La Cour d'Alger a repris, dimanche après-midi, les audiences du procès des accusés impliqués dans les deux affaires relatives au montage automobile et au financement occulte de la campagne électorale pour la Présidentielle d'avril 2019, et ce après le rejet de la demande introduite par le collectif de défense, relative à la non compétence et à la jonction des deux affaires. Le Collectif de défense des deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia a invoqué des exceptions de procédure pour demander à ce que leurs mandants soient jugés au niveau de la Haute Cour de l'Etat (non encore créée), et ce conformément à l'article 177 de la Constitution, lequel stipule que cette Cour "est instituée pour connaitre des actes pouvant être qualifiés de haute trahison du président de la République, des crimes et délits du Premier ministre, commis dans l'exercice de leur fonction". Dans le même sillage, le Collectif de défense des autres accusés dont des ministres, d'anciens cadres du ministère de l'Industrie et des hommes d'affaires ainsi que l'accusé Fares Sellal a, également, invoqué des exceptions de procédure pour l'abrogation de la décision de jonction des deux affaires (montage automobile et financement occulte de la campagne électorale). Les deux anciens Premier ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont rejeté en bloc, devant le président de la 1ère Chambre pénale de la Cour d'Alger, les accusations retenues contre eux. Lors de son audition, Ahmed Ouyahia a rejeté toutes les charges retenues contre lui en déclarant "Je n'étais pas dirigeant mais simple exécuteur du programme du président de la République adopté par le Parlement. J'appliquais les lois de la République". "J'ai servi l'Etat et je ne me suis rendu coupable d'aucun abus de fonction, je n'ai reçu ni pot de vin ni je n'ai blanchi de l'argent", a-t-il ajouté admettant "avoir oublié de déclarer quelques biens", et qu'il "ne s'agit pas là de fausse déclaration". Rejetant à son tour les accusations retenues contre lui, Abdelmalek Sellal a déclaré "en ma qualité d'ancien Premier-ministre, ma mission consistait, sur le plan légal, à mettre en oeuvre le programme du président de la République, adopté par le Parlement, et dont le premier responsable est l'ancien président de la République qui devrait comparaître comme témoin dans cette affaire". Ce procès intervient suite à l'appel interjeté par le Parquet et le collectif de défense contre le verdict prononcé, le 10 décembre 2019, par le Tribunal de Sidi M'hamed, condamnant, notamment, les anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia à une peine de 15 ans de prison ferme assortie d'une amende de deux (2) millions de DA, avec confiscation de tous ses biens, et Abdelmalek Sellal, à une peine de 12 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un (1) million DA. Auparavant, le tribunal de Sidi M'hamed avait prononcé la privation d'Ouyahia de ses droits civils et politiques et la saisie de tous les revenus et biens acquis illicitement. Dans la même affaire, l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb (en fuite à l'étranger) a écopé par contumace d'une peine de 20 ans de prison ferme assortie d'une amende avec émission d'un mandat d'arrêt international à son encontre. Les anciens ministres de l'Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda ont également écopé d'une peine de 10 ans de prison ferme chacun. A été condamnée également l'ancienne ministre et wali Nouria Yamina Zerhouni à une peine de 5 ans de prison ferme.