À l'approche de la date du 12 décembre 2019, des « contremarches » pro-élection font une plutôt timide apparition dans la rue. Au pire : pour se mesurer aux grandioses marches du Hirak. Au mieux : les faire complètement oublier ?! Ces manœuvres-là testent -à leur manière insidieuse- le pouls de l'électeur, à quelque un mois seulement du scrutin. On y devine ce sentiment jamais innocent mais très puissant d'un pouvoir totalement désemparé qui cherche à disposer de plus de visibilité pour son «projet annoncé» en fanfares. On sent déjà que la gouvernance du pays trouve moult difficultés à passer à une étape supérieure dans la mise en œuvre d'un scénario, un peu trop risqué. Comment faire en un tournemain oublier l'impact du Hirak ? Sinon à l'usure lui substituer des manifestations « improvisées » et parcimonieusement dosées, afin de pouvoir en force avec véhiculer le « point de vue » produit à l'intérieur des officines du pouvoir ? Entre ceci et cela se décidera incessamment à coup sûr l'action toute prochaine du gouvernement. À l'impossible, nul n'est tenu ! Mais la gouvernance de fait du pays ne semble guère s'en soucier ou en faire vraiment cas, préférant défier de front la très sage logique, admise en pareille circonstance, pour tenter de se jouer de tout un peuple qui « gueule à en perdre la voix » en pleine rue chaque mardi et vendredi, depuis près de neuf mois déjà. Dans tout scénario apparemment peu probant ou trop risqué, la panique est souvent de mise. Et plus le jour de sa mise en œuvre approche, plus la tension monte de plusieurs crans. Au mouvement sonore et terrifiant des aiguilles de l'horloge, s'ajoutent les pulsions douloureuses d'un cœur fort inquiet et altéré, au regard de l'échec plus que certain d'une initiative qui s'inscrit manifestement contre le cours des évènements. Ramer à contre-courant de tout un fleuve humain en furie qui risque, dans un mouvement de fronde incontrôlé, de tout faire basculer est une expédition fort dangereuse à engager. Dès lors que le climat général n'est guère favorable ou tout à fait indiqué. On y joue vraiment gros, pour y risquer également beaucoup trop ! De son vivant, Victor Hugo écrivait : « Pour faire une révolution, il faut Le Peuple ! » Mais où est donc le peuple dans le cas qui nous intéresse ici, si au demeurant celui impliqué au sein du Hirak n'en constitue nullement son vrai baromètre et symbole le plus authentique ? Dans le cas contraire, comment donc aller à cette élection contre son gré ? Faire des élections sans le peuple ? Mais à qui profiteront ces élections ? À un pouvoir de fait qui cherche à se maintenir par tous les moyens et contre toute bonne logique, raison valable et bon sens sur un podium qu'il n'a pourtant jamais quitté depuis l'indépendance du pays ? Ou quoi encore... ?! Seule la médiocrité politique peut s'aventurer de manière vraiment aussi aveugle et si intéressée sur un terrain complètement piégé et par trop risqué, tenant compte des données sociétales du moment dont tout indique qu'elles ne permettent nullement un aussi sombre dénouement à une crise très aigue qui se complique jour après jour. Faire la sourde oreille au cri de la rue a un prix à payer. De sa nature et valeur dépendra l'avenir du pays et le devenir de son schéma politique esquissé, en gestation depuis quelque temps. La médiocrité en tête de gondole Face à l'authentique, c'est la copie plutôt fantastique et trop fantomatique qui s'incline. C'est celle inique et très critique, mais peu intime ou illégitime, qui abdique. Et face la vérité, c'est à la rumeur, pourtant ornée de belles couleurs mais qui colporte l'erreur, de s'effacer d'un seul trait, après avoir justement longtemps existé au conditionnel. Le réel chasse manu militari l'illusoire pour confirmer le virtuel. Dans son rituel, il le rend actuel, vraiment très factuel. Souvent usuel, un tantinet sensationnel. Il s'écarte complètement du prévisionnel, du parallèle, et s'inscrit dans la logique du perpétuel pour se loger dans les nombreux plis de l'éternel. Se drapant de cette vérité absolue qui l'absout de tout quiproquo résiduel. Il n'y a de vérité que celle dite entière, de manière sincère, absolue, vérifiable et vraiment quantifiable, plutôt imparable et quasiment implacable. Raison pour laquelle, tout dans la vie s'y identifie. Tout y est rapporté, parfois en aparté, souvent en totalité, en toute propriété, avec une très grande célérité, et pas moins de sérénité, qui défie toutes les logiques si savamment interprétées. Le préambule ci-dessus évoqué a trait à cette « science du possible » faisant du monde de la politique des idées de lumière qui renvoient à leur doctrine pour tracer la voie à des stratégies et programmes en mesure de hisser les Nations aux toutes premières loges des pays développés, et ceux les mieux considérés de la planète. Au cœur de leur analyse et prospective, la Science y est en bonne place. Le Savoir, dans toutes ses composantes, y est, lui aussi, mieux considéré pour supplanter à tout moment les fourberies ou autres flagorneries qui écument ces milieux où se décide l'avenir des sociétés les plus évoluées de notre grand univers. Souvent en de vrais visionnaires, les Maitres incontestés de la politique s'imposent à leur monde en de véritables penseurs et légendaires personnages, auxquels se réfère le citoyen dans son quotidien pour expliquer le présent, en s'appuyant sur le passé à l'effet d'entrevoir avec beaucoup d'entrain son avenir. Car, oublier le passé n'est-il pas trahir le futur ! Que d'illusions pour avoir manqué d'aller vers la bonne solution ! Ainsi se décline et se dessine l'exercice lucide d'une politique bien pensée où l'art de prévoir prend en ligne de compte toutes les projections utiles dans un raisonnement sensé, et à la base très approprié, afin de faire avancer la société vers un monde très prospère et mieux soudé. À contrario, c'est le fiasco qui est visé comme résultat d'une équation impossible à résoudre et des plus difficiles à tenter. Où l'art du mensonge tenté avec parfois plus ou moins de succès, assaisonné à une ruse soutenue et bien contenue dans un discours trompeur et très charmeur, remplace au pied levé cet art du possible reconnu au monde de la politique de bon aloi et de bonne foi. Des « contremarches » pareilles qui interviennent, près de neuf longs mois après des manifestations très régulières d'un hirak infatigable qui n'a jamais baissé pied ni guère douté de son vaillant combat, soit à la veille d'un scrutin des plus incertains, ne peuvent manifestement que réveiller de vieux démons. Le résultat recherché n'est-il pas de faire diversion ou d'installer le doute dans l'esprit citoyen ? Ces manœuvres sournoises, d'un autre âge, œuvres macabres du système du parti unique d'antan dans sa position hégémonique, auront peu de chance d'atteindre le moral citoyen, aujourd'hui vacciné contre toutes ces vieilles pratiques d'un régime inamovible qui n'ont jamais quitté la scène politique nationale ou encore débouché sur un quelconque résultat positif. À vouloir coûte que coûte passer en force, on est à l'approche de cette « hypothétique » consultation, comme finalement rattrapé par cet acquis de conscience subit ou soudain, aux conséquences inconnues, au sujet de l'issue « déjà compromise » d'un scrutin des plus incertains, après le cinglant revers qu'ont connu les deux précédents. Trop d'inconnues constituent incontestablement ou obstruent manifestement le cadre général de ces élections du 12 décembre prochain. Le plus navrant dans cette si étrange « expédition » est que les cinq candidats retenus pour cette élection se revendiquent tous du Hirak ( ?!), après avoir longtemps fait partie des meubles et bagages du système et vanté à tue-tête le programme de Bouteflika. Ils déballent tous avec beaucoup de fantaisie et non moins d'hypocrisie ces trop sombres discours politiques qui n'ont désormais plus cours. Ils font dans le stupide bide de la parole insipide qui remue incidemment dans le profond vide. Ils s'accrochent à de semblants d'anicroches sociétales pour encore une fois rater le coche face à un défi aussi sérieux que celui qui concerne l'avenir du pays. Ils s'identifient autant que faire se peut à tous ces égarements d'apprentis sorciers d'hommes providentiels qui s'attaquent de front très maladroitement à tous les défis auxquels fait face le citoyen algérien. Ils font fi dans leur analyse et stratégie des règles les plus élémentaires dans leurs commentaires et autres argumentaires d'approches du phénomène étudié ; chose dont se méfient à outrance tous les initiés à la politique. En grands serviteurs du régime et petits valets du système, très connus maraudeurs et peu crédibles laudateurs d'hommes de main du pouvoir, ils tentent de reprendre en main ce que la rue à mis à profit dans un combat très civilisé et des plus inédits entre une « Sylmia » qui a déjà fait ses preuves et une gouvernance qui s'accroche au pupitre à travers le truchement de ces « recettes politiques » les plus désuètes. En fin connaisseur de ces anciennes pratiques d'un pouvoir qui éprouve d'énormes difficultés à suivre la Science dans ses grandes découvertes et récentes innovations, le citoyen désormais accro à son portable et autres échos de la foule tente de mettre à profit cette défaillance du régime pour sérieusement le contrer dans son propre jeu et le prendre en défaut. Tout se joue désormais très serré. Entre un pouvoir vraiment acculé dans ses tout derniers retranchements, mais résigné à se recycler à travers une « élection sur mesure » pour faire dans ce pur « formalisme » démocratique qui manque tant à son registre peu étoffé, et un Hirak qui boude cette même élection-alibi, de peur d'être encore une fois leurré ou dupé, comme toujours ou de tradition, dans ce jeu politique réglé comme une horloge, où le pouvoir s'en est toujours sorti à bon compte sinon à moindres frais. Et qu'en est-il alors de cette démocratie tant chantée ? « Il est possible qu'aucun régime politique ne soit parfait, mais la démocratie restera toujours celui le moins mauvais. » (*) Le pouvoir fait de la très souveraine démocratie son cheval de bataille préféré. Mais dans les faits, il agit sans vraiment -le moins du monde- tenir compte de ce principe cardinal. Il ruse à la manière dont il a toujours osé faire pour se défaire de ses adversaires, et finalement à tous les coups réussi par faire admettre, en s'appuyant sur de faux-fuyants et autres stratagèmes, son seul point de vue. Et pour paraphraser Victor Hugo et Albert Camus plus haut cités : en s'écartant du Peuple, les partisans d'une élection encore si puissamment ancrée dans son « moule traditionnel » réalisée, en plus, avec le concours des mêmes hommes du pouvoir qu'autrefois, ne peuvent finalement produire ni la démocratie tant souhaitée, ni le régime parfait longtemps espéré. (*) - Citation d'Albert Camus (Cf. encyclopédie des 7777 excellentes paroles et sagesses mondiales Beyrouth- Liban- Librairie moderne éditeurs)