Les étudiants ont marché à nouveau, hier, maintenant ainsi la contestation contre le système politique, en attendant le 20e acte de la mobilisation nationale, ce vendredi 5 juillet, qui coïncide avec l'anniversaire de l'indépendance du pays. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Pour la première fois depuis plusieurs semaines, la marche des étudiants à Alger s'est déroulée dans le calme. A part quelques pancartes arrachées par des agents de l'ordre en civil, le dispositif policier impressionnant déployé dans le centre de la capitale a laissé faire les universitaires, contrairement aux mardis passés où les marches ont été perturbées et les manifestants bastonnés. Hier, les étudiants ont sillonné les rues d'Alger, à partir de la place des Martyrs jusqu'à la Grande-Poste, en passant par le square Port-Saïd, la rue Larbi-Ben-M'hidi, le boulevard Amirouche et la place Audin, sans incident. Les manifestants ont lancé des slogans contre l'instauration d'un Etat militaire en plaidant pour un Etat civil. A travers leurs pancartes et leurs slogans, les étudiants refusent tout régime militaire, en lançant des slogans contre le chef d'état-major de l'armée. Ils disent rejeter toute élection ou dialogue avec les figures du système, notamment le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui. Les étudiants ont exigé, en outre, la libération de tous les détenus d'opinion et des personnes incarcérées pour avoir porté le drapeau amazigh. Ils ont réitéré les mots d'ordre contre la division du peuple et contre le régionalisme. «Tous les citoyens conscients ont le devoir de s'opposer à ceux qui attisent les haines nationales et détournent l'attention du peuple», lit-on sur une pancarte, qui sera arrachée par la police à l'étudiant qui la portait. Sur une autre pancarte, on pouvait lire : «Comme la France a échoué dans sa politique de diviser pour régner, vous allez échouer.» Les manifestants ont demandé également la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ, placé sous mandat de dépôt à cause de ses déclarations sur l'armée pour «atteinte au moral des troupes et outrage à corps constitué». Tout au long de la manifestation, les étudiants, auxquels s'est joint Benyoucef Mellouk, le déclencheur de l'affaire des magistrats faussaires, ont appelé à l'indépendance de la justice. Et pour la première fois depuis le début des manifestations, des slogans consacrés à la députée de Boumerdès, Naïma Salhi, ont été lancés. Les étudiants ont demandé le jugement de cette dernière pour ses propos racistes et l'application de la loi sur son cas. Des avocats ont déjà déposé des plaintes contre elle, sans suite pour le moment. K. A.