Comment peut-on croire qu'on peut utiliser politiquement la pandémie du coronavirus pour mater le «Hirak» ? Seul un comportement irrationnel tomberait dans le panneau. Ainsi que les parties qui auraient planifié toutes leurs ambitions politiques sur ce mouvement populaire et qui craindraient une démobilisation des troupes au moindre retrait des masses de la rue, aussi temporaire soit-il. Peut-être que les circonstances de cette pandémie mondiale, qui vont inéluctablement imposer la fin de tous les rassemblements, par tous les moyens, tombent mal pour certains, mais il est des imprévus qu'il faut accepter et avec lesquels il faut faire. Plusieurs opposants intransigeants sur le plan du respect des libertés individuelles et collectives, réputés également défenseurs acharnés des principes démocratiques, ont compris et admis qu'il est temps de marquer un répit face à la menace coronavirus, ainsi que des organisations estudiantines, qui ont annoncé mardi 17 mars, à travers un communiqué, la suspension de leur participation aux marches de mardi et de vendredi, dans un souci de préserver «l'intérêt suprême du pays» du fait de l'expansion du coronavirus (Covid-19), alors que d'autres, ceux qui distillent cette accusation contre le gouvernement derrière un écran, à l'abri dans leurs salons, tentent de maintenir la pression de la rue pour arriver à leurs desseins quel qu'en soit le prix. Le constat est affligeant au bout des rivalités politiques, ridicules quand la situation recommande l'adhésion de toutes les parties à une politique de sauvegarde du pays. Ainsi, malgré les appels à une application stricte des mesures préventives édictées par l'OMS et la mise en œuvre officielle d'un plan d'urgence graduel, l'Algérie peine à trouver ses repères dans la lutte contre la propagation du coronavirus, notamment à cause de ces marches périodiques (le vendredi et mardi) qui défient le bon sens. Les autorités tentent vainement dans ce cadre incohérent d'être en avance sur la propagation de la maladie, en s'inspirant de l'expérience d'autres pays qui se sont retrouvés, après un passage par cette insouciance « délictuelle » de la population, face à une situation catastrophique. On ferme les établissements scolaires, les universités, les lieux de loisirs et les stades, mais la rue reste, elle, théâtre de manifestations massives et les fidèles continuent d'accomplir leur prière devant des mosquées aux portes fermées, en affirmant qu'il n'y a pas de coronavirus (pareilles scènes de fidèles accomplissant la prière devant des mosquées fermées ont été vues hier) !? C'est une insubordination clairement affichée. Ne sait-on pas que le gouvernement a, maintenant plus que tout autre temps, toute la légitimité pour réprimer de tels comportements irresponsables qui nuisent à la communauté nationale ? Comme d'autres comportements, tout autant irresponsables et nuisibles, telle la spéculation sur les produits antiseptiques, les masques et autres razzias sur les surfaces commerciales, qui montrent, ceux-là, la psychose qui s'empare de la population face à une menace de propagation du coronavirus, réellement ressentie à ce niveau collectif. Une « double face » étonnante de la population face à la pandémie du coronavirus, qui requiert un traitement réglementaire strict afin de remettre les choses à leur place et éviter le pire.