Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) dénonce un dysfonctionnement dans la mise en œuvre du Plan national de prévention contre le coronavirus, une lenteur dans la prise des décisions et un manque de moyens. Selon le Dr Lyes Merabet, les masques de type FFP2, destinés aux personnels de santé, sont indisponibles dans nombre de structures de santé publiques. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le personnel de la santé est le plus exposé au coronavirus. Le port des masques de type FFP2 demeure, pour cette catégorie, indispensable. Il est question de permettre à ces professionnels de la santé publique d'exercer dans la sérénité, pour faire face à cette maladie. Seulement, ces fameux masques n'ont pas encore été mis à leur disposition. Selon le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), les structures hospitalières et de santé de proximité ont reçu «en urgence», au départ de la propagation du Covid-19, une quantité limitée qui a été vite épuisée. «Aujourd'hui, ces masques recommandés par l'OMS pour les professionnels de la santé ne sont pas disponibles, ou le sont en toutes petites quantités», a-t-il dit hier, à Alger. Il cite ainsi le cas de la wilaya de Blida, foyer de l'épidémie, où, précise-t-il, le personnel est exposé à ce virus sans masques. «Si le personnel de santé est infecté, il va automatiquement propager le virus», a-t-il averti. Une «pénurie» qu'il incombe à la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux) qui n'a pas encore distribué les masques FFP2. «Cela fait des jours que la PCH attend la directive du ministère de la Santé pour la répartition des masques», déplore-t-il. Outre les masques de type FFP2, le Dr Lyes Merabet affirme que même les gants, les lunettes, les sur-blouses, les produits désinfectants et les produits de nettoyage de surface font eux aussi défaut. «Nous n'avons aucune information concernant les stocks disponibles auprès de la PCH.» Il rappelle à cet effet que l'Algérie a déjà eu à gérer, il y a quelques années, la grippe H1N1 à travers la mise en place d'un plan d'action d'urgence. «Douze ans plus tard, nous sommes en train de ramer sans moyens, avec un manque de coordination pour la gestion de cette crise», dit-il. Le président du SNPSP assure également que le système de santé actuel ne saura pas faire face à une propagation du coronavirus car «nos moyens en services de réanimation sont très réduits. Nous avons un manque énorme en respirateurs artificiels». Il a appelé ainsi à mobiliser le secteur privé et à impliquer, en cas de nécessité, la santé militaire. Soulignant l'inquiétude des professionnels de la santé, le Dr Merabet a insisté sur la nécessité de réussir le plan d'action car, explique-t-il, «la situation va évoluer et il va y avoir d'autres cas de contamination, ce qui permettra d'atténuer les retombées de cette situation de crise sanitaire qui est assez grave, et d'éviter ce qui s'est passé dans certains pays européens». Il a également plaidé pour le confinement. «Il faut penser au confinement de certaines localités, notamment dans la wilaya de Blida», dit-il, avant de conclure : «Notre salut est dans la réussite du plan d'action préventif.» Ry. N.