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Le bus «A» d'Oran et la parabole de l'anticonformisme
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 04 - 2020

Il est toujours naturel que le particularisme d'une individualité s'exprime à l'inverse de la parole et des actes de la multitude majoritaire. La question est de savoir si cette distinction est la marque d'une marginalisation activement recherchée, protestataire et soucieuse d'une liberté individuelle, ou celle d'un rejet de la multitude à son égard.
De cette réponse dépendra alors l'avis que l'on portera sur la marginalisation. L'honneur de sa mise à l'écart volontaire ou de l'esprit de contradiction systématique conduisant à une impasse de l'entité recluse dans son isolement ?
Il fut une époque où l'enfant se posait de curieuses questions à Oran. Nous ne sommes pas sûrs que les adultes en aient eu une réponse, ils avaient atteint un âge où la question naïve pouvait ruiner leurs certitudes et l'opinion qu'avait la société sur cette certitude. Nous traversions tous les jours une grande avenue, en aller-retour, pour rejoindre la petite école de Maraval. Et par cette avenue passait une ligne de bus, une intrigue pour nos pensées d'enfants, le fameux bus A.
Pourquoi cette fascination pour la ligne A ? Les bus d'Oran avaient un itinéraire qui les faisait aboutir à la même destination pour la quasi-majorité d'entre eux. Ils partaient du fond des faubourgs d'Oran pour se terminer et se confondre en un même point sous le regard des majestueux lions de la place d'armes.
Et même si la ligne 6 du trolleybus (l'ancêtre du tramway) ne déversait pas le même point et allait au-delà, elle prenait néanmoins un axe Sud-Nord, des faubourgs vers la mer. Le tout faisant un traçage qui ressemblait à un cadran solaire recouvrant la ville sur 180 degrés puisque la mer faisait frontière pour les 180 autres.
Il y avait pourtant un irréductible, le bus A, qui traversait la ville à l'horizontal et ne se mêlait pas aux autres. Même ses chauffeurs ne pouvaient boire un café pendant la pause au même kiosque ou au même bistrot de rendez-vous de la TUO (Transports Urbains Oranais), soit le café du Théâtre et ses célèbres tables de trictrac au bruit fracassant des palettes qui cognaient sur le bord de la petite caisse en bois.
Mais lorsqu'on se singularise à ce point, il faut avoir le courage de ses positions. Le bus solitaire en avait car il ne portait pas un numéro comme les autres mais une lettre, le fameux A. Il arborait donc fièrement sa différence, sur son front, à la vue de tous. Il le portait avec l'honneur de ceux qui veulent montrer la marque de leur courageuse originalité c'est-à-dire par son parcours et son nom, tous les deux iconoclastes. Nous ne comprenions pas pourquoi cette énigme, pourquoi cette différence surprenante et personne n'arrivait à nous en donner une explication. Peut-être parce qu'il était plus prudent de ne pas expliquer les comportements de ceux qui ne suivent pas l'orthodoxie et l'ordre établi.
C'est avec l'âge que nous avions compris. Ce qui nous paraissait marginal et curieux était en fait notre manque d'habitude de constater l'originalité des parcours individuels, la distanciation et le refus de se soumettre à l'ordre établi, la conscience que la liberté est d'abord celle de l'individualité.
Ce bus A, finalement, il nous intriguait pour une raison que nous ne percevrions qu'au lycée, à un âge plus mûr, soit le sentiment d'être marginalisé dans une société qui imposait l'uniformité des pensées et des comportements. Nous avions enfin compris que ce bus A, c'était nous, dans sa marginalité comme dans sa liberté de transgression. La suite de l'histoire nous a montré combien nous avions payé cher cette liberté.
À la question posée au début de notre propos, nous pouvons y répondre maintenant. Ce n'est pas la multitude qui a banni le bus mais lui qui avait pris sa liberté de fuir le conformisme qui rend esclaves ceux qui n'ont pas le courage de le combattre. Nous sommes partis et nous n'avons jamais su ce qu'il est advenu de ce bus, le premier combattant pour la liberté.


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