«Il faudrait aller immédiatement à cette décision de mettre en confinement total, dans des conditions strictes, toute la population algérienne», a préconisé hier Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), qui était l'invité de la chaîne 3 de la radio algérienne. «De façon graduée mais aussi de façon organisée», ajoute Dr Merabet, pour «absolument arriver à limiter au maximum les déplacements non nécessaires des personnes dans toutes les régions du pays». Pour le président du SNPSP, «on est en train d'apprendre de tout ce qui a été fait ailleurs» notamment en «Chine, Corée du Sud et au Japon». C'est cette «décision sanitaire qui a permis de ralentir la courbe» des infections au coronavirus dans ces pays, explique-t-il. Merabet préconise également, comme mesure d'accompagnement, «un dépistage le plus large possible pour les cas suspects et les personnes qui présentent des symptômes». L'intervenant estime que «l'exemple chinois est à suivre». «Les Européens sont en train de profiter de l'expertise chinoise en la matière», ajoute-t-il. A propos des capacités de l'Algérie à faire face, en particulier les moyens dont dispose l'Institut Pasteur, Dr Merabet affirme que «malheureusement cette crise sanitaire majeure a levé le voile sur une situation qu'on connaît en tant que professionnels de la santé. Cela fait des années que nous disons que notre système de santé est en mauvaise situation, que les réformes qui ont été engagées n'ont pas été suffisantes et que le volet politique n'a pas accompagné ces réformes depuis une dizaine ou une vingtaine d'années. Aujourd'hui on est en train de découvrir ce que nous, professionnels de la santé, nous connaissions depuis longtemps». Par ailleurs, et face à cette pandémie, laquelle selon lui risque de s'étendre dans de larges proportions, Merabet a pointé du doigt la «pénurie» de consommables (masques et lunettes de protection, gants, désinfectants, et autres tenues de protection pour les personnels chargés de traiter les malades). Le docteur Merabet a invité les citoyens à suivre les procédures de prévention employées par les pays qui ont souffert le moins de cette pandémie. «Il faut qu'on prenne exemple des situations d'autres pays tels que la Chine, la Corée du Sud et le Japon, car les décisions sanitaires leur ont permis le ralentissement de la courbe en termes de cas signalés ou nouveaux cas enregistrés». «Même si on est au stade 2, il ne faut pas que ça soit à l'italienne ou à la française, ou en Espagne. Il faudrait prendre des décisions par anticipation parce que, tout simplement, nous n'avons pas les mêmes moyens. Et notre système de santé n'est pas aussi performant que ceux de ces pays, ni les mêmes possibilités financières, ni les mêmes compétences dans la gestion de ces crises majeures».