Les étudiants ne désarment pas. Tout comme les semaines précédentes, des jeunes universitaires accompagnés de nombreux citoyens, tous âges confondus, sont descendus dans la rue pour manifester, à travers plusieurs wilayas du pays. Et ce, pour exiger le respect au droit de manifester, de s'exprimer mais surtout de laisser le peuple choisir sa destinée et bâtir son pays. «Laissons-nous bâtir notre pays que vous avez détruit» pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un des manifestants, à la place des Martyrs, le point de départ de la 48ème manifestation estudiantine. Cultivant à leur manière la culture de dialogue, les manifestants ont, à travers le débat organisé habituellement, avant le début de la marche, près de la bouche de métro de la place des Martyrs, insisté sur la nécessité de soutenir davantage les détenus du Hirak', et surtout dénoncer les arrestations qui se multiplient au fil des manifestations. Pour rappel, une vingtaine de manifestants ont été arrêtés vendredi dernier, dans la matinée, à Alger, puis «remis en liberté provisoire» en attendant leur procès prévu le 9 février prochain. Certains parmi les manifestants ont appelé à la tenue d'une marche «grandiose» de la place des Martyrs à la prison d'El Harrach pour exiger la libération des détenus. D'autres ont appelé les manifestants à occuper les rues et les espaces publics dès la matinée du vendredi pour éviter les arrestations. Pour certains, la démocratie se construit par des réponses politiques justes aux aspirations des citoyens, par des mesures d'apaisement et par l'ouverture du champ médiatique et politique aux voix opposantes et non pas par les arrestations et la répression policière. Les principaux slogans scandés par les manifestants étaient «système dégage, les étudiants s'engagent» , «une transition démocratique», «on a dit que l'Issaba part, soit nous ou vous», «rappelez-vous , Abane Ramdane a laissé un conseil, un état civil et non militaire» ou «nous sommes les enfants d'Amirouche , on ne va pas s'arrêter». Un déploiement des forces de l'ordre a été constaté vers les coups de 14 h, à quelques mètres de la Faculté centrale. Les services de sécurité ont dressé un cordon sécuritaire visant à empêcher la progression des manifestants vers la Grande Poste d'Alger. Les manifestants se sont montrés lucides, et se sont dirigés vers une ruelle limitrophe avant de se disperser dans le calme, préservant ainsi le caractère pacifique de leur manifestation. «Libérez les prisonniers, ils n'ont pas vendu la cocaïne» ou «Libérez les détenus, libérez le pays» sont des slogans entonnés depuis des mois, et lors de chaque manifestation. Les manifestants ont appelé à la libération de Karim Tabbou qui se trouve, depuis septembre dernier, à la prison de Koléa, et dont sa détention provisoire a été prolongée de quatre mois. D'autres ont appelé à la libération de Samir Belarbi et Fodil Boumala ainsi que d'autres qui sont toujours en prison. Les manifestants ont également exprimé leur solidarité avec l'étudiant Mohamed Amine Benalia qui a été condamné, dimanche dernier, par le tribunal de Biskra à 18 mois de prison ferme.