La revanche annoncée à coups de manchettes dans les médias a été prise par l'équipe d'Algérie, mais que ce fut difficile et crispant ! Il faut dire que le match et la série des tirs au but ont mis les nerfs de tout le monde à rude épreuve, tous les acteurs, aussi bien les joueurs, les staffs, les supporters présents au stade de Suez que les millions devant leurs téléviseurs. On ne peut pas oublier les larmes de Belmadi, d'Atal et de Bounedjah, ce dernier inconsolable malgré les efforts de tous ses coéquipiers, et notamment d'Alexandre Oukidja. Ce match figurera à jamais parmi ceux qu'on citera comme référence, à l'instar de celui d'Oum Dormane en raison de l'enjeu, de son intensité et son dénouement. Car il confirme que le football algérien a retrouvé une équipe nationale qui lui a redonné ses lettres de noblesse, à l'image de celle de 1982 qui a mis à genoux la trop fière Allemagne. Outre une identité de jeu évoquée il y a quelques jours dans ces mêmes colonnes, cette équipe nationale fait preuve d'une ambition qui n'existait pas avant l'arrivée aux commandes de Djamel Belmadi. Ce fut également un débat d'une haute intensité interdit aux cardiaques et aux personnes sensibles qui ne surprendra que les rares profanes en Algérie. En effet, les Ivoiriens, conscients de la valeur du onze algérien, et tout en laissant l'initiative aux Verts, se sont montrés très dangereux, voulant répéter le scénario favorable qui leur a souri face au Mali. Mais ce sont bien nos représentants qui ont ouvert le score au terme d'une belle action collective. Et le fait que les deux principaux acteurs de cette réalisation, à savoir Feghouli servi par Bensebaini, ne soient pas des attaquants, mais respectivement milieu et défenseur, traduit fort bien cette connexion de trois secteurs de l'équipe et son esprit de corps. A la veille du match, le héros d'Oum Dormane Antar Yahia avait lâché une phrase lourde de sens : « Avant, on avait des individualités, aujourd'hui, on a une équipe ! » Cela signifie que les individualités actuelles sont au service du collectif et c'est très important par les temps qui courent. L'une des curiosités de ce débat consistait à voir la réaction de l'équipe algérienne lorsqu'elle encaisserait son premier but depuis le coup d'envoi de la compétition. Aussi, les Ivoiriens s'attendaient à voir un adversaire abasourdi par une situation inhabituelle. Or, les Verts ont continué à pousser comme en témoignent les nombreuses occasions dans la troisième demi-heure et dont les auteurs furent, tour à tour, Bounedjah, Mahrez, Guedioura, Slimani et Ounas. Explication de Belmadi la veille du match : « Mon équipe a des ressources mentales et capable de réagir face à n'importe quelle situation ». Cela s'est vérifié jeudi après-midi face à un adversaire tonique, rugueux et peu regardant sur les moyens. En dépit de la sortie sur blessure d'Atal, la défense a tenu bon excepté sur le but de Kodjia sur une action plein axe que les défenseurs auraient pu contrer avec un minimum de vigilance. Sur le plan tactique, l'équipe nationale a présenté le même schéma directeur, avec l'implication de tous les joueurs dans les zones sensibles, autour du porteur du ballon. La particularité de cette rencontre et qui s'apparente presqu'à une anomalie, c'est qu'ils se sont montrés moins dangereux en première mi-temps, tout en étant dominateurs, tandis que ce fut exactement l'inverse en seconde période où Belmadi a constaté que ses protégés n'ont pas été assez « tueurs ». Il est certain qu'en extrapolant, la dernière demi-heure aurait revêtu une tout autre physionomie si Bounedjah avait transformé son penalty. Le destin a voulu que l'avant-centre de l'EN ne ressasse pas de regrets, la série crispante des tirs au but s'avérant favorable aux couleurs algériennes. A présent, l'urgence est de récupérer au plus vite après cette débauche d'efforts qui risque de laisser des traces face à un autre redoutable rival qui bénéficiera d'une journée de repos supplémentaire. Heureusement, il existe sur place des moyens sophistiqués pour des séances de cryothérapie pour les joueurs qui ont en bien besoin. Car, un autre combat les attend contre des Nigérians sans complexe et forts de l'expérience acquise lors du Mondial 2018 en Russie. Au fait, et pour les inévitables rabat-joies, l'équipe nationale d'Algérie figure en compagnie des trois mondialistes africains. C'est une « remontada » qui fait chaud au cœur des millions d'Algériens. C'est déjà une grande victoire en attendant d'autres, encore plus belles.