Pour le 20ème mardi consécutif, les étudiants occupent les rues de la capitale, Alger et celles de plusieurs autres wilayas du pays pour réitérer leur appel au départ des tenants du pouvoirs et la libération des détenus d'opinion ainsi que celle du moudjahid Lakhdar Bouregâa. Le mouvement des étudiants est devenu une routine hebdomadaire qui ouvre une tribune à tous les étudiants et même à leur parrains pour débattre de la situation actuelle du pays, en vue de chercher des solutions à la crise qui devient plus délicate qu'inquiétante. Avec la fin des examens de fin d'année et le départ de plusieurs étudiants chez eux, le nombre d'étudiants descendu dans la rue est réduit, mais ceux qui sont sortis représentent la majorité avec les mêmes aspirations. Un mouvement intact et fidèle à ses revendications principales. Attachés à leur objectif, les étudiants insistent sur le départ de tous les symboles du système politique en place et rejettent toute proposition de dialogue avec eux, étant contestés par le peuple. Une condition que les étudiants souhaitent imposer aux initiateurs du dialogue avec le pouvoir qu'ils appellent à respecter leur promesse et celle faite au peuple depuis le début de la fronde populaire, le 22 février dernier. Salués pour leur degré de maturité et l'intensité de leur mobilisation, en dépit de la chaleur insoutenable, les passants leurs témoignent leur soutien durant tout le trajet de la manifestation. Les universitaires sont souvent accompagnés lors de leur rendez-vous du mardi par des personnalités publiques réputées, en l'occurrence, Ben Youcef Mellouk,dénonciateur des dossiers des faux Moudjahidine et qui a été mis à l'écart par les autorités en raison de ses accusations portées sur des moudjahidine présumés. Du haut de ses 80 ans, il se joint au mouvement des étudiants et joint sa voix à celle de la nouvelle génération, considérée comme la clé du changement pour le pays. «Algérie libre et démocratique, civile et non militaire», «libérer les détenus d'opinion et le moudjahid Lakhdar Bouregaâ», «Nous sommes tous unis et indivisibles», se sont les principaux slogans brandis par les étudiants pour ce 20ème mardi de marche. Une nouvelle mobilisation placée sous le signe de l' «unité et la justice», insistant sur «la transition politique et l'assemblée constituante». Une échéance qui permettrait, selon Rahim, étudiant en droit à la faculté de Said Hamdine, à Alger d'organiser une élection présidentielle intègre et transparente. Un avis que partage son camarade, Rami qui cherchait de l'ombre pour se protoger du soleil, à la place Maurice Audin. Cette dernière investie dès la matinée par les groupes d'étudiants qui ont afflué bien avant 10h00 au niveau de la Grande-poste avant de s'organiser en cortège. Ce dernier a sillonné les grands boulevards du centre d'Alger, sous la haute surveillance des policiers qui ont bloqué l'accès de plusieurs endroits qui d'habitude accueillaient les manifestants. «Nous ne devons pas céder à la pression et dévier de notre projet et de celui de nos aînés», commente Yousra, étudiante en Histoire, une casquette vissée sur la tête et le drapeau autour de son cou pour se préserver des rayons du soleil. «C'est pénible cette chaleur, mais elle supportable d'autant plus qu'elle est naturelle», estime Yousra, «l'insupportable c'est d'accepter la gouvernance d'un pouvoir tyran», ajoute-t-elle avec un large sourire. L'expression de la détermination se dessine et se lit sur les visages des étudiants qui réaffirment leur position vis-à-vis du pouvoir en place. Ils maintiennent le même rythme chaque mardi et promettent à chaque fois de récidiver jusqu'à ce que leurs voix soit entendues et leur projet se concrétiser.