libre et démocratique». Les universitaires disent tenir à l'unité du mouvement populaire, en bannissant toute forme de division, qu'elle soit ethnique, régionale ou idéologique. «Les étudiants tous unis, jusqu'au départ du système», n'ont-il cessé de répéter. Les protestataires ont aussi lancé «nous sommes en plein vide constitutionnel, le pouvoir revient au peuple», sachant que selon des juristes, le mandat du président par intérim, Abdelkader Bensalah, est arrivé constitutionnellement à expiration hier mardi 9 juillet. Les manifestants ont marché de la place des Martyrs jusqu'à la place Audin en passant par boulevard Amirouche. Les services de police étaient durant toute la marche en retrait, veillant seulement à réguler la circulation. Tout s'est très bien passé, jusqu'au moment où des policiers en civil sont intervenus pour repousser des personnalités politiques et des membres de la société civile qui se sont mêlés aux étudiants. Les étudiants ont riposté pacifiquement par la voix seulement «des civils parmi nous», «Halte à la répression». Parmi les personnalités qui ont été empêchés de se mêler à la manifestation, l'on cite Benyoucef Mellouk, l'ancien cadre du ministère de la Justice, qui avait fait éclater le scandale des magistrats faussaires et de faux moudjahidine. Ce dernier répétait avec un groupe qui l'accompagnait «les harkis sont au pouvoir». Il y avait aussi des partisans de feu Hocine Aït Ahmed, qui revendiquaient une constituante avant la tenue de l'élection présidentielle. Il y avait aussi des moudjahidine qui réclamaient haut et fort la libération de Lakhdar Bouregâa. Fait nouveau lors de ce 20ème mardi consécutif, les étudiants ont brandi des cartons rouges sur lesquels il était écrit «Non au racisme», «Non au régionalisme», «Non à une presse dirigée et manipulée», « Non à une justice aux ordres». Sur une banderole brandie par deux étudiants, on pouvait lire «Arrêtez votre monologue, l'Elite consciente vous fera un coup de théâtre, libérez Lakhdar Bouregâa et les détenus d'opinion, Non à la répression, On veut une vraie démocratie».