Les récentes décisions du gouvernement concernant la distanciation sociale et surtout la peur d'être contaminé par le Covid-19 ont poussé les gens à adopter de nouvelles normes sanitaires au quotidien. Ces nouvelles règles de vie ont chamboulé à la racine le travail des commerçants de tous les produits dits essentiels à la vie des ménages et a donné lieu à la réapparition de vendeurs informels de fruits et légumes dans des endroits différents de la ville. Ce qui est expliqué par beaucoup de marchands ambulants par deux facteurs clés. La première est la peur des gens de se retrouver dans des endroits commerciaux exigus et ainsi augmenter les risques de tomber malade et, d'un autre côté, de nombreux vendeurs qui avaient des étals dans des marchés et ont été sommés de quitter les lieux sont obligés de subvenir aux besoins de leur familles. Dans ce sillage, Nouba, la quarantaine dont plus de la moitié passée sur les marchés d'Oran, déclare «je suis obligé de faire comme cela sinon mes enfants vont mourir de faim. Je fais mes courses, comme auparavant, au marché de gros et j'ai choisi ce coin de rue à Aïn El Beïda pour m'en sortir du chômage». Sur le même registre, Nabil a quant à lui choisi de parcourir les cités à grande concentration d'habitation et surtout les nouvelles cités AADL qui ne disposent pas de marchés pour vendre à la criée des produits frais. «J'ai passé plus de 10 ans au marché des Amandiers, j'avais un étal sur le trottoir, j'ai dû m'adapter à cette nouvelle situation en attendant des jours meilleurs et m'intégrer dans le circuit officiel du commerce de fruits et légumes, seule chose que je sais faire». D'autre part, beaucoup de citoyens fuient les espaces fermés et beaucoup fréquentés pour d'autres moins bondés ou carrément en plein air comme c'est le cas pour les fruits et légumes. Les acheteurs jettent leur dévolu, ces derniers temps, sur les vendeurs informels de ces produits frais qui ont fait leur réapparition un peu partout au coin de rues ou sur les abords des grandes artères. Pour beaucoup, comme Abderrezak un fonctionnaire: «je m'approvisionne en fruits et légumes chez les marchands de rue, cela m'évite de me retrouver dans un magasin plein à craquer de monde en ces temps de coronavirus. Je sais que j'encourage un peu ce genre d'activité illégale mais à mon avis c'est plus sûr qu'un magasin ». Pour Rachida, une femme au foyer: «je fais mes courses depuis quelques jours chez ce marchand de fruits et légumes qui propose des légumes frais. Il affiche des prix qui sont abordables au vu de ceux qui sont affichés dans les magasins de quartier, je suis ravie surtout que deux de mes enfants sont actuellement sans travail et je dois faire très attention à mon maigre budget journalier». Pour rappel, fin mars, et dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus et la prolifération du commerce informel, près de 750 étals et tables ont été démantelés au niveau des marchés informels de Haï Es-Sabah, les Amandiers, Eckmühl, Gambetta, les Mimosas, la Bastille... Ces lieux de regroupement de centaines de personnes sont devenus un risque potentiel pour la propagation de la maladie. Dans ce cadre, 132 commerçants ont été transférés au marché couvert à Eckmühl et 200 au marché couvert de Haï Es-Sabah. Une grande opération de désinfection a été aussi organisée au niveau de ces lieux. Avant le lancement de cette opération d'éradication, des campagnes de sensibilisation ont été organisées au profit des marchands illicites qui squattaient les trottoirs pour les inciter à regagner les marchés couverts.